L'actualité des langues de Provence

 


2006

 

2004

 

 


Un plan académique pour développer l'enseignement du provençal

Lors de la dernière réunion du conseil académique des langues régionales de l'académie d'Aix-Marseille, le recteur Jean-Paul de Gaudemar a rappelé sa volonté de donner dans l'académie toute sa place à l'enseignement du provençal comme langue à part entière. I1 a souligné l'importance de la qualité de l'enseignement, de la continuité des cursus (du primaire jusqu'au bac) et de la cohérence d'une carte de cet enseignement sur toute l'académie. L'accent sera ainsi porté sur les départements alpins, mais la volonté du recteur est de privilégier des secteurs clairement reconnus, où un long cursus sera possible, qu'un émiettement de l'offre. D'ores et déjà, le rectorat annonce une progression du nombre d'élèves en provençal: + 14 % en collège et + 5 % en lycée par rapport à 2004-2005.

M. de Gaudemar a souligné son attachement à la mise en valeur de la richesse des langues romanes. L'idée d'un lexique des langues romanes a ainsi été lancée, en partenariat avec le Centre régional de documentation pédagogique.

(L'Eime Prouvençau N°66, été 2006)

 

Enquête sur les langues régionales lors du recensement de 1999

Plus que 100.000 locuteurs de provençal ?

La langue prouençale apparaît plus que jamais menacée, selon les résultats de l'enquête réalisée lors du recensement de 1999. Elle n'est pas pour autant résiduelle, et sa situation varie selon les lieux. Ces résultats ne font que souligner la nécessité d'enseigner le provençal.

Lors du dernier recensement général de la population française en mars 1999, un questionnaire "histoire familiale" (EHF), a été remis à un échantillon de 386600 personnes. Trois des vingt- deux groupes de questions qu'il comportait, étaient relatifs aux pratiques linguistiques des informateurs. Ceux-ci étaient interro gés sur les langues dans lesquelIes leur parlaient leurs parents lorsqu'ils étaient enfants, celles dans lesquelles ils ont parlé à leurs propres enfants, et sur I'usage éventuel d'autres langues que le français dans leurs discussions avec des proches.

En Provence, 20.106 personnes ont répondu à cette enquête (soit 0,44 % de la population). Il en ressort (par extrapolation des résultats à l'ensemble de la population provençale) que plus de 264500 personnes ont entendu leur père (et 208180 leur mère) leur parler provençal lorsqu'ils étaient enfants. Mais moins de 45000 d'entre eux ont fait de même avec leurs propres enfants. Et, globalement, les Provençaux seraient moins de 100000 à utiliser leur langue ancestrale pour discuter avec des proches. En Provence, ce sont quatre langues qui se détachent (si l'on excepte l'anglais, qui est dans une situation particulière non liée à la transmission) : ce sont dans l'ordre l'italien (2,63 % des personnes interrogées déclarent l'utiliser parfois pour discuter avec des proches), l'espagnol (2,38 %), l'arabe (2,2 %) et le provençal (2,2 %°). Les écarts sont un peu plus marqués dans l'agglomération marseillaise, où 1,64 % des habitants utiliseraient parfois le provençal (30522 personnes), 2,96 % l'arabe (55088), 2,59 % l'italien (48202), 2,4 % l'espagnol (44666) et 1,52 % le corse (28288).

Une transmission familiale en net recul.

6,62 % des personnes ont entendu parler provençal par leur mère, 5,87 % par leur père et 0,98 % l'ont parlé à leurs enfants de façon habituelle. Le provençal est la langue dont l'usage des parents vers les enfants a été le plus élevé au cours du XX° siècle par rapport à l'ensemble des langues autres que le français. Suivent l'italien et autres variétés linguistiques italiennes (conséquence d'une forte immigration italienn en Provence entre 1850 et 1950), l'arabe, l'espagnol et, moins représenté, le corse. On tombe ensuite à des taux de déclaration beaucoup plus bas (inférieurs à 1 %). Les usages parents-enfants déclarés par les parents atteignent des proportions beaucoup plus basses : moitié moins de déclarations au total. Le provençal arrive en 2ème position (0,98 %), après l'arabe (1,23 %) et devant l'espagnol (0,81 %) et l'italien (0,79 %). Mais l'écart entre l'héritage liguistique reçu et celui qui est transmis à ses propres enfants est le plus marqué pour le provençal et l'italien (81 % de déperdition), contre 71 % pour l'espagnol et 59 % pour l'arabe. On observe une présence sociolinguistique certaine du provençal accompagnée d'une certaine disqualification sociale et d'une forte érosion des usages parents-enfants. Autre point à noter : les locuteurs de provençal sont pour l'essentiel des Français (95 %) nés de parents eux-Même nés en France (90 %). Ce qui signifie aussi que 5 % des locuteurs de provençal n'ont pas la nationalité française et 10 % sont issus de parents nés à l'étranger ! S'agissant des différentes variétés de la langue proveçale, on relève que les pratiques déclarées du provençal alpin sont fortement liées à des facteurs sociaux et géographiques locaux. Les pratiques déclarées du provençal dans le reste de la Provence le sont beaucoup moins. Une forte proportion d'agriculteurs l'utilise et cela reste une langue rurale mais ces caractéristiques sont moins marquées que dans d'autres régions (Bretagne et Normandie). Il n'en reste pas moins qu'il y a des zones où l'on déclare davantage de pratiques du provençal que d'autres.

(L'Eime Prouvençau N°65, janvier-février 2006)

 

Turin 2006 a parlé "a nosto modo

Le provençal alpin a eu droit de cité à la cérémonie d'ou- verture des XXèmes Jeux olympiques d'hiver à Turin, puisqu'on a pu entendre une strophe du chant Aqueli mountagno au cours de ce tres beau spectacle, le 10 février. On a aussi pu voir des danseurs en costumes traditionnels des vallées alpines, et c'est la champlonne de ski Stefania Belmondo, originaire du Val Stura et locutrice de provençal alpin (elle parle a nosto modo, comrne on le dit dans le Piémont), qui a ete designee pour allumer la vasque olympique. I1 faut en effet savoir que 1'essentiel des competitions (en dehors des sports de glace) s'est deroule dans des vallées de langue provençale (Val Chisone et haute vallée de Suze). Les associations provençales se sont d'ailleurs mobilisées pour mettre en valeur cette specifi cité à l'occasion de cet événement mondial (spectacles, publications). Prouvènço-Prèsso s'y est associée en créant un site internet dédié aux Jeux olympiques dans les vallees provençales du Piémont. Y sont presentes les sites olympiques situés dans l'aire linguistique du provençal alpin, les sports, des textes littéraires en provençal alpin du Pièmont, la carte des JO d'hiver et bien sûr des liens avec d'autres sites web, qu'ils soient olympiques ou dédiés à la culture provençale de l'autre côté des Alpes. (http://prouvenco.presso.free.fr/Jodeturin.htrnl).

D'autres initiatives, mises en œuvre par le mouvement occitan, ont été dénoncée par la Consulta Provenzale, en raison de leur caractère globalisant.

(L'Eime Prouvençau N°65 janvier-février 2006)

 

Pèr lou respèt de la diversita de la lengo prouvençalo, lengo poulinoumico

A l'occasion de l'assemblée générale de l'Unioun Prouvençalo, qui s'est déroulée le 21 septembre 2002 à Briançon, l'Unioun Prouvençalo Transaupino, qui regroupe les associations culturelles provençales des deux versants des Alpes, le collectif Prouvènço et la Consulta Provenzale ont adopté une déclaration commune, qui reconnaît le caractère polynomique de la langue provençale.

C'est le sociolinguiste Jean-Baptiste Marcellesi qui a défini cette notion, tirée de la situation corse dont il est spécialiste. Pour lui, le concept de langue polynomique s'applique à des "langues dont l'unité est abstraite et résulte d'un mouvement dialectique et non de la simple ossification d'une norme unique, et dont l'existence est fondée sur la décision massive de ceux qui la parlent de lui donner un nom particulier et de la déclarer autonome des autres langues reconnues".

Or, précisément, "aucune variété de la langue provençale n'a jamais été la langue officielle d'un État" et "aucune variété ne peut être considérée comme la variété historique de référence de la langue provençale dont les autres variétés seraient des "dialectes", relève la "Déclaration de Briançon". En fait, "la langue provençale est une dans sa diversité et son existence est fondée sur la décision massive de ceux qui la parlent de l'identifier sous un nom particulier". Ainsi, Frédéric Mistral, principal artisan de la graphie moderne de la langue provençale, a pris soin que "cette règle puisse s'adapter à toutes les variétés" et "a toujours encouragé tout auteur écrivant et s'exprimant dans la variété de la langue provençale de son terroir".

Considérant que "la disparition de toute variété de la langue provençale serait une perte irremplaçable", les mouvements provençaux "affirment que la langue provençale est une langue polynomique dont les variétés sont d'égale valeur, que chacune de ses variétés est l'expression de la langue provençale sur son aire géographique et dans la société, que la pleine dignité donnée ainsi à chaque variété de la langue provençale confirme qu'il n'y a aucune hiérarchie entre ces variétés".

De ce fait, conclut la Déclaration de Briançon, "toute action visant à imposer une norme unique pour le provençal est contradictoire avec l'esprit de pluralisme qui anime" les mouvements signataires, qui rejettent, comme "sources d'appauvrissement", "toute action ou idéologie linguistique unicisantes".

Un Livre blanc pour l'avenir des langues provençale et niçoise

Les langues provençale et niçoise sont bien vivantes, à l'image de la culture qu'elles portent. Elles bénéficient de l'attachement que leur vouent les habitants de toutes origines de leur aire géographique, et de la prise de conscience accrue qui s'est manifestée ces dernières années.

A l'occasion des premières Assises nationales des langues de France, qui se dérouleront à Paris le 4 octobre 2003, les grands mouvements culturels provençaux et niçois signataires ont uni leurs forces pour élaborer ensemble un Livre blanc pour l'avenir des langues provençale et niçoise.

Cette initiative commune est sans précédent. Son but est de présenter les actions qui paraissent prioritaires pour redonner aux langues de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, à côté du français, la place qu'elles méritent. Ce Livre blanc fixe des objectifs et demande aux pouvoirs publics de mettre en œuvre une véritable politique de développement des langues provençale et niçoise.

