Lengo regiounalo

Langues régionales - Lingue regionali


 

 

 

2006

 

 

2005

 

 

 


L'ANPE refuse des annonces en breton

Après le refus, l'automne dernier, d'une annonce bilingue français-breton pour des emplois proposés par les écoles Diwan par l'ANPE de Brest, une autre agence cette ville a refusé de passer une annonce bilingue émanant de la radio Arvorig FM pour recruter deux animateurs à mi-temps. Dans les deux cas, l'ANPE s'est retranchée derrière l'article 2 de la Constitution et la loi Toubon, alors même que cette dernière stipule qu'elle s'oppose pas à l'usage des langues régionales de France. Au demeurant, ces annonces sont parfaitement compréhensibles de tous, puisque bilingues En revanche, l'ANPE diffuse sans probléme des en anglais, sans traduction en français... La préfète de la Région Bretagne a ete saisie.

(L'Eime Prouvençau N°65, janvier-février 2006)

 

Département du Pays basque: les maires toujours mobilisés

76 maires du Pays basque (sur un total de 159, dont 131 ont répondu) se sont prononcés pour l'organisation d'un référendum sur la création d'un département du Pays basque, distinct des Pyrénées-Atlantiques. Cette consultation était organisée par le Biltzar, une assemblée traditionnelle qui regroupe les édiles des trois provinces formant le Pays basque français.

Le président du Biltzar, André Darraïdou, maire d'Espelette, justifie cette initiative par le fait que "nous avons une langue, une culture, une manière de voir différente de celle des Béarnais. Or, nous ne possédons rien qui nous permette d'exister comme une identité forte, ni culturellement, ni économiuement". (La Croix, 2 nov.).

(L'Eime Prouvençau N°65, janvier-février 2006)

 

L'aranais reconnu dans le projet de statut d'autonomie de la Catalogne

La proposition de réforme du statut d'autonomie de la Catalogne, approuvée par le Parlement catalan le 30 septembre et actuellement soumis à l'accord du Parlement espagnol, donne l'officialité à l'aranais. Le projet de statut définit le Val d'Aran comme une "réalité nationale occitane" avec un caractère particulier au sein de la Catalogne et donne à la "langue occitane, appelée "aranès" dans le Val d'Aran, le caractère de langue propre et officielle", tant dans ce territoire qu'en Catalogne. Ce point du statut a été adopté par 120 voix contre les 15 voix du Parti populaire catalan, opposé au statut.

(L'Eime Prouvençau N°65, janvier-février 2006)

 

3èmes Entretiens internationaux de Charance

Les mets et les mots

La place de la cuisine et des produits dans les langues régionales de I'arc alpin, tel était le thème de cette troisième rencontre entre spécialistes et promoteurs du provençal, du niçois, du francoprovençal, du piémontais et d'autres langues alpines.

 

L'invitation était alléchante: "De la langue à la bouche", annonçait en effet le titre des 3èmes Entretiens internationaux de Charance, qui, depuis 2002, convient spécialistes et promoteurs des langues régionales de l'arc alpin à se retrouver à Gap. L'objet était d'établir un lien entre la cuisine et les langues.

Comme le rappelait en introduction Hélène Colin-Deltrieu, professeur certifiée de provençal, "la bouche n'est-elle pas le premier lien entre la langue et la cuisine ?"

Au fil des interventions, il a donc été question de plantes comestibles des Alpes (épinard sauvage, orties, millopertuis, hysope, sarriette des montagnes, pissenlit, plantain, sureau noir...), mais aussi de spécialités et de traditions culinaires.

Pour le pays niçois, Jeannine Oddo a évoqué la pissaladièra, cette tourte à l'oignon dont le nom vient du pissala (purée d'anchois), et le pan bagnat (un pain rond tranché dont l'intérieur sera frotté avec de l'ail et imbibé -d'où son nom- avec une tomate mûre et de l'huile d'olive, avant d'être garni de tranches de tomate, d'olives, de fonds d'artichaut, d'oignons blancs...). Un pan bagnat qui se retrouve aujourd'hui dans toute la France... et à toutes les sauces ! De la même manière que le bodi (patate) ou l'imbalo (cuit à l'étouffée) des vallées provençales du Piémont s'est exporté dans toute l'Italie, a relevé Frederi Arneodo, professeur d'école supér_eure.

Dans la Vallée d'Aoste, la polenta est apparue avec le maïs, au XIXème siècle, avant l'ar~ivée de la pomme de terre, a rappelé Alexis Bétemps, directeur du centre francoprovençal de la Vallée d'Aoste. I1 est également revenu sur les différentes solutions imaginées par les Valdôtains pour la conservation des aliments, grâce aux glacières naturelles, à la glace stockée en cave, au cellier, au séchage et à la salaison, qui précédait la conservation sous vide, sous la paille par exemple. Une conservation liée à un facteur culturel: ainsi, dans les trois communes walser de la vallée, on fumait la viande plutôt que de recourir à la salaison.

En Provence, de nombreuses spécialités rappellent la langue provençale. Ainsi en est-il de la tapenade (du provençal tapèno, qui vient d'un mélange de câpres), de la bouillabaisse (boui-abaisso, qui rappelle la façon de préparer le plat), dans laquelle On retrouve la rascasso, le roucau, la fiela, le loup... Les navettes, la soupe au pistou, l'aioli sont d'autres termes "qui peuvent être employés pour la transmission de la langue", a souligné Hélène Colin-Deltrieu.

(L'Eime Prouvençau N°66, été 2006)

Enseigner la diversité des variétés: l'exemple valdôtain

Le francoprovençal compte quelque 75 variétés différentes. Et la volonté de ses promoteurs, comme des autorités publiques est bien de maintenir cette diversité, et non de lui substituer ce que les spécialistes nomment un "koyné", autrement dit une variété de référence.

Reste la question de l'enseignement et surtout des outils pédagogiques. Présente à Gap, lors des Entretiens de Charance, Lydia Philippot a évoqué l'expérience menée au Val d'Aoste lorsqu'il s'est agi de lancer en 1996 "l'école populaire du patois", dont le but était de répondre à la demande d'enseignement des habitants de la vallée Au-delà de la formation des enseignants, il a été fait le choix de publier non un manuel, mais une sorte de "guide". Un ouvrage à l'usage des enseignants et non des élèves, qui leur permette de structurer leurs cours tout en les amenant à les adapter à la variété locale du francoprovençale. "On ne pouvait que s'appuyer sur la compétence active des enseignants", observe Alexis Bétemps.

"En travaillant sur tous ces patois, on s'est aperçu qu'il y avait parfois des différences de structures", a relevé Mme Philippot. "On s'est dit qu'on allait donner des exemples différents pour attirer l'attention des enseignants sur la nécessité d'enseigner la variété de l'endroit où ils allaient enseigner. Et on a cherché des réjérences pour quatre parties de la vallée. Pour la grammaire, nous avons comparé la place des compléments, par exemple, qui peut changer selon les variétés".

Une anthologie "Paroles du pays" a été jointe à cet ouvrage, afin d'illustrer les thèmes par des textes d'auteurs dans différentes variétés.

 

(L'Eime Prouvençau N°66, été 2006)

 

Politique linguistique: la Bretagne demande "le droit à l'expérimentation"

Dans une interview au journal Ouest-France (6 juin), le président de la région Bretagne, Jean-Yves Le Drian, annonce qu'il va déposer, avec Marylise Lebranchu, "une proposition de loi demandant qu'il soit accordé à la Bretagne (le droit à I'expérimentation) pour la politique culturelle". M. Le Drian précise que cela signifierait "avoir la responsabilité reconnue de la compétence linguistique sur I'ensemble du territoire breton. Pas la responsabilité des nominations d'enseignants, non. Mais la responsabilité des moyens, au même titre que nous l'avons aujourd'hui surles transports régionaux".

Dans cet entretien, M. Le Drian indique par ailleurs que le nombre d'élèves en breton progresse actuellement de 8% par an, son objectif étant d'atteindre 12 % et 20.000 élèves d'ici 2010. Le budget dédié à la culture bretonne est passé de 3,2 millions d'euros en 2004 à près de S,S millions aujourd'hui. "Et puis, il y a la symbolique: dans nos publications, dans la signalétique et même les cartes de visite des élus, le bilinguisme est devenu la règle. Il en sera bientôt de même pour les TER", annonce M. Le Drian.