Dans le même temps, le mouvement culturel provençal et niçois s'engage clairement sur un certain nombre d'actions qu'il estime primordiales, et veut faire en sorte que ce projet devienne celui de la société provençale et niçoise dans son entier.

Le provençal et le niçois sont les langues de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, ainsi que de l'Ardèche, de la Drôme et du Gard provençaux. Elles deviendront ce que l'ensemble de la société provençale et niçoise en fera. L'heure est à la prise de conscience, à la mobilisation, à des mesures concrètes, efficaces et adaptées.

Le Livre blanc pour l'avenir des langues provençale et niçoise

La Région s'engage pour les langues provençale et niçoise

"Un vote historique", se réjouit l'Unioun Prouvençalo. Vendredi 17 octobre 2003, le conseil régional a en effet adopté un vœu affirmant "solennellement que la langue provençale et la langue niçoise sont les langues régionales de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur". Cette déclaration se double d'un engagement de la Région à "développer son soutien à la préservation des variétés" des langues provençale et niçoise et à leur promotion, et "à contribuer, aux côtés de l'État, à la généralisation de l'offre d'enseignement de la langue provençale et de la langue niçoise".

Le conseil régional demande par ailleurs au Premier ministre et au président de la Commission européenne d'insérer les langues provençale et niçoise dans la liste des langues régionales. Dans leur vœu, les élus provençaux précisent en outre que les langues provençale et niçoise sont indissociables de leur aire linguistique, qu'elles sont un patrimoine commun à tous les habitants de la région sans distinction d'origine et que toutes leurs variétés sont d'égale valeur, sans hiérarchie entre elles.

L'Unioun Prouvençalo, qui avait milité en faveur de l'adoption d'une telle déclaration solennelle, se félicite que la spécificité des langues provençale et niçoise soit ainsi reconnue officiellement par le conseil régional, et ce dans le respect de leurs variétés. Le mouvement régionaliste demande que l'État et les institutions européennes en prennent acte, et mettent en œuvre des mesures concrètes en faveur des langues régionales de Provence-Alpes-Côte d'Azur, aux côtés de la Région.

Rappelons qu'un "Livre blanc" vient d'être publié à l'occasion des Assises des langues de France par de grands mouvements culturels de la région, qui présentent 65 priorités pour l'avenir des langues provençale et niçoise.

Le vœu adopté par le conseil régional

 

 

 

Les jeunes Provençaux ont rendez-vous avec leur langue régionale

Plusieurs milliers de jeunes Provençaux apprennent le provençal ou le niçois, que ce soit à l'école ou dans une association culturelle. Afin d'encourager cette démarche, la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur a créé un concours, désormais confié à l'Unioun Prouvençalo. Deux possibilités sont offerts pour participer au quatorzième "Councours di Jouine de Prouvènço" : soit composer et enregistrer un texte en provençal ou en nissart, soit créer ou interpréter une chanson en lengo nostro.

Dans la catégorie "Texte", les concurrents doivent adresser une cassette audio et un classement est établi en fonction de la tranche d’âge ("enfantoun", "pichoun", "Grandet" ou "Jouvènt") et de la catégorie (individuel ou collectif). Cette partie du concours est ouverte à tous les jeunes locuteurs de provençal ou de niçois, âgés de 5 à 20 ans.

Pour ce qui est du concours de composition et d’interprétation de chansons en provençal ou en niçois, toute liberté de style est laissée aux concurrents (rap, reggae, rock, traditionnel…), qui peuvent se présenter seuls ou en groupe. La composition devra comprendre paroles et musique. Une seconde catégorie concerne l’interprétation de chansons en provençal ou en niçois. Les interprètes principaux doivent être âgés de 15 à 25 ans.

Plus de 8000 euros de prix récompenseront les lauréats : chaînes hi-fi, baladeurs, disques, appareils photo-numériques, livres, gadgets...

La remise des prix aura lieu lors de la Fèsto di Jouine de Prouvènço, qui se déroulera à Gap (Hautes-Alpes), le samedi 3 juin 2006. Cette journée festive sera animée par les lauréats du concours de chanson.

Les candidats doivent adresser leur cassette audio avant le 5 mai 2006.

Le règlement est disponible auprès Prouvènço-Prèsso, 13, rue des Cheminots, 05000 Gap (tél : 04 92 56 11 84 ; e-mail : prouvenco.presso@free.fr).

Règlement

 

Le provençal à Expolangues

Pour la troisième année consécutive, l'Unioun Prouvençalo a participé à Expolangues, salon voué aux "langues du monde", du 9 au 12 février, à Paris expo. Un stand permettait de présenter la vitalité des langues et des cultures provençales et niçoises, en particulier au travers des ouvrages pédagogiques et de la presse d'expressio provençale.

Depuis 2003, première année où le provençal était présent en tant que tel à Expolangues grâce à l'Unioun Prouvençalo et au Collectif Prouvènço, qui avaient chacun leur stand, cette présence des mouvements provençaux permet d'appuyer auprès des professionnels des langues et décideurs politiques la particularité du provençal et du niçois dans le cadre des langues d'oc.

Des discussions ont ainsi pu avoir lieu avec Luc Ferry, alors ministre de l'Éducation nationale, Jack Lang, ancien ministre, ou Bernard Cerquiglini, alors qu'il était encore délégué général à la langue française et aux langues de France.

Différents ouvrages destinés à l'enseignement et des revues étaient exposés sur le stand de l'Unioun Prouvençalo, qui a diffusé également un livret détaillant les livres publiés par les associations provençales et niçoises.

Cette présence à Expolangues a également permis de renforcer les liens avec les défenseurs d'autres langues d'oc, du breton, du basque, du catalan, du corse ou des langues d'oïl.

 

Les vallées olympiques parlent provençal

L'essentiel des sites d'accueil des XXèmes Jeux olympiques d'hiver (Sestrières, Pragelato, Sauze d'Oulx, Cesana Torinese, Bardonnecchia...) est situé dans une zone où est encore employée la langue provençale. Les associations provençales du Piémont sont d'ailleurs mobilisées pour mettre en valeur cette spécificité culturelle à l'occasion de cet événement mondial.

C'est le provençal alpin, variété de la langue provençale que l'on retrouve dans les Hautes-Alpes, les Alpes-de-Haute-Provence et dans la partie montagneuse des Alpes-Maritimes, qui est employé dans les vallées olympiques. De nombreux auteurs du Piémont provençal (Arturo Genre, Remigio Bermond, Ugo Flavio Piton, Sergio Arneodo, Alex Berton...) ont publié des ouvrages dans cette langue, que les habitants des vallées appellent communément "patouà". Aujourd'hui, le provençal alpin a d'ailleurs droit de cité dans les écoles de ces vallées, et des grammaires de provençal alpin ont été réalisées au cours de ces dernières années pour chacune de ces vallées.

Une longue histoire commune

Au XIVème siècle, les vallées olympiques (Haut Val de Suze et Val Chisone) faisaient partie des Escartons du Briançonnais, territoire autonome du Dauphiné puis du royaume de France. Les liens humains, culturels et économiques étaient donc particulièrement importants entre les deux versants des Alpes, et cela a perduré au cours des siècles suivants.

A l'histoire s'est longtemps ajoutée la nécessité économique. Le commerce du sel, convoyé de l'étang de Berre jusqu'au Piémont provençal, est ainsi à l'origine du premier tunnel transalpin, le Pertuis du Viso, percé en 1480 entre le Queyras et le Val Pô. Par la suite, ce sont les colporteurs, les bergers, les moissonneurs, les bûcherons, les peigneurs de chanvre ou les vendangeurs qui vont aller louer leurs services saisonniers de part et d'autre des Alpes.

Cette histoire et ces échanges, conjugués avec l'identité alpine de ces populations, font qu'il existe une langue et une culture communes. Le provençal, langue autochtone de la Provence, est ainsi parlé et écrit dans une douzaine de vallées du Piémont italien. Ces liens culturels sont célébrés chaque année dans les anciens Escartons briançonnais, lors de la fête de la Valaddo, et dans la petite vallée de Coumboscuro (province de Cuneo), foyer d'un centre provençal très actif. Depuis 1971, les "Traversado" conduisent des dizaines de "frères de langue" de l'Ubaye, de la Vésubie et du Queyras jusqu'en Coumboscuro, à l'occasion du Roumiage de setembre.

On célèbre cette année le cinquantenaire de la Santo Estello de Gap, où le neveu de Frédéric Mistral, alors capoulié du Félibrige, avait accueilli les poètes piémontais pour initier une renaissance littéraire de la langue provençale dans le Piémont. Ce mouvement allait donner lieu à la naissance de l'Escolo dou Po, école littéraire provençale en Piémont, à l'origine d'une graphie propre à l'écriture du provençal alpin en Italie.

Des sites utiles

Pour plus d'informations sur la langue provençale dans le Piémont, voici quelques liens utiles :

www.lavaladdo.it

www.consultaprovenzale.org

www.coumboscuro.org

http://prouvenco.presso.free.fr/jodeturin.html

 

 

 

 

Le recteur d'Aix-Marseille donne un nouveau souffle au provençal

Le nouveau recteur d'Aix-Marseille, Jean-Paul de Gaudemar, qui était précédemment le directeur de l'enseignement scolaire au ministére de l'Éducation nationale et qui est issu d'une vieille famille provençale, entend manifestement faire bouger les choses en ce qui concerne l'enseignement de la langue provençale. Il faut dire que M. de Gaudemar s'était déjà illustré par cette préoccupation lorsqu'il était recteur de Toulouse et qu'il est par ailleurs l'auteur des circulaires de 2001 concernant les nouvelles dispositions pour l'enseignement des langues et cultures régionales.

Sa première décision a été de créer un conseil académique des langues régionales, structure que son prédécesseur avait refusé de constituer alors même qu'il y était obligé par la circulaire signée par M. de GaudemarCe conseil devrait prochainement se pencher sur la situation -peu reluisante- de l'enseignement du provençal dans l'académie.

Il a par ailleurs invité ses inspecteurs d'académie à donner toute sa place à cet enseignement dans les quatre départements de son ressort.

Dans un courrier adressé aux directeurs d'école de Vaucluse et cité par Li Nouvello de Prouvènço, l'inspecteur d'académie Michel Laurent reconnâît ainsi que, "dans notre département, rares sont les écoles où la langue d'oc est encore proposée. Pourtant, la langue et la culture provençales sont le produit du territoire où vivent nos élèves. Connâître et comprendre cet espace implique de les prendre en compte, sous des formes et à des degrés qui peuvent être divers. Elles sont une partie intégrante de notre héritage culturel et les oublier ne serait en rien un signe de modernité, mais au contraire une perte de substance".

Pour M. Laurent, "l'enseignement du provençal facilite l'intégration des élèves dans une région dont la langue et la culture sont un patrimoine auquel ils doivent avoir accès.lI facilite également la transition vers l'Europe du sud par la proximité de la langue d'oc avec les autres langues romanes. C'est pourquoi je sollicite la participation des écoles à cette entreprise qui vise à préserver une certaine conception du monde. Il s'agit, sur la base du volontariat, d'élaborer un projet pédagogique concernant l'école toute entière ou, de façon plus restreinte, un cycle d'enseignement".

(L'Èime Prouvençau n° 61, janvier-février 2005) 

La reconnaissance du provençal peut légitimement faire débat

Interpellé par Roland Chassain, député-maire des Saintes-Maries-de-la-Mer, sur l'absence du provençal parmi les langues régionales répertoriées par la délégation générale à la langue française et it aux langues de France, le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, admet que "la reconnaissance du provençal comme langue régionale peut légitimement faire débat". Il souligne ainsit que "la terminologie en usage dans les services de l'Etat doit s'appuyer sur des pratiques largement acceptées". Reste que, selon lui, "il ne revient pas à l'État de sanctionner l'existence ou la vigueur de telle ou telle identité. Cette question mérite d'être considérée, non plus dans le seul cadre national, mais à l'échelle européenne et à la lumière de textes encadrant les langues régionales et minoritaires". En attendant, "les services des ministéres de la culture et de l'éducation nationale utilisent l'appellation d'occitan-langue d'oc, prennent acte des deux systèmes graphiques en usage, et appuient leur action sur le principe d'égalité entre variétés dialectales : chacune est l'expression pleine et entière de la langue. Les caractères propres du provençal ne sont donc pas méconnus". (JO du 28 déc.).

(L'Èime Prouvençau n° 60, novembre-décembre 2004) 

Un vote historique du conseil régional - Le provençal et le niçois reconnus

"La langue provençale et la langue niçoise sont les langues régionales de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur": voilà ce que proclame le vœu adopté le 17 octobre dernier par le conseil régional. Autant dire que ce vote est historique pour la reconnaissance de la spécificité de nos langues, sans nier leur appartenance à la famille des langues d'oc, et qu'il répond à une attente forte des principaux mouvements culturels provençaux et niçois.

Cette déclaration se double d'un engagement de la Région à "développer son soutien à la préservation des variétés" des langues provençale et niçoise et à leur promotion, et "à contribuer, aux côtés de l'État, à la généralisation de l'offre d'enseignement de la langue provençale et de la langue niçoise".

Le conseil régional demande par ailleurs au Premier ministre et au président de la Commission européenne d'insérer les langues provençale et niçoise dans la liste des langues régionales.

Ce vœu revêt un autre aspect important en ce qu'il reprend les termes de la "Déclaration de Briançon" sur la polynomie des langues provençale et niçoise. Dans leur vœu, les élus provençaux précisent en effet que nos langues régionales sont indissociables de leur aire linguistique, qu'elles sont un patrimoine commun à tous les habitants de la région, et que toutes leurs variétés sont d'égale valeur, sans hiérarchie entre elles.

Cette territorialisation de la langue est un élément majeur. Les langues provençale et niçoise sont clairement rattachées au sol et non aux locuteurs, constituant un patrimoine commun à tous les habitants de Provence-Alpes-Côte d'Azur, sans distinction d'origine, conformément à l'article premier de la Constitution.

L'Unioun Prouvençalo, qui avait milité en faveur de l'adoption d'une telle déclaration solennelle, se félicite que la spécificité des langues provençale et niçoise soit ainsi reconnue officiellement par le conseil régional, et ce dans le respect de leurs variétés. Le mouvement régionaliste demande que l'État et les institutions européennes en prennent acte, et mettent en œuvre des mesures concrètes en faveur de nos langues, aux côtés de la Région.

Il s'agit désormais d'engager des actions déterminantes pour l'avenir du provençal et du niçois. Cela passe notamment par les 65 priorités présentées dans le "Livre blanc" publié à l'occasion des Assises nationales des langues de France par les grands mouvements provençaux et niçois.

(L'Èime Prouvençau n° 55, novembre-décembre 2003) 

Une initiative commune des grands mouvements provençaux et niçois : un Livre blanc pour l'avenir

Les langues provençale et niçoise sont bien vivantes, à l'image de la culture qu'elles portent. La vitalité de l'édition, de la chanson, de la presse d'expression provençale ou niçoise, du théâtre ou des associations culturelles en est la démonstration. Le succès d'audience des émissions en provençal et niçois de France 3 le confirme.

Malgré les handicaps qu'a pu constituer une certaine évolution de la société dans le cadre de la politique longtemps hostile de l'État, le provençal et le niçois ont bénéficié de l'attachement que leur vouent les habitants de leurs aires géographiques quelle que soit leur origine, évitant ainsi que ces langues ne deviennent résiduelles et soient en voie de disparition. Ces dernières années, une prise de conscience s'est manifestée dans notre région par une mobilisation sans précédent des populations et associations, ainsi que des collectivités territoriales et des élus.

Il n'en reste pas moins que le provençal et le niçois sont en danger. Ils sont mentionnés comme tels dans l'Atlas des langues en péril dans le monde, de l'UNESCO (1996, réédition 2002).Leur transmission familiale est de moins en moins assurée, leur enseignement reste très limité et leur place dans la vie quotidienne s'efface progressivement, y compris dans le domaine privé auquel elles ont été longtemps cantonnées. Il y a donc urgence pour nous, promoteurs de la langue provençale, de la langue niçoise et du plurilinguisme en général, à définir les actions prioritaires qu'il nous faut mener pour redonner aux langues de Provence, à côté du français, la place qu'elles méritent. Ce faisant, nous voulons sauvegarder le patrimoine qu'elles constituent et permettre à ses enfants, qu'ils y aient leur origine ou non, de s'enrichir de la culture et de la langue du coin du monde où ils vivent.

Les langues provençales et niçoise sont en effet profondément lices à leur aire géographique, historique et culturelle. C'est de là qu'elles tiennent leur nom, et par là que passe la conscience linguistique et culturelle de leurs usagers. Elles sont indissociables de leur territoire. Elles ont des rapports privilégiés avec les autres langues du domaine linguistique d'oc.

La philosophie étant ainsi réaffirmée, rappelons le sens de la démarche engagée par le mouvement culturel provençal et niçois. Depuis une vingtaine d'années, un important travail de recherche scientifique, de concertation associative et d'élaboration de propositions a été réalisé. Plusieurs États généraux ont ainsi permis de dresser l'état des lieux, de faire le bilan des actions, et de lancer quelques pistes d'avenir. Il paraissait important d'aller plus loin dans la démarche en précisant quelles étaient les priorités pour assurer notamment l'avenir des langues provençale et niçoise et la richesse plurilingue de notre région. Se fixer des objectifs et se donner les moyens de les mettre en œuvre. En demandant aux pouvoirs publics de jouer leur rôle dans une véritable politique de développement des langues provençale et niçoise, mais aussi en amenant le mouvement culturel provençal et niçois à s'engager clairement sur un certain nombre d'actions qu'il estime primordiales et en y associant la société civile. Les associations sportives, les entreprises industrielles, agricoles et de services, les médias, les éditeurs, les commerçants... ont aussi leur place dans cet engagement pour l'avenir des langues provençale et niçoise.

Ce Livre blanc, élaboré au terme d'une riche concertation au sein du mouvement culturel provençal et niçois, sera présenté à l'occasion des premières Assises nationales des langues de France, le 4 octobre à Paris. Mais la démarche ne s'arrêtera pas là. Elle devra se poursuivre pour s'élargir aux acteurs de la société civile car tout un chacun, quelle que soit son origine, est concerné par le devenir des langues provençale et niçoise.

Le provençal et le niçois sont les langues de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et de contrées limitrophes. Elles deviendront ce que l'ensemble de la société provençale en fera. L'heure est à la prise de conscience, à la mobilisation, à des mesures concrètes, efficaces et adaptées.

Les priorités pour les langues provençale et niçoise

STATUT DES LANGUES RÉGIONALES

ENSEIGNEMENT

HISTOIRE

COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

MÉDIAS

ÉDITION

ASSOCIATIONS

SPORT

DIFFUSION

CHANSON

CULTURE PROVENÇALE ET NIÇOISE

RAPPORTS AVEC LES VALLÉES PROVENÇALES DU PIÉMONT ITALIEN

ENVIRONNEMENT

TOURISME

ÉCONOMIE

EMPLOI

Toutes ces propositions participent à la prise de conscience du lien étroit entre l'attachement aux langues et cultures régionales et la volonté d'une région prospère. Elles contribuent à assurer un développement durable.

(extraits du Livre blanc)

Le mouvement culturel s'engage

Voici quelques exemples d'engagements pris par les mouvements et associations signataires du Livre blanc (la totalité des engagements figure dans le document, disponible auprès de Prouvènço-Prèsso ou sur le net http://prouvenco.presso.free.fr/libreblanc.html).

(L'Èime Prouvençau, n° 54, 2003)

États généraux à Pernes-les-Fontaines et Fuveau : réflexions sur la langue provençale

Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) et Fuveau (Bouches-du-Rhône) ont accueilli plusieurs centaines de défenseurs du provençal, fin mai 2003, pour dresser un état des lieux des langues de Provence.

À Pernes, les états généraux organisés par le Collectif Prouvènço ont clairement énoncé que, "dans leurs diverses variétés dialectales, et ainsi qu'ils ont été codifiés par Frédéric Mistral, le provençal et le niçois sont les langues régionales de la Provence".