(L'Eime Prouvençau N°66, été 2006)

Microsoft office bientôt en alsacien

Un protocole de partenariat a été signé entre la région Alsace et Microsoft pour la réalisation d'une version de Microsoft Office en alsacien, première mondiale dans le domaine des langues régionales. Ce projet aboutira la traduction de 50.000 mots ou textes en alsacien, afin d'adapter Word, Excel, Outlook... Ce chantier mobilisera enseignants et étudiants de l'institut de dialectologie de l'université Marc-Bloch de Strasbourg. Le glossaire de base (2.500 mots) a déjà été traduit par le Pr Matzen. Le navigateur deviendra ainsi le Webschnuffler ("renifleur du web") et le clavier le Taschtbrett ("planche à touches").

Microsoft Office en alsacien sera disponible au cours du second trimestre 2007, gratuitement pour tous les possesseurs d'une version, soit en téléchargement, soit sur un CDRom diffusé par l'Office pour la langue et la culture d'Alsace.

Une version en catalan est également en projet.

(L'Eime Prouvençau N°66 été 2006)

Vers un accord avec le gouvernement basque

L'office public de la langue basque, organisme chargé de développer l'enseignement du basque en France, pourrait signer d'ici la fin de l'année une convention avec le gouvernement autonome basque, en Espagne. Cette convention "amplifiera" un protocole de coopération de 2003 en faveur de l'enseignement de l'euskara en France. Actuellement, un enfant sur quatre (soit 6.000 élèves environ) apprend le basque en maternelle ou en primaire en immersion, et 218 des 349 des établissements scolaires dispensent un enseignement en basque.

(L'Eime Prouvençau N°66, été 2006)

 

Culture bretonne: manif à Rennes

Plusieurs milliers de personnes (4.000 selon la police) ont manifesté à Rennes, le 3 juin, pour demander le transfert de compétences et de moyens de l'État vers la région dans les domaines linguistiques et culturels.

(L'Eime Prouvençau N°66, été 2006)

 

Les langues régionales présentes dans la loi sur le droit d'auteur

La loi relative au droit d'auteur dans la société de l'information, adoptée en juin par le Parlement français, contient une référence aux langues régionales. I1 s'agit d'une disposition accordant un crédit d'impôt aux entreprises de production phonographique pour des dépenses de production, de développement et de numérisation d'un enregistrement musical. Les productions devront concerner de nouveaux talents "interprétant des œuvres musicales d'expression françcaise ou dans une langue régionale en usage en France".

(L'Eime Prouvençau N°66, été 2006) 

Une voix plurielle pour les langues du Sud de la France

C'est un pas déterminant pour la pleine reconnaissance des langues régionales auvergnate, gasconne, niçoise et provençale. Réunis à Thiers, en Auvergne, quatre mouvements représentatifs œuvrant pour ces différentes langues -le Cercle Terre d'Auvergne, le Conservatoire du Patrimoine de Gascogne, l'Institut Béarnais et Gascon et l'Unioun Prouvençalo- viennent en effet d'arrêter une position commune s'appuyant sur une vision pluraliste des langues d'Oc. Cette prise de position prend la forme d'une "adresse", qui a été envoyée, le 8 avril 2002, aux candidats à l'élection présidentielle. Ces mouvements culturels y prônent le respect des idiomes authentiques du domaine d'Oc, dont la pérennité est menacée par les partisans d'une langue standard artificielle, qui serait commune à plus de 32 départements français, outre le Val d'Aran (Espagne) et les vallées provençales du Piémont italien...

Dans cette "adresse", les quatre mouvements rappellent que "les langues régionales, distinctes dès l'origine, ont évolué de façon autonome, donnée objective qui aboutit à leur indépendance de fait". Elles demandent donc "qu'on tienne compte de ces réalités de manière déterminante, en s'attachant aux aspirations effectives des locuteurs".

Les signataires de "l'adresse" dénoncent "les préférences accordées au groupe de pression occitaniste, dont l'idéologie uniformisatrice dangereuse pour la pérennité des idiomes régionaux authentiques ne peut aboutir qu'à la disparition des langues régionales d'Oc". Face à cela et aux "partisans les plus extrémistes d'une langue standard artificielle dite occitan", les mouvements réunis en Auvergne demandent "que l’attitude soit rééquilibrée au profit de ceux qui œuvrent effectivement pour la transmission et l’enrichissement des patrimoines régionaux authentiques du domaine d'Oc dans le cadre de la République française".

Le Cercle Terre d'Auvergne, le Conservatoire du Patrimoine de Gascogne, l'Institut Béarnais et Gascon et l'Unioun Prouvençalo se déclarent prêts, dans cette perspective, à fournir des propositions concrètes, efficaces et économiques "pour assurer le développement des langues et cultures régionales dans une optique visant à des rapports harmonieux entre elles et la langue et la culture nationales françaises, en une complémentarité fructueuse".

 

Résolution du Parlement européen pour les langues régionales

Le Parlement européen a adopté une résolution en faveur des langues régionales et minoritaires, le 4 septembre 2003. Le rapport d'initiative du député italien Michl Ebner a été adopté par 431 voix contre 30 et 23 abstentions. Dans cette résolution, le Parlement européen dénonce l'absence de dispositions législatives à l'échelle de l'Union concernant les langues régionales et/ou minoritaires. Il demande que la prochaine Conférence intergouvernementale, qui négociera le projet de Constitution européenne, complète les dispositions relatives à la politique culturelle par une référence explicite à la promotion de la diversité linguistique, y compris des langues régionales et minoritaires, comme expression de la diversité culturelle. Le Parlement formule également des recommandations à l'adresse de la Commission européenne, en lui demandant d'agir avant le 31 mars 2004. La Commission est notamment invitée à réaliser une étude de faisabilité sur l'instauration d'une agence européenne pour la diversité linguistique et l'apprentissage des langues et à mettre en œuvre un programme pluriannuel pour la diversité linguistique. Le Parlement européen demande par ailleurs des mesures financières concrètes pour la promotion de projets visant à l'acceptation du multilinguisme entre langues officielles et minoritaires.

 

Des assises des langues de France pour quels résultats ?

Plusieurs centaines de promoteurs des langues régionales -dont plus d'une vingtaine de représentants du mouvement culturel provençal et niçois- ont participé aux premières assises nationales des langues de France, le 4 octobre, à Paris. Ce rassemblement était organisé à l'initiative du ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon. Celui-ci s'est employé à montrer que "l'intérêt que l'Etat porte aux langues régionales n'est pas nouveau" et a considéré que leur développement passait par une action interministérielle et par des outils de promotion linguistique associant l'État et les collectivités territoriales. Le ministre a par ailleurs annoncé la relance et la redéfinition des missions du Conseil national des langues et cultures régionales, créé en 1985.

Si cette première rencontre nationale organisée par l'État constitue une initiative importante sur le plan symbolique, il ne faut cependant pas en attendre de grands résultats. Les différentes discussions ont avant tout permis d'avoir un aperçu de ce qui se faisait dans certaines régions, tant de la part de structures associatives que de la part des pouvoirs publics, et de faire émerger un certain nombre de souhaits de la part des promoteurs des langues de France.

Mais d'engagements concrets, les promoteurs des langues de France n'en ont point entendu. Bernard Cerquiglini, délégué général à la langue française et aux langues de France, n'a fait que relever un certain nombre de questions qui se posaient. La "souffrance" des acteurs culturels de "l'absence de droit positif en matière de langues de France autres que le français", mais, a-t-il précisé, "la réponse appartient à la représentation nationale". S'agissant des médias, M. Cerquiglini a évoqué la possibilité d'améliorer les cahiers des charges du service public de l'audiovisuel (France 3 et France Bleu). Enfin, il a insisté sur les possibilités offertes par la décentralisation. Par exemple pour la formation des maîtres, que certaines régions pourraient prendre en charge dans le cadre de l'expérimentation.

Reste à savoir ce que le ministère de la Culture entend donner comme suite à cette réflexion. Une réponse énigmatique figure dans le projet de budget du ministère pour 2004: "370 000 euros (+ 23 %) permettront d'assurer notamment le suivi des premières Assises nationales des langues de France".

 

A propos de l'opération "Occitan langue olympique"

Les 5 et 6 mars 2004, à Turin et Bardonnèche (Piémont), l'association "Chambra d'oc" a organisé un "événement culturel international" intitulé "Occitan langue et culture olympiques", dans la perspective des Jeux olympiques d'hiver de Turin 2006. Dans les documents annonçant cette manifestation, il a été fait mention du soutien de l'Unioun Prouvençalo et de l'Unioun Prouvençalo Transaupino.

L'Unioun Prouvençalo et l'Unioun Prouvençalo Transaupino tiennent à protester avec vigueur contre l'usurpation de leur nom à laquelle se sont livrés les organisateurs. En effet, elles n'ont bien entendu jamais apporté leur crédit au projet "occitan langue olympique", n'ayant, au contraire, jamais eu de cesse que de dénoncer l'opération de manipulation qu'il constitue.

L'Unioun Prouvençalo l'a d'ailleurs fait de nouveau, le 28 février, en adoptant une déclaration commune avec d'autres mouvements des pays d'oc (le Cercle Terre d'Auvergne, l'Institut Béarnais et Gascon et le Conservatoire du Patrimoine de Gascogne). Cette déclaration souligne notamment "le caractère totalement artificiel d'un "occitan olympique" et considère qu'il s'agit d'une "opération purement médiatique", alors que la priorité devrait être accordée à "la promotion locale de chacune des langues d'oc réellement parlées", le provençal alpin en l'occurrence dans les vallées du Briançonnais italien.

Une délégation de l'Unioun Prouvençalo s'est rendue à Bardonnèche, le 6 mars, pour affirmer clairement qu'elle s'opposait à ce projet, mais il ne lui a pas été permis de prendre la parole.

L'Unioun Prouvençalo et l'Unioun Prouvençalo Transaupino ont saisi leur avocate de ce dossier, afin d'étudier les suites à y donner. Toute nouvelle mention de leur prétendu soutien à cette manifestation ou à ce projet serait susceptible d'entraîner une action judiciaire. (6 mars 2004)

 

Plan de sauvegarde de la langue bretonne - L'engagement historique de la Bretagne

Au terme d'un débat qualifié d'historique, les 83 élus du conseil régional de Bretagne se sont prononcés en faveur de la reconnaissance officielle du breton et du gallo, le 17 décembre. Cette reconnaissance se double d'un véritable plan pour ces langues régionales, qui s'inscrit dans le cadre d'une "vision politique globale sur le moyen et long terme". Le rapport adopté précise ainsi que "la langue bretonne appartient à l'ensemble de la population bretonne et non a une poignée de passionnés, quels que soient leur mérites. Il importe donc que les pouvoirs publics intègrent sa survie dans leur politique." Si l'on recense à ce jour 300 000 personnes parlant le breton dans les 5 départements de la Bretagne historique (les 4 départements bretons et la Loire-Atlantique), 64% des locuteurs ont plus de 60 ans. Même si des signes d'espoir existent, il y a donc urgence à intervenir, selon Jean-Pierre Thomin, président de la commission culture et délégué à la politique linguistique, pour relancer et renforcer la transmission de cette langue régionale, en danger d'extinction. Priorité est donnée dans ce plan à l'apprentissage de la langue, l'objectif étant d'atteindre 20000 élèves dans les classes bilingues d'ici 2010, alors qu'ils ne sont que 9700 aujourd'hui dans les 5 départements. "Objectifs ambitieuc mais réalistes", a affirmé le Président de la Région, Jean-Yves Le Drian, sachant que le nombre d'enfants inscrits dans cette filière augmente de 10% par an. Les effets s'en font déjà ressentir : s'il n'y a que 0,8% des 15-19 ans qui parlent breton, ils sont 3% des 5-14 ans à le faire et 4,5% à le comprendre sur l'ensemble de la Bretagne. Pour accentuer cette évolution, la Région Bretagne propose de former 150 enseignants par an, d'attribuer des dotations complémentaires aux établissements dispensant des cours de breton et de gallo, de renforcer l'apprentissage des adultes et de stimuler la transmission familiale. Jean-Pierre Thomin, porteur de ce projet, préconise également dans son rapport que le breton soit plus présent dans la vie sociale et publique des Bretons, de même que dans les médias (par le biais de conventions avec les radios et les télévisions) et la création culturelle (édition, théâtre e chant). La Région entend par ailleurs développer le bilinguisme dans ses services. Enfin le Conseil régional de Bretagne a de nouveau exigé que la France ratifie la charte européenne des langues régionales ou minoritaires.

 

Les amendements pour la reconnaissance des langues de France dans la Constitution rejetés

L'Assemblée nationale, le 26 janvier, puis le Sénat, le 16 février, ont rejeté les différents amendements qui avaient été proposés par des parlementaires en faveur des langues régionales, à l'occasion de la discussion sur la révision de la Constitution française en vue du référendum sur le Traité constitutionnel européen. Certains de ces amendements visaient à faire un ajout concernant "le respect des langues régionales" à l'article 2 de la Loi fondamentale, qui ne reconnaît que la langue française depuis 1992. D'autres propositions visaient à permettre la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, perspective rendue impossible par la décision du Conseil constitutionnel de 1999 jugeant que cette convention était contraire à la Loi fondamentale française.

Le gouvernement s'est opposé à l'ensemble de ces amendements, de même que les rapporteurs parlementaires de la révision constitutionnelle. L'ensemble des amendements déposés a été rejeté.

Les collectivités territoriales impliquées dans l'enseignement des langues régionales

Dans le cadre de la discussion sur le projet de loi sur l'avenir de l'école, le Parlement a adopté, le 24 mars, un amendement qui donne un rôle accru aux collectivités territoriales dans l'enseignement des langues régionales. Le code de l'éducation dispose désormais qu'un "enseignement de langues et cultures régionales peut être dispensé tout au long de la scolarité selon des modalités définies par voie de convention entre l'État et les collectivités territoriales où ces langues sont en usage".

Un amendement dans ce sens avait été adopté par l'Assemblée nationale à l'initiative du rapporteur du projet de loi, le député alsacien Frédéric Reiss, avant d'être supprimé par le Sénat. Il avait été rétabli par la commission mixte paritaire, sous la forme légèrement remaniée finalement soumise aux deux chambres, qui l'ont adopté définitivement le 24 mars.

Le détail du débat parlementaire

 

 

Convention de l'Unesco sur la diversité culturelle

"Un patrimoine commun de l'humanité"

La Conférence générale de l'Unesco a très largement approuvé la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Il s'agit d'un instrument juridique supplémentaire qui peut bénéf_cier aux langues régionales.

La Conférence générale de l'Unesco, réunie à Paris le 20 octobre, a approuvé la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Cet instrument juridique entrera en vigueur trois mois après sa ratification par 30 États. Il a été adopté malgré l'opposition des EtatsUnis. 148 États ont voté pour, deux contre et quatre se sont abstenus.

Fruit d'un long processus de maturation et de deux années d'intenses négociations, ce texte, qui revêt la forme d'un instrument juridique international, renforce l'idée qui figurait déjà dans la Déclaration universelle de l'Unesco sur la diversité culturelle, à savoir que la diversité culturelle doit être considérée comme un "patrimoine commun de l'humanité" et sa "défense comme un impératif éthique, inséparable du respect de la dignité de la personne humaine".

La Convention réaffirme le droit souverain des Etats d'élaborer des politiques culturelles en vue de "protoger et promouvoir la diversité des expressions culturelles" d'une part, et de "créer les conditions permettant aux cultures de s'épanouir et interagir librement de manière à s'enrichir mutuellement", d'autre part.

Au titre des droits et obligations des parties, le texte précise ainsi que celles-ci s'efforceront de crcer un environnement encourageant les individus et les groupes sociaux "à crcer, produire, diffuser et distribuer leurs propres expressions culturelles et à y avoir accès, en tenant dûment compte des conditions et besoins particuliers des femmes, ainsi que de divers groupes sociaux, y compris les personnes appartenant aux minorités et les peuples autochtones".

Cette Convention, qui défend deux piliers de la culture (le patrimoine et la création contemporaine), vient compléter d'autres textes internationaux pouvant concerner les langues et cultures régionales. Citons ainsi la Déclaration universelle de l'Unesco sur la diversité culturelle, adoptée en 2001, ou encore la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

Pour l'Unesco, les langues représentent une partie essentielle du patrimoine vivant de l'humanité. Elles constituent un facteur déterminant de l'identité. Or, plus de 50 % des 6000 langues au monde sont en danger de disparition, 96 % d'entre elles étant parlées par 4 % de la population mondiale. Le provençal et les autres langues d'oc sont classces par l'Unesco parmi les langues en danger (Atlas des langues en péril, 1996 et 2001).