La tonalité était différente à Fuveau, où l'Oustau de Prouvènço, du nom de la structure d'Aix-en-Provence qui abrite un certain nombre d'associations provençales et occitanes, avait réuni le mouvement régionaliste dans toute sa diversité, même si la tendance occitaniste a été privilégiée dans le choix des intervenants.

Quoi qu'il en soit, ces deux réunions ont permis un débat intéressant sur la situation du provençal, terme que tout un chacun a largement utilisé pour qualifier la langue régionale.

Le problème reste bien de déterminer des perspectives d'avenir pour la langue provençale. "Quelle place peut occuper le provençal au quotidien, sachant qu'il n'est pas parlé spontanément dans la rue ?" demande ainsi Médéric Gasquet, chroniqueur à France-Bleu Provence. "Il faut avoir le respect du passé, mais il faut aussi avoir un présent et un avenir".

La visibilité, la quotidienneté de la langue passe bien évidemment par les médias. Qu'en est-il aujourd'hui de la présence du provençal dans les médias ? Il existe de trop rares chroniques, essentiellement hebdomadaires, dans la presse écrite; France 3 Méditerranée propose une seule émission hebdomadaire en provençal, ainsi qu'un résumé quotidien de l'actualité en provençal, tandis que Télé Monte-Carlo ignore les langues régionales de sa zone de diffusion ; et sur le service public radiophonique (France Bleu Provence, Vaucluse et Azur), la part du provençal et du niçois est de plus en plus congrue.

Jean-Pierre Belmon, responsable "des" émissions provençales de France 3 Méditerranée, qui réunissent environ 200.000 téléspectateurs chaque dimanche, reconnaît que "la télévision est un des lieux de socialisation de la langue". Reste à savoir comment le faire. "Nous avons un devoir de collectage, mais c'est important de parler des choses qui bougent. C'est vrai que des jeunes de Marseille qui chantent peuvent écorcher la langue, mais faut-il ne pas les passer et ne passer que des vieux ?" Ce qu'Alain Glasberg, producteur-réalisateur (Amda), résume de façon plus imagée : "Il ne faudrait pas que nous n'ayons plus que les cimetières à filmer".

Pour Jean-Pierre Belmon, "il faut qu'on grandisse dans nos ambitions". Il souligne ainsi la nécessité de "développer la production de films, de choses dignes qu'on puisse montrer à l'extérieur". France 3 va d'ailleurs produire une "sit-com" en provençal de dix épisodes de quinze minutes.

Syndicaliste à Radio-France, Philippe Chauché dresse un "constat quasi-catastrophique" de la présence du provençal sur les antennes de France Bleu. Mais il rappelle aussi aux Provençaux présents qu'ils payent la redevance: "Vous avez votre mot à dire !" Quant à la chanson provençale, qui fait pourtant partie des quotas de "langue française", elle n'a pas droit de cité sur les ondes régionales de France Bleu. "La liste des chansons diffusées à l'antenne est établie à Paris et non par la direction régionale", explique Médéric Gasquet-Cyrus.

Pour ce qui est de la presse écrite, Claude Barsotti (La Marseillaise) relève le problème de l'écriture de la langue. "Beaucoup savent parler provençal mais ne savent pas lire un article en provençal ou en occitan parce qu'ils n'ont pas appris à l'écrire à l'école. Pour les lecteurs, il faut utiliser un niveau de provençal moyen, qui puisse être compris par le plus grand nombre". Sylvie Ariès, journaliste à La Provence, insiste sur la "question politique. Il y a un enjeu. Il faut que les politiques prennent le sujet à bras le corps pour nous mettre, nous journalistes, dans l'obligation d'en parler".

La socialisation de la langue passe également par sa prise en compte par la société civile, en particulier les acteurs économiques. "Que ce soit le vin, que ce soit l'huile d'olive, on vend la Provence", remarque Olivier Nasles, président du syndicat des huiles de Provence AOC. "On ne fait pas du vin, on fait du coteaux d'Aix, on ne fait pas de l'huile d'olive, on fait de l'huile de Nyons..." L'architecte Bernard Vaton met quant à lui en avant "l'architecture néoprovençale, qui est une évolution de l'architecture traditionnelle". Autant d'éléments importants face à une mondialisation qui menace les langues régionales. "Sans identité régionale, il n'y a pas de lutte contre la mondialisation", considère Bernard Morel, professeur d'économie. "C'est une société à construire". "S'il y a une structure, il y a des élèves"

Reste que tout cela repose sur un préalable: l'enseignement de la langue. Celui-ci "connaît des hauts et des bas parce qu'il n'est pas encore normalisé", estime Alain Barthélémy-Vigouroux (inspection académique des Bouches-du-Rhône). "Il y a vingt centre renforcés dans les Bouches-du-Rhône, mais certains départements ont régressé, notamment le Vaucluse. Il y a des choses anormales au regard même de la loi. Il n'y a pas de conseil académique de la langue régionale. Il est obligatoire mais le recteur ne le réunit pas". Hélène Deltrieu, professeur certifié d'occitan-langue d'oc, confirme qu'il existe "des endroits où des choses se passent et d'autres où il ne se passe rien. Cela dépend de l'administration, des établissements et des lycéens". Mais, en la matière, "l'expérience prouve que s'il y a une structure, il y a des élèves", note Jean-Claude Ranucci, du département de langue d'oc à l'université de Nice. "Il ne faut pas attendre la demande".

A Fuveau, quelques élus de tout bord ont pris la mesure des immenses besoins. "La première étape, c'est de faire émerger la question de la langue dans le politique", estime Félix Weygand, conseiller général des Bouches-du-Rhône (PS). Et chacun se tourne vers la région pour mettre en place une telle politique pour le provençal. Tout comme Richard Maillé, député (UMP), Yves Costa (UDF) juge qu'il faut "se tourner vers une région forte qui assumera toutes ses responsabilités. Nous avons une région à forte imprégnation culturelle et en même temps une forte hétérogénéité de la population. Cette identité et ces traditions doivent servir de ciment social". Quant aux différences d'approche des mouvements provençaux, "ce n'est pas une catastrophe", selon Philippe Chesneau, conseiller régional (Verts). "Il faut qu'il y ait des groupes de pression pour faire aboutir une politique régionaliste".

Il est urgent d'établir un "véritable plan de diffusion et de sauvegarde de notre langue", comme le souhaite Hervé Guerrera, président de l'Oustau de Prouvènço. Il appartient au mouvement culturel provençal de définir ses priorités pour l'avenir du provençal et de les mettre en œuvre, avec le soutien des pouvoirs publics mais aussi de la société civile. C'est le défi à relever.

Les conclusions des états généraux de Pernes

Les états généraux des langues provençale et niçoise, organisés le 17 mai à Pernes-les-Fontaines, demandent :

Par ailleurs, le Collectif Prouvènço propose:

(L'Èime Prouvençau, n° 52-53, été 2003)

États généraux de la langue provençale à Pernes-les-Fontaines et Fuveau

Des états généraux "de la langue provençale et niçoise" puis "de la langue régionale" se dérouleront respectivement les samedi 17 mai à Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) et 24 mai à Fuveau (Bouches-du-Rhône).

A Pernes, c'est le Collectif Prouvènço qui propose ces états généraux au centre culturel (église des Augustins), à 14 heures. Autour de propositions élaborées par le Collectif Prouvènço, des groupes d'une dizaine de personnes seront constitués pour débattre et adopter les points qui constitueront ensuite la "charte de Pernes-les-Fontaines". Le Collectif Prouvènço annonce par ailleurs qu'un observatoire de la langue provençale et niçoise sera constitué à l'issue de ces états généraux. C'est déjà à Pernes qu'avaient eu lieu, en 1995, les premiers états généraux de la langue provençale, à l'initiative de l'Unioun Prouvençalo.

Le samedi suivant, à 14 h, c'est à Fuveau (salle de la Galerie, place Frédéric-Mistral) que l'Oustau de Prouvènço, présidé par l'élu occitaniste Hervé Guerrera, organise des états généraux "de la langue régionale". IL s'agit en fait d'un débat, qui s'articulera autour de grands thèmes (grands mouvements, médias et télé, enseignement et culture, économie et social, les politiques), abordés par un certain nombre d'intervenants. Même si les thèses occitanistes apparaissent favorisées par les organisateurs, l'Unioun Prouvençalo a décidé de participer à cette réunion afin de faire valoir la spécificité de la langue provençale.

(L'Èime Prouvençau, n° 51, 2003)

Ministère de la Culture : la langue provençale entendue à Paris

L'Unioun Prouvençalo et le Collectif Prouvènço ont été reçus, le 22 avril 2003, par Bernard Cerquiglini, Délégué général à la langue française et aux langues de France. Les bases de cette rencontre avaient été jetées en janvier dernier, à l'occasion du salon Expolangues où les deux mouvements avaient assuré la présence de la langue provençale pour la première fois. Cet entretien au ministère de la Culture constitue une reconnaissance de la représentativité du Collectif Prouvènço et de l'Unioun Prouvençalo. M. Cerquiglini a d'ailleurs invité les deux mouvements à participer aux Assises des langues de France, qui se dérouleront le 4 octobre sous la présidence du Premier ministre.

Les deux mouvements provençaux ont soutenu leur demande de reconnaissance des langues provençale et niçoise dans le cadre de la famille des langues d'oc. Même s'ils sont parvenus à faire prendre acte au Pr Cerquiglini et à ses principaux collaborateurs que la pluralité des langues d'oc n'était pas une vision sans fondement, ils ont pu constater un parti-pris inacceptable de leur part en faveur des thèses occitanistes.

Les langues provençale et niçoise sont l'expression identitaire d'une civilisation millénaire et d'une littérature reconnue universellement, dont l'exemple éclatant est le prix Nobel de Frédéric Mistral. Pour les deux mouvements provençaux, elles doivent donc figurer sur la liste des langues de France, en appliquant le principe de leur territorialité.