 

"La diversité culturelle, une caractéristique inhérente à l'humanité"

 

La Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles stipule dans son préambule que "la diversité culturelle est une caractéristique inhérente à l'humanité".

Selon le texte, l'expression "diversité culturelle" renvoie à "la multiplicité des formes par lesquelles les cultures des groupes et des sociétés trouvent leur expression". Elle concerne le patrimoine culturel, sa transmission, son enrichissement, ainsi que la création artistique et la diffusion culturelle.

Comprenant 21 points, la Convention constate que les processus de mondialisation "représentent un défi pour la diversité culturelle, notamment au regard des risques de déséquilibre entre pays riches et pays pauvres". Elle reconnaît par ailleurs "l'importance des savoirs traditionnels en tant que source de richesse immatérielle et matérielle" ainsi que "la nécessité d'assurer leur protection et promotion de façon adéquate".

Le texte évoque "la nécessité de prendre des mesures pour protéger la diversité des expressions culturelles, y compris de leurs contenus, en particulier dans des situations où les expressions culturelles peuvent être menacées d'extinction ou de graves altérations". n reconnait que "la diversité des expressions culturelles, y compris des expressions culturelles traditionnelles, est un facteur important qui permet aux individus et aux peuples d'exprimer et de partager avec d'autres leurs idées et leurs valeurs".

La Convention rappelle aussi que "la diversité linguistique est un élément fondamental de la diversité culturelle" et réaffirme "le rôle fondamental que joue l'éducation dans la protection et la promotion des expressions culturelles".

 

 8.000 manifestants à Carcassonne

Quelque 8.000 personnes ont défilé en faveur de l'occitan, le 22 octobre à Carcassonne. Lesmanifestants demandaient "plus d'occitan à la télévision" et "une offre généralisée d'enseignement de la langue occitane" pour permettre à ceux qui en expriment le désir un enseignement de l'occitan. Cette manifestation était soutenue par des groupes politiques (Parti occitan, parti de la gauche catalane ERC et "Région et peuples solidaires"). Les mouvements provençaux ne s'étaient pas associés à cette manifestation. Le Collectif Prouvènço et

l'Unioun Prouvençalo contestaient notamment la vision "unicitaire" de la langue d'oc affichée par les organisateurs. Les mouvements provençaux restent attachés à la sauvegarde d'un patrimoine, autrement dit à la réalité des variétés des langues d'oc. La volonté ne doit être de créer une langue occitane qui serait le plus petit dénominateur commun de tous les locuteurs, de Bordeaux à Menton, mais bien d'œuvrer en faveur de tous les parlers issus de la langue des troubadours, qu'ils soient provençaux, auvergnats, gascons, limousins ou languedociens.

(L'Èime Prouvençau n° 65, hiver 2005)

 

Trois régions pour valoriser le picard

Les premières Journées interrégionales de la langue picarde se sont déroulées dans le Hainaut belge. Élus, responsables associatifs, artistes, conteurs et simples locuteurs de Picardie, du Nord-Pas-deCalais et du Hainaut belge ont adopté à cette occasion un appel dans lequel ils "affirment leur appartenance à une communauté culturelle et linguistique interrégionale transfrontalière". lls réclament l'application à la langue picarde des mesures existant en faveur des langues et cultures régionales au sein de l'Éducation nationale. La discrimination fut en effet un des thèmes principaux des débats. Le picard reste aujourd'hui boudé par l'Éducation nationale. Le picard serait parlé ou compris par près de deux millions de personnes au sein d'une zone peuplée de sept millions d'habitants.

(L'Èime Prouvençau n° 65, hiver 2005)

 

Edgar Morin et les "identités refoulées"

Invité de l'émission RFI-L'Express "L'invité de la semaine" (17 novembre), Edgar Morin était interrogé sur la crise des banlieues françaises et sur le communautarisme. "Le problème est très mal posé, parce que, en dehors même de la question des immigrés, on a assisté, à partir de la fin des annces 1960, à une poussce des identités régionales. Alors qu'il était interdit aux petits Bretons de parler breton, même dans la cour de récréation, nous avons vu surgir l'identité bretonne au cœur de la jeunesse. Désormais, on parle breton, il y a des journaux bretons... Le provençal s'exprime aussi et c'est encore plus vrai pour la Corse. Cette montée, au sein de la République, d'identités qui ont été refoulées et que l'on a voulu fondre en une espèce d'homogénéité culturelle correspond à la disparition d'un lien mais cela ne menace pas l'intégration (...). Autrement dit, il faut penser la France en termes d'unité et de diversité (...). I1 faut additionner nos caractéristiques et accepter le mélange. C'est pourquoi il est stérile d'opposer communautarisme et républicanisme".

(L'Èime Prouvençau n° 65, hiver 2005)

 

Vers un conseil de la langue corse

L'Assemblée de Corse a adopté, à I'unanimité, le rapport de I'exécutif de la Collectivité territoriale de Corse (CTC) relatif aux orientations stratégiques pour le développement de la langue corse. Il se révèle que I'enseignement du corse, même s'il s'est beaucoup développé ces dernières années, montre aujourd'hui ses limites. Après avoir fait réaliser un diagnostic précis sur le plan soclolinguistique, I'exécutif de la CTC va lancer une vaste réflexion collective. A terme, un comité de pilotage devrait être créer et appuyé par une commission d'experts. Ce comité de concertation voluera plus tard en un conseil de la langue corse.

(L'Èime Prouvençau n° 63, été 2005)

Un strapontin pour les langues régionales

Le 13 juin, les langues régionales ont acquis droit de cit au sein des institutions de I'Union européenne. Cette décision, arrêtée I'unanimit des ministres des Affaires trangères, repose cependant sur le bon vouloir des états. Présentée comme une victoire des langues régionales espagnoles (L'Eime n° 62), la décision du Conseil des ministres des affaires étrangères relative au régime linguistique de I'Union européenne profite dans I'absolu I'ensemble des langues régionales. En tout cas celles qui sont reconnues officiellement par les états membres. Pour les ministres des Affaires étrangères des 25, il s'agit pour I'UE de prendre davantage en considération la richesse de sa diversité linguistique. Le Conseil considère par ailleurs que c'est un facteur important pour renforcer I'identification (des citoyens) au projet politique de I'Union européenne. Les conclusions, qui ont été adoptées I'unanimité par le Conseil, prévoient que ce sont les états membres qui devront demander I'application de ces dispositions pour leurs langues régionales officielles, et qu'ils devront supporter la charge des traductions qu'elles génèreront. L'Espagne prévoit la mise en oeuvre de ces dispositions dès le mois d'octobre au profit du basque, du catalan et du galicien. Elle en évalue le coût 1,5 million d'euros. Pour la France, et si tant est qu il y ait une volont politique, la question serait de savoir quelles langues cette mesure pourrait bénéficier. Le texte évoque en effet des langues constitutionnelles ou dont I'emploi en tant que langue nationale est autorisé par la loi.

(L'Èime Prouvençau n° 63, été 2005)

Langues étrangères et régionales

Un rapport intitulé Le pilotage et la cohérence de la carte des langues, récemment remis au ministre de I'éducation nationale, conteste étrangement la place des langues régionales. Et ce alors que le rapport fait état du renforcement de la position dominante de I'enseignement de I'anglais. Selon ce rapport, les langues régionales sont des particularismes locaux et leur enseignement pourrait avoir comme conséquence la réduction de I'offre de langues vivantes étrangères enseignées. Cela procède d'une vision très particulière de I'enseignement des langues. Chacun sait que les enfants bilingues précoces ont au contraire des facilités d'apprentissage des langues. Ils apprennent plus vite et maîtrisent à terme plus de langues étrangères que les enfants monolingues.

(L'Èime Prouvençau n° 63, été 2005)

Des prix pour l'avenir du breton

Le Conseil régional de Bretagne, en collaboration avec l'Office de la langue bretonne, a décerné les Prix régionaux pour l'avenir du breton à neuf lauréats choisis dans trois catégories (particuliers, associations, entreprises) pour avoir accompli une ou plusieurs actions particulièrement innovantes ou remarquables en faveur du breton. L'objectif est de renforcer l'apprentissage et la transmission du breton, ainsi que sa pratique dans la vie sociale et les médias.

(L'Èime Prouvençau n° 62, mai-juin 2005

Italie : la Consulta Provenzale a lancé un appel aux candidats aux régionale

A l'occasion des élections régionales en Italie, la Consulta Provenzale, collectif réunissant des promoteurs de la langue provençale de l'autre côté des Alpes, est intervenue auprès des candidats. L'objectif de cet appel était d'obtenir la reconnaissance de la langue provençale, tant dans la loi sur les minorités linguistiques de 1999 (qui reconnaît "l'occitan") que dans la loi régionale du Piémont de 1990. La majorité a basculé dans la Région Piémont et c'est désormais Mercedes Bresso qui la préside. La Consulta Provenzale espère que ce changement sera l'occasion d'un changement de politique vis-à-vis de la langue provençale, pour laquelle les aides étaient jusqu'ici réduites à la portion congrue. La Consulta Provenzale agit de façon vigoureuse dans le Piémont, y compris par voie d'affichage ("L'Occitania non esiste", "No alla globalizzazione occitana"). On peut retrouver les informations sur son site très attrayant : www.consultaprovenzale.org.

(L'Èime Prouvençau n° 62, mai-juin 2005)

Loi sur l'école : l'amendement sur les langues régionales adopté

Dans le cadre de la discussion sur le projet de loi sur l'avenir de l'école, le Parlement a adopté, le 24 mars, un amendement qui donne un rôle accru aux collectivités territoriales dans l'enseignement des langues régionales. Le code de l'éducation dispose désormais qu'un "enseignement de langues et cultures régionales peut être dispensé tout au long de la scolarité selon des modalités définies par voie de convention entre l'État et les collectivités territoriales où ces langues sont en usage." Un amendement dans ce sens avait été adopté par l'Assemblée nationale à l'initiative du rapporteur du projet de loi, le député alsacien Frédéric Reiss (L'Eime n° 61), avant d'être supprimé par le Sénat. Il avait été rétabli par la commission mixte paritaire, sous la forme légèrement remaniée finalement soumise aux deux chambres, qui l'ont adopté définitivement le 24 mars dernier.

(L'Èime Prouvençau n° 62, mai-juin 2005)

Rencontre avec Xavier North

"La demande sociale doit faire loi" Le nouveau délégué général à la langue française et aux langues de France a reçu une délégation commune d'associations auvergnate, gasconnes et provençale. "Je peux comprendre votre attachement à la spécificité de vos langues", a-t-il déclaré. C'est "sans la moindre prévention, sans parti-pris et sans idées reçues", a-t-il assuré, que le nouveau Délégué général à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), Xavier North, a reçu une délégation commune d'associations de promotion des langues d'oc (Cercle Terre d'Auvergne, Institut Béarnais et Gascon, Conservatoire du patrimoine de Gascogne, Unioun Prouvençalo). De fait, le changement est notable par rapport au parti-pris affiché par son prédécesseur, Bernard Cerquiglini. "J'ai plutôt travaillé dans la diplomatie culturelle, principalement pour promouvoir le français", a expliqué M. North. "Je suis plutôt un militant de la diversité. La réflexion que j'ai menée sur le français me persuade que la diversité est un concept fondamental et vaut aussi pour les langues de France et les parlers de ce pays. Je crois qu'il y a lieu de prendre des initiatives dans ce domaine et qu'il y a lieu de vous écouter". Pour le Délégué général à la langue française et aux langues de France, "une langue dans sa vitalité, ce n'est pas quelque chose qui se décrète. C'est quelque chose de vivant et ce qui est plus important que tout, c'est d'accompagner cette vie et ce développement. Je suis persuadé qu'il ne fait pas se laisser enfermer dans un débat purement formel sur le statut administratif. Ce qui est important, c'est de voir ce qu'il est possible de faire pour les faire vivre, les développer. C'est la demande sociale qui doit faire loi plus que le politique ou la demande de quelques uns. Je peux comprendre votre attachement à la spécificité de vos langues tout en présentant aujourd'hui un front commun". Pour M. North, "ceux qui ont mis l'accent sur l'unité de cette langue avaient certainement un objectif noble pour lui restituer un rôle dans les pratiques sociales. C'était peut-être tactiquement favorable de se placer sur le terrain de l'unité. Mais il ne faut pas s'enfermer dans ces histoires de statut". Xavier North invite les promoteurs des langues d'oc à "travailler sur les représentations artistiques et culturelles de ces langues. Il s'agit de vous aider pour l'authenticité d'une expression. C'est dans ce champ là que la Délogation peut vous être utile". "Nous avons une forme de responsabilité vis-à-vis de ce patrimoine de la Nation". Reste que la divergence de fond entre une conception de nivellement unicitaire de la langue et une approche patrimoniale qui entend sauvegarder la richesse des différentes langues d'oc dans leur diversité existe bien. Et que la question du statut des langues d'oc a par conséquent des traductions concrètes sur leur vie et leur développement. "Chacune de nos langues d'oc voudrait vivre sans avoir un grand frère derrière son dos avec une idéologie de nivellement", a expliqué Serge Soupel (Cercle Terre d'Auvergne). "Bien sûr, l'union fait la force, mas nous ne voulons pas qu'ainsi, on gomme les différences", a fait observer Jean Lafitte (Institut Béarnais et Gascon et Conservatoire du patrimoine de Gascogne). Pour Henri Féraud (Unioun Prouvençalo), "c'est une question de conception du domaine d'oc. L'aire linguistique du provençal a une superficie comparable aux Pays-Bas. Nous voulons garder notre nom, avec ce qu'il y a derrière". Serge Soupel a évoqué le fait que les publications des mouvements représentés apparaissaient sur le site internet de la DGLFLF comme relevant du domaine occitan, sans que leur spécificité soit même mentionnée. "C'est une erreur", a reconnu Xavier North. "Je pense que la Délégation a évolué et qu'elle énumère maintenant (les langues)". Les associations représentant les langues d'oc ont par ailleurs évoqué les dangers de la "déterritorialisation de la langue" et la situation de l'enseignement des langues d'oc. Xavier North a encouragé ses interlocuteurs à agir auprès des différentes Directions régionales des affaires culturelles (Drac) et a proposé deux pistes de travail au niveau de la DGLFLF : accompagner le développement culturel des associations et l'expression culturelle et artistique des langues d'oc; numériser le patrimoine oral. "Il y a une forme d'urgence. Nous avons une forme de responsabilité vis-à-vis de ce patrimoine de la Nation", a-t-il estimé.

(L'Èime Prouvençau n° 62, mai-juin 2005)

L'absence des langues régionales dans la Constitution française

Le Parlement refuse la révision

La révision de la Loi fondamentale, indispensable pour soumettre le Traité constitutionnel européen à référendum, aurait pu être l'occasion d'offrir une reconnaissance aux langues régionales. Mais tous les amendements proposés ont été rejetés.

L'Assemblée nationale puis le Sénat ont rejeté les différents amendements qui avaient été proposés par des parlementaires en faveur des langues régionales, à l'occasion de la discussion sur la modification de la Constitution en vue du référendum sur le Traité constitutionnel européen. Certains de ces amendements visaient à faire un ajout concernant "le respect des langues régionales" à l'article 2 de la Loi fondamentale, qui ne reconnâît que la langue française depuis 1992. D'autres propositions visaient à permettre la ratif_cation de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, perspective rendue impossible par la décision du Conseil constitutionnel de 1999 jugeant que cette convention était contraire à la Loi fondamentale française.

Le gouvernement s'est opposé à l'ensemble de ces amendements, de même que les rapporteurs parlementaires. L'ensemble des amendements déposés a été rejeté. Les extraits des débats qui ont eu lieu dans les deux chambres ne sont toutefois pas inintéressants. Le 26 janvier, c'est à l'Assemblée nationale que s'est déroulé le débat. Plusieurs amendements avaient été déposés des députés UMP, UDF ou PS.