Tout en défendant "l'unité de la langue romane", Bernard Cerquiglini a convenu qu'il fallait "reconnaître la diversité linguistique au sein du domaine d'oc", en avançant que la DGLF "considère toutes (ces) variétés sur le même plan". Il a également contesté vouloir imposer une forme unicitaire à la langue d'oc, en affirmant ne pas vouloir remettre en cause les deux graphies existantes. M. Cerquiglini a également reconnu le droit à une identité provençale, qui fait que les Provençaux ne se reconnaissent pas dans l'occitan.

Cet échange franc et direct, qui a duré près de deux heures, a donc permis certaines avancées. Cela n'empêche pas que des désaccords profonds existent, en particulier sur la volonté de la DGLF de créer une structure suprarégionale pour la langue d'oc (cf. L'Eime n° 50). Les mouvements provençaux ont réaffirmé leur opposition à toute institution de type académique comportant le risque de voir le provençal et le niçois progressivement dénaturés afin d'aboutir à un occitan standard artificiel. Alors que 63 % des parlementaires provençaux se sont prononcés en faveur de la reconnaissance du provençal et du niçois, rien ne pourra se faire contre les aspirations des Provençaux, dont les revendications sont de bon sens et de justice. A l'image de celles de la francophonie au niveau international.

(L'Èime Prouvençau, n° 51, mars-avril-mai 2003)

Les contradictions de la DGLF

Lors de cette rencontre avec le Collectif Prouvènço et l'Unioun Prouvençalo, Bernard Cerquiglini a réitéré sa position s'agissant de la prétendue unicité de la langue d'oc. Elle figurait déjà dans le rapport qu'il avait remis en 1999 à Lionel Jospin, lors de la signature de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, et elle avait alors été dénoncée par les mouvements provençaux.

Le Délégué général à la langue française et aux langues de France opère en effet une distinction entre les langues d'oïl, "que l'on ne saurait considérer comme des dialectes du français", et la langue d'oc. "Celle-Ci pourrait être qualifiée de conjonction, l'occitan étant la somme de ses variétés. L'unité linguistique est en effet fort nette, même si une diversité interne est perceptible".

Sur cette question, on se contentera de renvoyer M. Cerquiglini à une présentation générale des "langues régionales et trans-régionales de France", qui figurait il y a peu encore sur le site internet de la DGLF. Charles de Lespinay y écrivait : "Le fait que l'on parle aujourd'hui de langues d'oïl (au pluriel) et de dialectes d'oc, mais de langue occitane (au singulier), est un choix politique et non scientifique, répondant aux enjeux du moment". On ne saurait mieux dire.

(L'Èime Prouvençau, n° 51, mars-avril-mai 2003)

La langue provençale pour la première fois à Expolangues

Pour la première fois depuis la création d'Expolangues, salon voué aux "langues du monde", la langue provençale était présente en tant que telle lors de la 2lème édition, qui s'est déroulée à Paris fin janvier. L'Unioun Prouvençalo et le Collectif Prouvènço avaient chacun un stand dans le pavillon des langues régionales, qui bénéficiait du soutien de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France. Le stand de l'Unioun Prouvençalo était axé sur l'enseignement du provençal et sur les revues d'expression provençale, tandis que celui du Collectif Prouvènço était plus particulièrement consacré à la littérature et aux disques en provençal. L'objectif des deux mouvements provençaux était de faire valoir la spécificité de la langue provençale, et de sensibiliser les autorités à la nécessaire préservation de la diversité des langues d'oc. Les visites de Bernard Cerquiglini, Délégué général à la langue française et aux langues de France, ou de Jack Lang, ancien ministre de l'Education nationale, ont ainsi été mises à profit pour le faire. La présence des mouvements provençaux à Expolangues aura également permis de renforcer les liens avec les défenseurs d'autres langues d'oc, mais aussi du breton, du basque, du catalan, du corse ou des langues d'oïl.

(L'Èime Prouvençau, n° 50, janvier-février 2003)

Le "Printèms prouvençau" en mars

Organisé depuis 1987 par l'Unioun Prouvençalo, le "Printèms Prouvençau", 17ème édition de ce mois d'action culturelle destiné à affermir la conscience identitaire des Provençaux, est consacré aux "produits, métiers et traditions du terroir". Tout au long du mois de mars, des dizaines d'associations provençales vont s'inspirer de ce thème en mettant en valeur les produits et métiers traditionnels des terroirs provençaux et de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur en général, ainsi que les coutumes qui y sont lices. Autour de ce thème, plusieurs centaines de manifestations seront proposées au mois de mars: conférences, expositions, rencontres, marchés provençaux, spectacles, menus provençaux, interventions dans les écoles...C'est notamment en fonction des manifestations qu'elles organisent à cette occasion que les associations peuvent prétendre à la Mirèio d'or, un trophée attribué au nom de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur. C'est d'ailleurs un nouveau trophée, représentant un buste d'Arlésienne s'élevant sur des racines d'olivier, qui sera remis le dimanche 4 mai à Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence), à l'issue de la Fèsto dóu Pople prouvençau.

(L'Èime Prouvençau, n° 50, janvier-février 2003)

Le provençal, langue polynomique

À l'occasion de l'assemblée générale de l'Unioun Prouvençalo, qui s'est déroulée le 21 septembre à Briançon, l'Unioun Prouvençalo Transaupino, qui regroupe les associations culturelles provençales des deux versants des Alpes, le Collectif Prouvènço et la Consulta Provenzale ont adopté une déclaration commune, qui reconnaît le caractère polynomique de la langue provençale.

C'est le sociolinguiste Jean-Baptiste Marcellesi qui a défini cette notion, tirée de la situation corse dont il est spécialiste. Pour lui, le concept de langue polynomique s'applique à des "langues dont l'unité est abstraite et résulte d'un mouvement dialectique et non de la simple ossification d'une norme unique, et dont l'existence est fondée sur la décision massive de ceux qui la parlent de lui donner un nom particulier et de la déclarer autonome des autres langues reconnues".

Or, précisément, "aucune variété de la langue provençale n'a jamais été langue officielle d'un État" et "aucune variété ne peut être considérée comme la variété historique de référence de la langue provençale dont les autres variétés seraient des "dialectes", relève la "Déclaration de Briançon". En fait, "la langue provençale est une dans sa diversité et son existence est fondée sur la décision massive de ceux qui la parlent de l'identifier sous un nom particulier". Ainsi, Frédéric Mistral, principal artisan de la graphie moderne de la langue provençale, a pris soin que "cette règle puisse s'adapter à toutes les variétés" et "a toujours encouragé tout auteur écrivant et s'exprimant dans la variété de la langue provençale de son terroir".

Considérant que "la disparition de toute variété de la langue provençale serait une perte irremplaçable", les mouvements provençaux "affirment que la langue provençale est une langue polynomique dont les variétés sont d'égale valeur, que chacune de ses variétés est l'expression de la langue provençale sur son aire géographique et dans la société, que la pleine dignité donnée ainsi à chaque variété de la langue provençale confirme qu'il n'y a aucune hiérarchie entre ces variétés".

De ce fait, conclut la Déclaration de Briançon, "toute action visant à imposer une norme unique pour le provençal est contradictoire avec l'esprit de pluralisme qui anime" les mouvements signataires, qui rejettent, comme "sources d'appauvrissement", "toute action ou idéologie linguistique unicisantes".

(L'Èime Prouvençau, n° 48, septembre-octobre 2002)

Hommage à Berluc-Pérussis

La ville de Forcalquier a rendu hommage à Léon de Berluc-Pérussis, le 1er décembre, à l'occasion du centenaire de sa disparition. Né à Apt en 1835, Berluc-Pérussis a fait des études de droit avant de prendre la direction du vaste domaine agricole familial. Ce bibliophile, qui a légué quelque 10 000 livres, dossiers et lettres à la ville de Forcalquier, a été un compagnon de route de Mistral. Fondateur de l'Escolo dis Aup, cet amoureux de la langue provençale a organisé la fête littéraire de 1875, à la chapelle Notre-Dame-de-Provence, puis les fêtes latines de Forcalquier et de Gap en 1882. Partisan d'une réunion des peuples dont les langues sont issues du latin et du bilinguisme, Berluc-Pérussis a été un fervent défenseur de la décentralisation et de la régionalisation. L'essentiel de son œuvre a été publiée dans différentes revues de l'époque sous divers nom de plume, son seul livre -Les dates de Forcalquier- publié en 1887, étant resté inachevé du fait du décès prématuré de sa fille unique et de ses ennuis de santé. Cet hommage mérité, orchestré par l'office municipal des fêtes et de la culture, l'Escolo dis Aup, Lou Parla de Sant Michéu et le centre départemental d'expression provençale, a donné lieu à la pose d'une plaque commémorative et à une conférence-débat sur l'œuvre de Léon de Berluc-Pérussis présidée par le capoulié du Félibrige. La journée s'est achevée par un concert de l'Académie du Tambourin.

(L'Èime Prouvençau, n° 49, novembre-décembre 2002)

Rémi Venture reçoit le Grand Prix littéraire de Provence

Rémi Venture a reçu le Grand Prix littéraire de Provence 2002 pour la langue provençale. Historien, musicologue, grand connaisseur de la culture populaire, de la littérature et la langue provençale, Rémi Venture est le conservateur de la bibliothèque municipale Joseph-Roumanille de Saint-Rémy-de-Provence. Il est l'auteur de nombreuses publications sur l'histoire de la Provence, sa musique, ses chants et ses écrivains. Il a également écrit deux recueils de poèmes en provençal : Camin dubert (l'Astrado, 1995) et Bessai (l'Astrado, 2001), qui lui a valu le prix Mistral en 2000. Le prix pour la langue française est partagé entre Gilles Del Pappas, auteur de romans policiers marseillais, et Anne-Marie et René Tellenne, pour leur pièce de théâtre "André Roussin ou une vie en scène".

(L'Èime Prouvençau, n° 49, novembre-décembre 2002)

Le respect des traits et de la graphie

Dans leurs réponses à plusieurs parlementaires provençaux qui demandaient la reconnaissance de la langue provençale, le ministre de l'Éducation nationale, Luc Ferry, et le ministre délégué à l'Enseignement scolaire, Xavier Darcos, donnent un certain nombre de garanties sur le respect de la spécificité du provençal. "Les enseignants de langues et culture régionales d'occitan-langue d'oc dans la pratique de leur discipline, sont conduits à privilégier, lors de l'étude des formes et structures grammaticales et lexicales de la langue, l'apprentissage des traits spécifiques au provençal dans les académies d'Aix-Marseille et de Nice, et à utiliser sa transcription graphique, la graphie mistralienne", écrivent les deux ministres.

(L'Èime Prouvençau, n° 48, septembre-octobre 2002)

Les Provençaux d'Italie revendiquent leur droit à exister

"Les Provençaux d'Italie : une minorité sans voix". L'intitulé du colloque organisé par la Consulta Provenzale, le 9 mai 2002 à la Province de Cuneo, promettait un beau débat. Près de 200 universitaires, élus, écrivains et autres intervenants y ont pris part, illustrant la volonté des Provençaux alpins de "survivre en tant que communauté minoritaire authentique". L'interrogation vient de ce que la loi italienne 482/99 de protection des minorités linguistiques, non contente d'ignorer les Provençaux d'Italie, étouffe la voix de leur culture séculaire en imposant l'exotique appellation d' "Occitanie" ? "L'occitan est en fait une dénomination tardive, administrative, bureaucratique qui servirait à indiquer un territoire et non une langue", estime le linguiste Gian Mario Raimondi (université de Turin).Giuseppe Durbanno observe quant à lui que "l'Occitanie est, pour les Occitans, une patrie à construire, un État entre les Alpes et les Pyrénées. Au nom de l'Occitanie, on théorise une nouvelle langue, une nouvelle graphie, on reconstruit l'histoire". Pour le professeur Gasca Queirazza, "le provençal alpin des vallées de Cuneo peut survivre, si on maintient sa particularité. Si l'occitan est normalisé, construit, il l'emporte et ce sera la mort linguistique et culturelle de nos vallées". L'enquête réalisée par la Consulta Provenzale auprès des écoles des vallées provençales du sud du Piémont montre cette situation de précarité. La proportion d'enfants locuteurs actifs du provençal alpin se limite aujourd'hui à 20 %.

(L'Èime Prouvençau, n° 47, été 2002)

La voix plurielle des langues du Sud

C'est un pas déterminant pour la pleine reconnaissance des langues régionales auvergnate, gasconne, niçoise et provençale. Réunis à Thiers, en Auvergne, quatre mouvements, représentatifs œuvrant pour des différentes langues -le Cercle Terre d'Auvergne, le Conservatoire du Patrimoine de Gascogne, I'Institut Béarnais et Gascon, et l'Unioun Prouvençalo- viennent en effet d'arrêter une position commune s'appuyant sur une vision pluraliste des langues d'oc.

Cette prise de position prend la forme d'une "adresse", qui a été envoyée, le 8 avril, aux candidats à l'élection présidentielle. Ces mouvements culturels y prônent le respect des idiomes authentiques du domaine d'oc, dont la pérennité est menacée par les partisans d'une langue standard artificielle, qui serait commune à plus de 32 départements français, outre le Val d'Aran (Espagne) et les vallées provençales du Piémont italien...

Cette initiative vise à dénoncer une "idéologie uniformisatrice dangereuse pour la pérennité des idiomes régionaux authentiques" qui ne peut aboutir "qu'à la disparition des langues régionales d'oc". Les quatre mouvements demandent par conséquent que "I'attitude soit rééquilibrée au profit de ceux qui œuvrent effectivement pour la transmission et l'enrichissement des patrimoines régionaux authentiques du domaine d'oc dans le cadre de la République française".

Le texte complet de "l'adresse" peut être consulté sur l'internet (http://prouvenco.presso.free.fr/adreisso.html).

(L'Èime Prouvençau, n° 46, mars-avril 2002)

Bernard Cerquiglini persiste et signe

Le nouveau Délégué général à la langue française et aux langues de France, Bernard Cerquiglini, vient de préciser sa position concernant les "dialectes de l'occitan". Dans une réponse à Jean Lafitte, défenseur de la langue gasconne, M. Cerquiglini oppose les parlers d'oïl, qui "ne sauraient être considérés aujourd'hui comme de simples dialectes du français", au domaine d'oc, "où aucune forme de la langue ne s'est historiquement imposée aux autres. Tous les dialectes étant de statut égal, aucun d'entre eux n'a vocation à unifier l'ensemble, nous nous accordons sur ce point. Par ailleurs, la plupart des chercheurs, mais aussi des écrivains au moins depuis Mistral, considèrent que, des Alpes aux Pyrénées, I'unité l'emporte sur la diversité observée entre le gascon, le provençal et le limousin, par exemple. Il n'y a donc aucune raison de parler de langues d'oc au pluriel. Chaque variété dialectale est I'expression pleine et entière de l'occitan, qui n'existe qu'à travers ses composantes". Et Bernard Cerquiglini de poursuivre : "En coupant le lien organique et le dialogue vivifiant qu'il entretient avec les dialectes voisins, en l'engageant dans un processus de fragmentation, on risquerait fort de l'exposer à son tour à une surenchère localiste fatale, le landais faisant valoir par rapport au béarnais des divergences dont on pourra toujours démontrer la pertinence linguistique, et ainsi de suite".

Le Délégué aux langues de France estime que la position des pouvoirs publics vis-à-vis de l'occitan doit être "respectueuse de la libre expression de chacun dans un ensemble qui fait la solidité et peut seul garantir l'avenir de la langue (...). On voit mal dans ces conditions ce que peuvent être les "menaces non voilées" qui pèseraient sur les variétés non-languedociennes de la langue, en vertu de quelle autorité s'exerceraient-elles ? La force d'un idiome est dans la diversité de ses pratiques sociales et de ses productions culturelles (...) qui feront toujours plus pour la dépense et l'illustration du gascon qu'une décision administrative lui accordant une illusoire autonomie par rapport à l'occitan".

Les Provençaux seront heureux d'apprendre que M. Cerquiglini ne perçoit pas ces "menaces non voilées", lui qui a récemment souhaité "une graphie commune et éventuellement une forme commune littéraire" (voir L'Èime Prouvençau, n° 44).

(L'Èime Prouvençau, n° 45, janvier-février 2002)

Un concours sonore en lengo nostro

Plusieurs milliers de jeunes Provençaux apprennent le provençal ou le niçois, que ce soit à l'école ou dans une association culturelle. Afin d'encourager cette démarche, la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur a créé un concours, désormais confié à l'Unioun Prouvençalo. Deux possibilités sont offertes pour participer au dixième "Councours di Jouine de Prouvènço": soit composer et enregistrer un texte en provençal ou en nissart, soit créer ou interpréter une chanson en lengo nostro. De nombreux lots récompenseront les lauréats et la remise des prix aura lieu lors de la Fèsto di Jouine de Prouvènço, qui se déroulera à l'Escarène (Pays Niçois), le samedi 11 mai 2002. Règlement disponible auprès de Prouvènço-Prèsso, 14, av. Cdt-Dumont, 05000 Gap. (tél: 04 92 56 11 84).

(L'Èime Prouvençau, n° 45, janvier-février 2002)

Lou 16en Printèms prouvençau

Depuis 2001, "Lou printèms prouvençau" est le nouveau nom des "7 jour pèr Prouvènço", créés en 1987 par l'Unioun Prouvençalo. En organisant ce mois d'action culturelle, le mouvement régionaliste entend affermir la conscience identitaire des Provençaux. En 2002, année internationale des montagnes, les associations provençales sont invitées à s'inspirer du thème "De la montagne à la mer". La montagne fait partie intégrante de la Provence, des Écrins au Ventoux, en passant par la Sainte-Victoire, la Sainte-Baume, le Mont-Faron ou le Mercantour. Elle façonne le pays, le caractère des Provençaux, les échanges (migrations économiques, transhumance, commerce du sel, cours d'eau...) et elle a inspiré bien des légendes. De ce fait, même les rares plaines de Provence sont marquées par l'alpinité de notre région.

Les associations qui le désirent peuvent concourir pour la Mirèio d'or, un trophée attribué au nom de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur à l'issue du "Printèms prouvençau". D'autres récompenses seront attribuées. La Mirèio d'or sera remise le dimanche 12 mai à l'Escarène (Alpes-Maritimes), lors de la Fèsto dóu Pople prouvençau. Cette fête se déroulera sur trois jours, du 10 au 12 mai. Le samedi 11 mai sera en grande partie dédié aux jeunes Provençaux, à l'occasion de la remise des prix du Councours di Jouine de Prouvènço.

(L'Èime Prouvençau, n° 45, janvier-février 2002)

L'axe franco-italien pour le provençal

Le collectif "Prouvènço", son homologue transalpine la Consulta Provenzale et l'Unioun Prouvençalo, réunis à Blausasc (Alpes-Maritimes), ont défini quatre axes de travail pour la promotion de la langue provençale. Ces trois mouvements ont décidé d'œuvrer en commun pour : la reconnaissance de la langue provençale dans ses différentes composantes, sur son aire géographique franco-italienne ; le respect des principes orthographiques mistraliens ; un enseignement de la langue provençale respectant ces principes; la valorisation de l'identité provençale dans la Provence française et les vallées provençales d'Italie.

(L'Èime Prouvençau, n° 44, novembre-décembre 2001)

Les motions en faveur de la reconnaissance du provençal se multiplient

Le conseil municipal d'Avignon a ainsi adopté à l'unanimité, le 29 octobre, un vœu présenté par François Féraud, délégué à la culture et aux traditions provençales. Le conseil municipal d'Avignon demande la reconnaissance par la loi de "la langue provençale, langue historique de sa commune" et son enseignement en Provence - Alpes - Côte d'Azur "à tous les enfants scolarisés qui le souhaitent ou dont les parents le souhaitent".