Pour Marc Le Fur (UMP), "l'enjeu est l'adoption par notre pays de la Charte européenne des langues régionales (...). Ce débat ne doit pas être caricaturé, folklorisé. Europe, France, régions : additionnons ces réalités qui font nos richesses, au lieu de les opposer". François Bayrou (UDF) a rappelé qu'il s'agit d'un "sujet passionnel. Ceux qui défendent ici les langues régionales veulent dire à quel point elles font partie du patrimoine de la nation (...). La défense du français n'est pas contradictoire avec la défense des langues de France. Nous sommes nombreux à penser que les langues régionales sont victimes d'un ostracisme, et qu'un jour le français le sera aussi car c'est une langue minoritaire en Europe et dans le monde (...). Nous nous honorerions à classer nos propres langues comme trésors nationaux". Marylise Lebranchu (PS) a ajouté que "nous voulons la ratification de la charte, sans que tous ses articles s'appliquent en France". Pour le rapporteur, "les quatre cinquièmes de la Charte sont déjà appliqués". De son côté, le rapporteur du projet, Pascal Clément, a fait part de l'opposition de la commission des lois à ces amendements, arguant de ce que "les quatre cinquièmes de la charte sont déjà appliqués. Mais, reconnaître des droits particuliers à certains groupes reviendrait à accepter que de pseudo pays se constituent à l'intérieur de nos frontières". Un avis partagé par le garde des Sccaux, Dominique Perben : "La Constitution autorise la reconnaissance culturelle des langues régionales (...). Une aide publique peut être accordée pour l'enseignement du corse, à condition que cet enseignement soit facultatif. C'est très bien ainsi".

Par la voix de Jacques Brunhes, le groupe communiste a fait part de ses réserves sur la charte, tout en rappelant qu'il avait déposé plusieurs propositions de loi pour défendre les langues régionales: "Il faut bien voir ce que signifierait dans notre pays, et particulièrement dans nos banlieues, l'adoption de certains articles de la Charte, et quelles conséquences s'ensuivraient si le français n'était plus la langue commune pour la justice et l'éducation".

"Je suis frappé par une contradiction, a relevé Marc Le Fur. Tantôt on nous dit que nous menaçons la République, tantôt qu'il n'y a pas grand-chose dans la Charte et que de fait nous l'appliquons déjà... I1 faut choisir". Jean-Yves Le Drian (PS) a pour sa part rappelé les déclarations du président de la République en faveur de la langue inuit: "Lorsqu'une langue n'est pas reconnue, c'est une partie du patrimoine de l'humanité qui disparaît".

Mais Pascal Clément s'en est tenu aux vieux phantasmes liés à la Charte européenne des langues régionales: "Atteinte au principe d'indivisibilité de la République, atteinte à l'unité du peuple français... On ne va tout de même pas exiger demain de pouvoir parler sa langue régionale à l'Assemblée nationale et demander des interprètes... Cessons ce romantisme autour des parlers régionaux, qui ne sont interdits nulle part, et essayons plutôt de préserver la lanque de la République : dans la vie publique". Dominique Perben a clos le débat en considérant que "la rédaction actuelle de la Constitution, sans aucun changement, permet parfaitement l'expression culturelle à travers la pratique des langues régionales. L'avis émis par le Conseil constitutionnel concernant la Corse reconnaît même la possibilité, pour la puissance publique, de favoriser l'enseignement de ces langues". Les quatre amendements ont tous été rejetés. Deux ont fait l'objet d'un scrutin public : ils ont recucilli 25 voix favorables contre 46 dans un cas, 30 contre 47 dans l'autre. Le 16 février, c'est le Sénat qui a connu le même débat. Deux amendements destinés à permettre la ratification par la France de la Charte européenne étaient présentés. Odette Herviaux (PS) a déclaré que la défense de la diversité sur les plans européen et mondial n'est efficace et crédible que si elle est conjointement mise en œuvre aux échelons national et régional". Même plaidoyer pour Mme Boumédiene-Thiery (Verts): "La France est régulièrement mise en cause, tant au niveau européen que mondial, pour son blocage dans la protection de ses langues régionales et minoritaires, qui est au demeurant contradictoire avec ses prises de position en faveur de la diversité culturelle".

Le rapporteur Patrice Gélard (UMP) s'est déclaré défavorable aux deux amendements : "On ne peut donner à certains locuteurs des droits spécifiques qui porteraient atteinte aux principes constitutionnels d'égalité de tous devant la loi et d'unicité du peuple français". Le garde des Sceaux, Dominique Perben, s'y est également opposé: "I1 ne s'agit pas de nier l'intérêt culturel de ces pratiques linguistiques qui font partie de notre patrimoine national. Mais l'application de la charte européenne (...) obligerait les requêtes en langue régionale. Je n'ose imaginer les problèmes qui en résulteraient par exemple dans le fonctionnement de nos juridictions". Une contre-vérité, puisque de telles dispositions ont été écartées lors de la signature de la Charte par la France en 1999. Mais là encore, les deux amendements ont été repoussés.

(L'Èime Prouvençau n° 61, janvier-février 2005)

Langues régionales à l'école : les collectivités locales impliquées

A l'occasion de la discussion du projet de loi sur l'avenir de l'école, l'Assemblée nationale a adopté un amendement du rapporteur M. Reiss, qui dispose qu'un "enseignement de langues et cultures régionales peut être dispensé tout au long de la scolarité selon des modalités définies par voie de convention spécifique entre l'État et la Région ou le Département où ces langues sont en usage. Le recteur de l'académie concernée transmettra au Haut conseil de l'éducation un rapport annuel sur la mise en œuvre de la convention et les résultats obtenus". Cet amendement permet de faire figurer les langues régionales dans le projet de loi, dont elles étaient initialement absentes. Le ministre, François Fillon, avait déclaré que "les langues régionales sont dans l'offre scolaire, mais non dans le socle. Elles font partie des langues de France et ne sont donc pas concernées par l'objectif d'intogrer dans le socle une langue étrangère". Le ministre s'est toutefois déclaré favorable à l'amendement Reiss. Il reviendra maintenant au Sénat de confirmer cet article.

(L'Èime Prouvençau n° 61, janvier-février 2005)

Discrimination linguistique

Le comité français du Bureau européen des langues moins répandues est intervenu au cours de la 66ème session du Comité pour l'élimination de discrimination raciale de l'Onu, le 23 février à Genève, afin de montrer la discrimination à l'égard des locuteurs des langues de France.

(L'Èime Prouvençau n° 61, janvier-février 2005)

Langues régionales : le gouvernement évoque un possible "cadre juridique"

Dans son rapport annuel au Parlement concemant la politique linguistique française, la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) revient sur "la volonté, fortement exprimée, de voir les langues (de France) dotées d'un véritable statut". Ce point a été exprimé lors des premières Assises nationales des langues de France, qui ont réuni plusieurs centaines de participants le 4 octobre 2003 à Paris. "Un cadre juridique favorable au développementt social et culturel des langues de France serait l'occasion d'instituer la notion nouvelle et essentielle de patrimoine immatériel". La DGLFLF précise par ailleurs que s'agissant du renouvellement du conseil national des langues et cultures régionales, annoncé à l'occasion de ces assises, "la procédure réglementaire est en cours".

(L'Èime Prouvençau n° 60, novembre-décembre 2004)

2èmes Entretiens internationaux de Charance à Gap - L'enseignement des langues alpines

Pour la deuxième fois, des spécialistes et des promoteurs des langues régionales de l'arc alpin étaient réunis à Gap à l'initiative de l'Unioun Prouvençalo. L'occasion d'évoquer le respect des variétés locales et l'implication des locuteurs dans l'enseignement des langues.

Les politiques éducatives en faveur des langues régionales ou minoritaires de l'arc alpin étaient au menu des deuxièmes entretiens internationaux de Charance, le 9 et 10 juillet à Gap. Ces rencontres de spécialistes et de responsables de mouvements culturels intéressés par les idiomes de l'arc alpin avaient été initiées par l'Unioun Prouvençalo en 2002, à l'occasion de l'Année internationale des montagnes et de "Gap, ville des Alpes de l'année". Face au recul assez généralisé de la transmission familiale des langues régionales ou minoritaires, avec des situations plus ou moins alarmantes selon les régions, leur enseignement apparaît comme une priorité. Elle est de fait au cœur des préoccupations de tous les promoteurs des langues régionales. La situation est très différente selon les États et les régions concernés. Ainsi, l'enseignement reste marginal en France, et repose en grande partie sur l'investissement d'enseignants volontaires, tant en Provence (provençal et niçois) qu'en Savoie (francoprovençal). Dans les vallées provençales d'Italie, la problématique est d'abord celle du maintien des écoles rurales avant d'être celle de l'enseignement de la langue locale, souligne Frédéric Arneodo, professeur d'école supérieure et militant de Coumboscuro centre prouvençal.

Dans la Vallée d'Aoste, où le bilinguisme italien-français est reconnu off_ciellement, l'enseignement du francoprovençal en est au stade de la réflexion, tandis que celui du walser passe par les cours d'allemand standard. En Suisse, le romanche, compris par 100.000 habitants dans les Grisons, a la part congrue face aux langues italienne et allemande. En Italie, l'entrée du frioulan dans le système scolaire date seulement des années 1990, soit par le biais d'intervenants extérieurs, soit de façon officielle.

Le respect des variétés

Les participants ont longuement évoqué la question du respect des variétés locales. "La difficulté est de réaliser des manuels dans les différentes variétés des vallées", reconnaît Frédéric Arncodo. "La polynomie de la langue provençale est une richesse, mais elle crée une difficulté. Il faut que les institutions aident ceux qui ont travaillé sur la langue, les associations, les passionnés".

Dans la Vallée d'Aoste, "on a travaillé sur du matériel littéraire qui permet de confronter les différences entre les variétés", indique Alexis Bétemps, directeur du centre francoprovençal.

Dans le canton des Grisons, en Suisse, une forme unifiée, sorte de compromis entre les idiomes, a été adoptée : le RG. "Il ne doit en aucun cas remplacer les variétés locales, il doit uniquement apporter une solution là où l'allemand est dominant", précise le romaniste Jean-Jacques Furer. Sauf que, l'an dernier, "le gouvernement a décidé d'imposer le RG à l'école d'ici 2010, ce qui a provoqué un séisme. Dans l'absolu, ce serait plus pratique si le RG existait depuis 500 ans, mais, dans la situation actuelle, ça me paraît un grand danger". Par souci d'économie, les matériels scolaires qui existent dans les différents idiomes vont ainsi disparaitre à partir de 2005 ! "Il y a une résistance énorme", observe M. Furer, "mais il y a également des régions entières qui n'ont pas de grandes racines dans l'idiome régional et qui passent volontiers au RG".

C'est aussi le souci d'Hélène Colin-Deltrieu, qui enseigne le provençal dans plusieurs lycées de la région marseillaise : "Ce n'est plus une langue parlée dans l'environnement des enfants. Il y a un problème de vivier. Qu'on leur mette du provençal ou de l'occitan, ça ne repose que sur le professeur".

"La demande d'enseignement est couverte", selon le ministére

Saisi par plusieurs parlementaires de la question de la baisse du nombre de postes au CAPES d'occitan-langue d'oc à la session 2004, le ministère de l'Éducation nationale n'a pas hésité à répondre que, "désormais, la demande d'enseignement dans cette spécialité est couverte : étant donné le nombre d'élèves souhaitant étudier l'occitan, la quasi-totalité des enseignants en occitan doit exercer son service dans plusieurs établissements souvent situés dans des communes différentes, et n'effectue pas la totalité de son temps de service en occitan, complétant généralement celui-ci dans d'autresdisciplines, quand cela est possible".

Aujourd'hui, sur 256 titulaires du CAPES d'occitan-langue d'oc, 26 enseignent dans l'académie d'Aix-Marseille et 14 dans celle de Nice. Comment le ministére peut-il prétendre que les besoins des collégiens et lycéens provençaux sont couverts, alors que l'option provençal ou niçois n'est pas proposée dans tous les établissements du secondaire et que, quand elle l'est, c'est souvent sans respecter l'horaire normal prévu par les textes pour chaque niveau ?

Pour la session 2005, le Bulletin officiel du 24 juin précise que la liste définitive des sections et options offertes au recrutement sera fixée par les arrêtés répartissant le nombre de places offertes aux concours entre les sections et éventuellement les options. Comme pour les autres langues régionales, l'option occitan-langue d'oc est "susceptible d'être ouverte à la session 2005". Pour l'heure, on ne sait donc pas si il y aura des postes offerts pour ce CAPES. En 2003, il y en avait 14, chiffre qui est tombé à 4 cette année. Plus la langue est différenciée, plus elle est difficile à enseigner.

La normalisation est aussi le "grand problème" du francoprovençal dans la vallée d'Aoste. "Plus la langue est vivante, plus ces problèmes sont difficiles à résoudre", relève Alexis Bétemps. "Plus la langue est différenciée, plus elle est riche, plus elle est difficile à enseigner". L'effort a donc porté sur la formation : "Nous avons avons choisi de valoriser la capital humain et de faire enseigner ceux qui connaissent la variété locale. Nous avons formé un certain nombre d'enseignants et on les a surtout forcés à réfléchir à la grammaire, à la syntaxe. Ils bénéficient de stages de trois jours où on leur donne des notions de graphie, une spécialisation linguistique autour d'un thème rural, mais qui soit axé sur le changement : avant-maintenant".

En France, les intervenants extérieurs peuvent se heurter à la rigidité du système éducatif. Plusieurs d'entre eux, qui sont actifs dans les écoles des Hautes-Alpes, ont fait part de leur experience pratique lors de ces Entretiens. Paul Motte, qui intervenait pour une sensibilisation d'élèves de maternelle au provençal alpin dans le Champsaur, s'est ainsi heurté à deux problèmes : son agrément par l'Éducation nationale face à des interlocuteurs ne maîtrisant pas la langue et l'interruption du financement de l'opération. "Le conseil général a considéré qu'il valait mieux enseigner l'anglais et les communautés de communes n'ont pas voulu prendre le relais, par crainte de créer un précédent", explique-t-il. "Au niveau national, on décide que les langues régionales ont leur place à l'école, mais il n'y a pas de moyens derrière". D'où l'importance, soulignée par Henri Féraud, président délégué de l'Unioun Prouvençalo, "de transférer l'enseignement de la langue régionale à la région ou aux départements".

Avoir des pédagogies novatrices

Pour un enseignement qui respecte les variétés locales, "il faut avoir des pédagogies très novatrices", estime Frédéric Arneodo. Il faut trouver des gens qui forment les enseignants, en prévoyant surtout une méthodologie pédagogique pour montrer la structure de la langue, sa formation". Pour Hélène Colin-Deltrieu, "la grande difficulté, c'est de faire des méthodes. Peu existent en langue provençale, mais plusieurs sont en cours d'élaboration". Car l'oralité, chère aux locuteurs naturels, se heurte à la réalité actuelle: "Il est difficile de ne travailler que sur l'oral aujourd'hui, faute d'environnement sur lequel les enfants peuvent s'appuyer ensuite", souligne la professeure de provençal (CAPES d'occitan-langue d'oc).

Pour les Walsers de la Vallée d'Aoste, la question est encore différente puisque les élèves apprennent l'allemand standard. "Nous sommes arrivés à sensibiliser au walser", estime cependant Irène Alby Tresch, secrétaire du centre culturel walser. "Nous avons choisi cet enseignement pour avoir la facilité de dialoguer avec les Allemands et les gens qui nous entourent. En même temps, nous avons eu une grand difficulté à faire accepter l'allemand, car, une fois arrivés à l'école supérieure, les enfants ont beaucoup de mal avec les autres élèves qui n'ont pas appris cette langue. Nous avons été obligés de prévoir une sensibilisation à l'anglais". Une troisième édition des Entretiens de Charance est prévue en juillet 2006. Sa conception sera modifiée pour en faire une rencontre plus conviviale entre les acteurs des langues alpines et éviter le débat de spécialistes.

(L'Èime Prouvençau n° 58, été 2004)

Un plan en préparation pour le breton

En novembre, le conseil régional de Bretagne sera appelé à voter un "plan global pour le breton et le gallo", a annoncé le vice-président en charge de ce dossier, Jean-Pierre Thomin. L'objectif est de stabiliser le nombre de bretonnants (environ 300.000 personnes) et redonner du lien entre les générations, faire en sorte que le breton demeure une langue de communication et de plaisir, notamment entre les jeunes, et améliorer la place de la langue dans les médias.

(L'Èime Prouvençau n° 58, été 2004)

Premières Assises nationales des langues de France : une grand-messe pour rien ?