(L'Èime Prouvençau, n° 44, novembre-décembre 2001)

 Jack Lang reconnaît les spécificités de la langue provençale

Dans une réponse à une question écrite du sénateur Claude Haut, qui demandait que "le provençal fasse l'objet d'une pleine et entière reconnaissance" (Journal Officiel du 2 août), le ministre de l'Éducation nationale, Jack Lang, reconnaît la spécificité du provençal dans "l'ensemble des langues relevant du domaine de la langue d'oc". Le ministre assure ainsi qu'il "n'a jamais été envisagé, dans les mesures (annoncées le 25 avril, Ndlr), de nier les spécificités phonétiques, morphologiques, syntaxiques et graphiques de cette langue. A cet égard, mention de cette spécificité est faite dans l'une des circulaires relatives au programme de développement de l'enseignement des langues régionales, à l'école, au collège et au lycée dont seront destinataires les responsables académiques, les chefs d'établissements ainsi que les directrices et directeurs d'école. Cette circulaire souligne aussi, dans son préambule, les liens que cet enseignement entretient avec l'environnement social et familial". Jack Lang précise que, "s'agissant plus particulièrement de la présence spécifique du provençal dans l'enseignement dispensé au lycée et au baccalauréat, il convient de rappeler que les dispositions de l'arrêté du 5 avril 1988 demeurent en vigueur".

(L'Èime Prouvençau, n° 43, septembre-octobre 2001)

Identité provençale : journée historique en Arles

"Il y aura un avant et un après Arles": même le principal organe occitaniste, La Setmana, en convient (édition du 4 octobre). Le succès historique du rassemblement identitaire organisé par le collectif Prouvènço, le 30 septembre en Arles, ne pourra effectivement pas être ignoré, ni des régionalistes, ni des pouvoirs publics. 10.000 Provençaux ont clairement revendiqué à cette occasion la reconnaissance du provençal et du niçois et la généralisation de leur enseignement.

Tout au long de la journée, les Provençaux se sont pressés dans les différents lieux d'exposition et d'animation, et quelque 5000 spectateurs ont eu la chance d'assister au concert exceptionnel donné dans les arènes par de nombreux chanteurs provençaux.

A cette occasion, le président du collectif Prouvènço, Jean-Pierre Richard, a demandé que la langue provençale soit reconnue en tant que telle, "convaincu que les Européens de demain parleront trois langues : celle de leur région, celle de leur pays et une langue internationale". A son tour, le maire d'Arles, Hervé Schiavetti, a revendiqué l'intérêt de préserver la culture de notre région tout en restant ouverts aux autres éléments de culture.

Enfin, Michel Vauzelle, président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, a rappelé quels étaient les méfaits d'une puissance financière et économique qui veut imposer un modèle de culture unique. Pour lui, la Provence a précisément un rôle à jouer, de par sa "position stratégique", tant dans le monde latin que méditerranéen. C'est dans ce cadre que le président Vauzelle a réaffirmé sa volonté que "la langue provençale soit reconnue spécifiquement et enseignée".

(L'Èime Prouvençau, n° 43, septembre-octobre 2001)

Grand prix de poésie en langue provençale

Le Grand prix de poésie en langue provençale des Compagnons du Ban des vendanges des Côtes-du-Rhône a été remis, le 9 juillet, à Gilbert Jouvaud (Carpentras) pour son poème "Matin au Vignarés". Le 2ème prix est revenu à Charles Roure (Châteauneuf-de-Gadagne), auteur de "Autounado", et le 3ème à Pierre-Michel Blanc (Carpentras), pour "Ravacioun". La remise des prix s'est déroulée au rocher des Doms, en Avignon, à l'occasion de la vente aux enchères de la première cuvée de la vigne du Pape.

(L'Èime Prouvençau, n° 42, juillet-août 2001)

Les jeunes Provençaux pour une lengo vivo

35 jeunes ont participé au stage de provençal de la toute nouvelle association "Prouvençau Lengo vivo". Ce stage présentait l'autre originalité d'être animé uniquement par de jeunes enseignants. Vu le succès, l'association prévoit de réaliser le stage 2002 dans un lieu pouvant accueillir 70 stagiaires.

(L'Èime Prouvençau, n° 41, mai-juin 2001)

Langues du Midi : éloge de la diversité

Dans le Midi de la France, les langues d'oc occupent l'essentiel de l'espace, où elles laissent la portion congrue au basque, doyen de nos idiomes, au catalan et au corse. Reste que ces langues d'oc recouvrent elles-mêmes une indéniable diversité, soulignée lors d'un colloque, qui s'est tenu à la Sorbonne, le 15 juin. Ce colloque, animé par des spécialistes universitaires des langues méridionales, était organisé par le CEROC (Centre d'enseignement et de recherche d'oc, Paris IV-Sorbonne) et le CREDILIF (centre de recherche sur la diversité linguistique de la francophonie, Rennes-2), avec le concours de la Délégation générale à la langue française (DGLF, ministère de la Culture), qui était représentée par Michel Alessio, chargé des langues régionales, et de l'Unioun Prouvençalo, qui avait emmené une délégation à Paris.

Le professeur Philippe Blanchet, directeur du CREDILIF et spécialiste du provençal, le rappelle : "Une langue n'est pas seulement une pratique, mais aussi la représentation qu'en ont ses locuteurs et qui a une grande importance". Pour Bernard Moreux (CNRS), spécialiste du béarnais et du gascon, "il faut donc absolument respecter le choix des locuteurs quant au nom de leur langue". Pour la bonne et simple raison que "la langue, on va la porter comme un drapeau, comme une façon d'être soi-même", insiste la linguiste Henriette Walter.

Ces considérations prennent toute leur importance à l'heure où les langues d'oc sont exposées à une entreprise de standardisation. Rabaisser les langues provençale, niçoise (dont la situation a été présentée par Adolphe Viani), gasconne ou auvergnate au rang de dialectes n'est pas innocent. "Nous ne sommes pas là pour enseigner le patois. Le patois est mort, enseignons l'occitan", avait ainsi déclaré un responsable du mouvement occitaniste en usant de cette terminologie. Cette politique se fait ressentir. Selon B. Moreux, "on peut observer une languedocianisation rampante du béarnais utilisé aujourd'hui". S. Souspel (Paris III) relève quant à lui "l'effacement de la notion d'Auvergne pour celle de Massif Central" et le fait que "la pente naturelle vers le Nord est en train de s'inverser".

Tout cela s'explique : "Le standard permet plus facilement une officialisation, ce qui renvoie à une opposition au français et non à une complémentarité entre ces langues placées à des niveaux différents", commente Philippe Blanchet. "Il est paradoxal de vouloir défendre les langues régionales sans respecter la diversité".

Sur ce point, l'exemple pourrait venir de l'Île de beauté, où "personne ne voulait d'un espéranto corse", explique le sociolinguiste Jean-Baptiste Marcellesi (CNRS). Après avoir obtenu son "autonomie linguistique" vis-à-vis du toscan et de l'italien standard, la langue corse a vu reconnaître son caractère polynomique. Le texte instituant le CAPES de corse prévoit ainsi explicitement qu'aucune variété de la langue ne sera privilégiée.

On le voit, il existe une forte vitalité des usages et des représentations des langues du Midi, où la diversité linguistique est doublée d'une hétérogénéité des situations sociolinguistiques. Pour Philippe Blanchet, cette constatation souligne le problème de "l'échelon auquel on va développer les langues régionales. Il est évident que les mesures ne doivent pas être les mêmes pour tous les domaines d'oc".

Pour le Pr Blanchet, c'est donc "en s'appuyant sur la réalité des pratiques et en stimulant les locuteurs de base que l'on peut réactiver une conscience et un intérêt pour les langues régionales". Il s'agit ni plus ni moins que de "lutter contre l'uniformité", comme y invite G. Molinié, président de l'université Paris IV-Sorbonne. "On devrait déconnecter l'idée nationale de l'idée linguistique et tout deviendrait moins pathétique. Il faut refaire vivre ce patrimoine contre le nationalisme français".

(L'Èime Prouvençau, n° 41, mai-juin 2001)

Apprendre le provençal par correspondance

L'Astrado Prouvençalo ("la destinée provençale"), association fondée en 1965 par l'écrivain et enseignant Louis Bayle, a pour objectif principal d'éditer des livres concernant la langue et la littérature provençales, ainsi que d'organiser des cours de provençal par correspondance. Ces cours, créés par Louis Bayle, sont désormais dirigés par Michel Courty et Philippe Blanchet, écrivains provençaux et professeurs. La langue enseignée et utilisée est le provençal rhodanien, en orthographe moderne. Le cours de langue du premier degré propose vingt leçons et vingt devoirs aux débutants, contenus dans la Grammaire provençale de Louis Bayle (publiée par l'Astrado) et une cassette audio pour les premières leçons et les textes d'accompagnement. Le second degré est constitué d'un cours de langue et littérature provençales en deux parties. La première s'appuie sur les Morceaux choisis des auteurs provençaux (tome I : des débuts de la renaissance à la mort de Mistral) publiés par l'Astrado. Trente devoirs amènent à travailler davantage la langue, à écrire des textes et à découvrir la littérature provençale. La seconde partie, récemment refondue, s'appuie désormais sur l'Anthologie de la littérature provençale moderne de Michel Courty (de la renaissance du XIXème siècle à aujourd'hui) publiée en 1997 par l'Astrado. Vingt nouveaux devoirs proposent des exercices pour s'approprier un maniement plus avancé de la langue, pour s'habituer à rédiger de véritables commentaires littéraires et pour étudier en profondeur les thèmes, genres, styles et esthétiques de la littérature provençale moderne. Chaque niveau peut être suivi en une ou deux années. Un Diplomo d'estùdi prouvençau est décerné à la fin de chaque cours. Les correcteurs sont tous des écrivains reconnus et des enseignants professionnels. Pour plus d'informations et pour inscription, contacter L'Astrado Prouvençalo, 7 les Fauvettes, 13130 Berre-l'Étang ou par courrier électronique au directeur des cours: philippe.blanchet@uhb.fr.

(L'Èime Prouvençau, n° 41, mai-juin 2001)

Une fédération des Provençaux des deux versants des Alpes

De part et d'autre d'une frontière qui est de moins en moins visible, les associations culturelles provençales mènent un même combat: celui de la sauvegarde de la langue provençale, dans la réalité de ses parlers locaux, pour ne pas avoir à céder le pas à une langue normalisée qui les négligerait. L'ambition de l'Unioun Prouvençalo transaupino, créée le 1er avril à Gap, est précisément de faire reconnaître cette réalité par les États français et italien et par les institutions européennes. "Français, Italiens, Provençaux et Européens", ont proclamé les initiateurs de cette démarche, qui se retrouvent derrière ce "point d'union" que sont la langue et la culture provençales.

Faut-il en effet le rappeler, la langue provençale est la langue autochtone des vallées du Piémont limitrophes de la Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ces liens entre fraires de lengo, selon l'expression consacrée, n'ont cessé de se renforcer depuis la Libération. Fédérant quelque 90 associations réparties sur l'aire linguistique provençale franco-italienne, l'Unioun Prouvençalo transaupino s'est précisément donnée pour buts: la reconnaissance de la langue provençale par les Etats français et italien, et les institutions européennes; la sauvegarde, la promotion et l'enseignement de la langue provençale dans les contrées françaises et italiennes où elle est traditionnellement parlée et écrite, ainsi que de la culture provençale; le renforcement des liens culturels, historiques, économiques et humains entre ces contrées; l'organisation de rassemblements, événements et échanges culturels transfrontaliers. La création de cette fédération franco-italienne a été marquée par un concert où se sont mêlées les voix des deux versants des Alpes provençales. Jan-Nouvè Mabelly, les Troubaires de Coumboscuro, les chorales du Pais Briançounès, de La Valaddo et du Pais Gavouot ont animé ce concert devant une salle des Pénitents qui était comble.

Unioun prouvençalo transaupino, mairie, 1, rue Aspirant-Jan, 05100 Briançon.

(L'Èime Prouvençau, n° 40, mars-avril 2001)

50 ans de rapports étroits

Les premières rencontres entre compatriotes provençaux des deux versants des Alpes eurent lieu en 1953 à Maillane, puis lors des Santo-Estello de Gap, en 1956, et de Toulon, en 1958, ainsi que l'a rappelé le rèire capoulié Paul Pons. En 1961, sous la houlette de Gustavo Buratti notamment, une rencontre fut organisée dans le Piémont, à Crissolo, au pied du Mont-Viso. Les poètes provençaux versèrent alors de l'eau de la Durance, du Rhône, de la Sorgue et de l'Ubaye dans la source du Pô... On ne compte plus, depuis ces rencontres symboliques, les manifestations qui, des anciens Escartons d'Oulx ou de Pragela à Ganagobie et de Briançon à Coumboscuro, rassemblent régulièrement les Provençaux des deux versants des Alpes autour de la langue et de la culture qu'ils partagent. Depuis 1971, chaque année, la Traversado, traversée des Alpes à pied par des Provençaux à la rencontre de leurs compatriotes du Piémont, témoigne aussi de leurs liens fraternels.

(L'Èime Prouvençau, n° 40, mars-avril 2001)

Unioun dis escrivan prouvençau

En 1973, les écrivains de langue provençale se regroupaient au sein de l'Unioun dis escrivan prouvençau. Aujourd'hui, cette association reprend ses activités militantes, et espère faire entendre sa voix dans le débat qui s'instaure sur la question des langues de France. Les écrivains qui s'inscrivent dans la tradition mistralienne sont bien entendu les premiers concernés par le combat pour la reconnaissance de la langue provençale. Unioun dis escrivan prouvençau, rue Promenade d'hiver, 84110 Saint-Romain-en-Viennois.

(L'Èime Prouvençau, n° 39, janvier-février 2001)

L'union des Provençaux et des Niçois

L'Unioun Prouvençalo, groupement de 85 associations culturelles de Provence-Alpes-Côte d'Azur, et la Fédération des associations du Comté de Nice, qui en réunit 27, ont posé les bases d'actions communes lors d'une première rencontre, le 18 novembre à Nice. Plusieurs initiatives ont été arrêtées par les deux mouvements régionalistes, afin de développer les langues provençale et niçoise, dont les spécificités doivent être affirmées dans le cadre de la famille d'oc. L'Unioun Prouvençalo et la Fédération des associations du Comté de Nice ont ainsi pris attache avec le Conseil régional pour évoquer le soutien qu’il apporte aux cultures provençale et niçoise. Les deux mouvements entendent également agir de concert auprès des autorités de l'État. L'objectif est en particulier d'obtenir :

* de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) qu'elle prenne enfin en compte les projets des acteurs de la culture régionale ;

* du ministère de la Culture qu'il reconnaisse et aide le niçois et le provençal. Cette même demande sera formée auprès de la Commission européenne.

Un autre axe de travail concerne l'audiovisuel. L'Unioun Prouvençalo et la Fédération des associations du Comté de Nice sont intervenues auprès de France 3 Méditerranée et de Radio-France pour qu'une place significative soit accordée au niçois et au provençal dans les programmes du service public de l’audiovisuel de Provence-Alpes-Côte d'Azur. D'autres initiatives communes seront envisagées par les deux mouvements, qui entendent œuvrer côte à côte pour la promotion des langues patrimoniales de notre Région.

(L'Èime Prouvençau, n° 38, novembre-décembre 2000)

Italie : naissance de la "Consulta provenzale"

La Consulta provenzale, qui est l’équivalent du collectif Prouvènço dans les vallées provençales du Piémont, a été créée afin de sauver la langue provençale dans le respect de sa diversité sur l’autre versant des Alpes. La Consulta entend ainsi obtenir la reconnaissance de la langue provençale dans la loi italienne sur les minorités linguistiques et son insertion dans les textes officiels et réglementaires de la Région Piémont. Elle est animée par Paolo Michelis.

Consulta provenzale, casella postale n° 40, I-12084 Mondovì-Carassone (Italie) - courriel : prouvenco@libero.it

(L'Èime Prouvençau, n° 38, novembre-décembre 2000)

Tintin parle prouvençau sur France 3

Le dessin animé Tintin est désormais diffusé en provençal, chaque samedi après-midi, sur France 3 Méditerranée. Deux séries d’épisodes ont été adaptées au provençal par Jean-Marie Ramier : "Li bijout de la Castafiore" et "l’afaire viro-soulèu". Tintin a la voix d’Eric Bourbon, natif de Maillane, le capitaine Haddock celle du chanteur provençal Jan-Nouvè Mabelly, la Castafiore a l’accent arlésien d’Annette Clément, le professeur Tournesol est interprété par le Niçois Richard Cairaschi, les Dupont par le Marseillais Manu Terron…

Cette version provençale de Tintin est le résultat de plusieurs années de mobilisation de la part des mouvements régionalistes provençaux, réunis au sein du comité de pilotage des émissions en provençal de France 3. C’est principalement le financement de l’opération qui posait problème. L’association Télév’Oc Provence a réuni les 300.000 francs nécessaires auprès du Conseil général des Bouches-du-Rhône (pour les deux tiers), de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et du Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence.

Ce dessin animé vient encore renforcer la présence de la langue provençale sur l’antenne de France 3 Méditerranée. L’émission dominicale Vaqui est en effet maintenue, de même que les informations quotidiennes en provençal, Vuei, diffusées à la mi-journée. Veici, dans le cadre de laquelle est diffusé Tintin, s’enrichit quant à elle d’une chronique littéraire de Jean-Pierre Belmon.

En 1999, le taux d’écoute moyen des émissions en provençal de France 3 était de 12 %. Il a atteint 12,8 % durant le deuxième trimestre de 2000.

(L'Èime Prouvençau, n° 37, septembre-octobre 2000)

Des "Coupier" pour les lycées de Provence

L’association du dictionnaire français-provençal a offert 50 exemplaires du trésor de Jules Coupier, destinés à l’ensemble des lycées où sont enseignés le provençal et le niçois. La remise de ces dictionnaires s’est déroulée le 7 octobre à l’Hôtel de Région, en présence de l'auteur manosquin.

"L’enseignement du provençal n’est pas une fin en soi. C’est important, mais il faut aller au-delà en donnant à notre langue un rôle social dans l’économie, la politique, la vie de tous les jours", a souligné à cette occasion le Pr Philippe Blanchet, président de l’association. De son côté, Claude Mauron, qui représentait le recteur, a insisté sur la nécessité de disposer "de moyens et d’outils" pour l’enseignement de la langue, passage obligé pour "un apprentissage qui ne passe plus par la famille". Au nom du président Vauzelle, Odette Boivin, présidente de la commission formation initiale et recherche du conseil régional, a dit sa "très grande satisfaction" de voir des lycéens en grand nombre pour cette manifestation et qui vont "continuer la tradition de la langue provençale".

(L'Èime Prouvençau, n° 37, septembre-octobre 2000)

La création du collectif Prouvènço

Le collectif pour la langue et la cultures provençales a été porté sur les fonts baptismaux le 26 mars 2000 à Lançon-de-Provence lors d’une réunion publique qui a réuni quelque 250 Provençaux. "Nous ne sommes pas là pour allumer une nouvelle guerre de religions", a insisté Jean-Claude Roux, directeur des Nouvello de Prouvènço, lors de cette réunion publique. "Nous sommes là pour défendre la langue et la culture provençales. C’est un mouvement social qui est en marche".

Le but est en effet d’obtenir la reconnaissance du provençal comme langue régionale de France, et de défendre la graphie mistralienne. Le collectif entend également empêcher de voir effacer le nom de la Provence et son identité au profit d’une Occitanie mythique qui n’a pas, ici, de réalité historique. "Une langue d’Oc unique et une Occitanie une et centralisée sont un mythe, une idéologie intellectuelle", a répété Bernard Deschamps, président de Parlaren en Vaucluso. Cela constitue pourtant une réelle menace : "Tant qu’il y a des gens qui auront parlé le provençal d’Aubanel, on pourra s’opposer à certains discours. Le problème, c’est quand ce discours s’adresse à des populations qui ne connaissent pas le provençal et qui peuvent se laisser convaincre", a averti le majoral Rémi Venture.

La menace est particulièrement vive dans l’enseignement. �Le risque est ni plus ni moins que de voir disparaître le nom des dialectes au profit du nord-occitan, de l’occitan moyen ou du sud-est occitan ! Au nom de l’Unioun Prouvençalo, Henri Féraud a souligné le rôle que pouvait jouer la Région pour la défense du provençal : "Les décisions doivent être prises à leur niveau d’effet. Nous voulons plus de démocratie. Le respect de chacun doit s’appliquer aux idiomes".

Collectif Prouvènço, domaine du Bois Vert, 13450 Grans.

(L'Èime Prouvençau, n° 34, mars-avril 2000)

 

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