Les premières Assises nationales des langues de France, organisées par le ministère de la Culture, se sont déroulées le 4 octobre à Paris. Plusieurs centaines de participants -dont plus d'une vingtaine de représentants des langues provençale et niçoise- étaient réunis à cette occasion.

Il s'agissait certes d'une grand-messe, où la parole a été très largement encadrée, au moins jusqu'au départ du ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon. Il n'en reste pas moins qu'un tel rassemblement des mouvements culturels et des collectivités territoriales impliqués dans la promotion des langues de France constitue une première de la part de l'État, qui doit être saluée au moins au titre d'une reconnaissance symbolique.

M. Aillagon a d'ailleurs fait le parallèle entre le combat pour la diversité culturelle internationale et la diversité linguistique intérieure. "Il n'y a pas de contradiction entre la politique en faveur de l'usage du français et un engagement sans pudeur, sans crainte déplacée, pour les langues régionales", a-t-il déclaré.

Ces Assises ont également permis de dresser un état des lieux et surtout des expériences menées dans différentes régions.

Les politiques mises en œuvre dans les régions sont diverses. L'office de la langue bretonne dispose ainsi d'un budget annuel de 950.000 euros, le Cirdoc de 460.000 euros, et le programme opérationnel basque se chiffre à 5,5 millions d'euros sur la période 2001-2006...

Comme l'a souligné Adrien Zeller, président de la Région Alsace, "la promotion et la défense des langues régionales ne peut pas se faire sans un investissement des élus".

A cette occasion, le ministre de la culture a par ailleurs annoncé la revitalisation du Conseil des langues de France, créé en 1985. "Il peut constituer le cadre d'une discussion entre l'État et ceux qui sont porteurs d'actions dans ce domaine", a estimé M. Aillagon.

Les thèmes marquants

CADRE JURIDIQUE

La modification de l'article 2 de la Constitution, afin que les langues régionales soient reconnues à côté du français, et le vote d'une loi-cadre pour les langues de France restent deux exigences incontournables, répétées à de multiples reprises.

Jean-Jacques Aillagon estime "qu'un texte serait bienvenu. Le temps est venu de créer du droit positif en matière de langues de France". Il n'exclut pas y compris une "retouche" de la Constitution.

ENSEIGNEMENT

L'offre d'enseignement des langues régionales reste marginale (250.000 élèves en France), et de plus très variable selon les lieux. L'Éducation nationale était d'ailleurs pratiquement absente de ces Assises. La demande d'une généralisation de cet enseignement dans les régions concernées est pourtant très forte.

Le délégué général à la langue française et aux langues de France, Bernard Cerquiglini, a évoqué la formation des maîtres: "N'est-ce pas aux régions, dans le cadre de l'expérimentation, de le faire ?"

MÉDIAS

Rémy Pflimlin, directeur général de France 3, et Michel Meyer, responsable du réseau France Bleu, se sont attirés les huées des participants en prétendant assumer leur mission de service public en la matière. Là aussi, la situation est très variable selon les régions, mais la présence des langues régionales sur les antennes demeure partout insuffisante.

"L'essor du numérique hertzien, en radio comme en télévision, devrait ouvrir davantage le champ linguistique", prévoit le ministre de la Culture. Qui convient que France 3 "doit aborder de façon plus sincère les langues régionales". M. Cerquiglini évoque la possibilité "d'améliorer le cahier des charges" de l'audiovisuel public.

ÉDlTION

Il est observé que l'édition en langues régionales rencontre les mêmes problèmes que celle en français, mais qu'ils sont rendus plus aigus par la moindre importance du lectorat. Il s'agit de faire en sorte que "les éditeurs sortent de leur ghetto" et d'organiser un réseau de libraires sensibilisés.

(L'Èime Prouvençau n° 55, novembre-décembre 2003)

Huit langues d'oïl, 28 langues kanak et... un occitan-langue d'oc ?

Les premières Assises nationales des langues de France ont souligné la complexité du cas des langues d'oc, bien souvent ignorée des promoteurs d'autres langues régionales.

La pluralité de l'aire linguistique d'oc, mise en avant par de nombreux mouvements provençaux, niçois, gascons et auvergnats, est pourtant loin d'être isolée. L'approche des promoteurs des langues d'outre-mer montre ainsi qu'ils sont particulièrement soucieux du respect de leur diversité interne. La Nouvelle-Calédonie s'emploie à sauvegarder ses 28 langues kanak. Louise Peltzer, ministre de la culture de Polynésie française, a souligné le respect des langues polynésiennes et le refus, malgré l'intercompréhension entre elles, de donner au tahitien, la langue la plus parlée, le statut de langue de référence. "Il n'y a pas de jacobinisme du gouvernement (polynésien) vis-à-vis des autres langues polynésiennes que le tahitien", a déclaré Mme Peltzer. Quant à la Corse, elle a choisi "une forme polynomique, dans la diversité de ses dialectes", a rappelé Marie-Jean Vinciguerra, président de la commission "Langue" à l'Assemblée de Corse. Citons aussi la reconnaissance par l'État de huit langues d'oïl, dont le bourguignon-morvandiau et le champenois par exemple.

Dans ce contexte de respect de la diversité, les propos de Denis Mallet, directeur du Cirdoc à Béziers, évoquant ses "ambitions panoccitanes", ont paru anachroniques. L'un des rapporteurs en a convenu: "Pour l'occitan, la situation est extrêmement difficile en raison de l'étendue, de la diversité des dialectes ou des langues, et de l'hétérogénéité de ceux qui les défendent".

(L'Èime Prouvençau n° 55, novembre-décembre 2003)

Point de vue : Pour un statut des langues de France, par Jean-Jacques Aillagon, ministre de la culture et de la communication

En France, la politique linguistique a toujours été une affaire de l'État. Qu'il suffise de rappeler l'ordonnance de Villers-Cotterêt (1539) qui imposa aux Parlements et aux tribunaux l'usage du français, la fondation de l'Académie française en 1635, ou le rapport Grégoire à la Convention sur "la nécessité et les moyens d'anéantir les patois et d'universaliser la langue française".

Depuis quelques années, au-delà du cadre institutionnel et des milieux spécialisés, ces questions intéressent l'ensemble des Français; elles s'instituent en objet de réflexion collective et de débat. On l'a vu en 1992 quand un amendement à la Constitution a fait du français la langue officielle de la République (aucun texte ne le mentionnait jusque-là), ou deux ans plus tard lorsque la loi Toubon sur l'usage de la langue française a été adoptée. Ces deux textes offrent aujourd'hui les meilleures garanties juridiques pour que la langue nationale continue à tenir dans notre pays son rôle symbolique, sa mission culturelle et civique.

Un emblème officiel

Pour la première fois de sa longue histoire, le français est aujourd'hui universellement parlé en France. C'est là l'œuvre et le mérite de l'État; nous cueillons les fruits de l'action de la IIIème République, pour qui l'unité nationale passait par l'usage d'une langue commune. Maintenant que la Vème République a fait du français un emblème officiel, au côté du drapeau tricolore, de la Marseillaise et de la devise "Liberté, Égalité, Fraternité", nous devons nous interroger: pour apprendre le français, fallait-il désapprendre les autres langues ? La langue commune doit-elle être aussi la langue unique des Français ?

Dans les faits, on sait qu'il n'en est rien. Comme l'a montré le dernier recensement de la population, où figuraient pour la première fois des questions relatives aux pratiques linguistiques familiales, beaucoup d'entre nous ont reçu dans leur enfance une langue autre que le français, souvent (dans le cas des langues régionales) en même temps que le français. Si on retient l'appellation de langues de France pour celles qui sont parlées depuis plusieurs générations par des citoyens français sur le territoire de la République, c'est à une moisson de plus de 75 langues que nous avons affaire. L'outremer en présente la plus grande richesse, avec 28 langues kanak en Nouvelle-Calédonie, six langues amérindiennes en Guyane, les différentes variétés de créole, le tahitien, etc. En métropole, du nord au sud, s'entendent le flamand, le francique, l'alsacien, le breton, les langues d'oïl, le franco-provençal, la langue d'oc, le catalan, le basque et le corse. Et pensons aussi aux langues sans implantation territoriale qui ne sont officielles dans aucun État, comme le berbère, le yiddish ou la langue des signes.

Une réalité objective

La pluralité des langues est en France une réalité objective, constitutive de notre identité; elle contribue activement à notre rayonnement culturel. Cette évidence peine à s'imposer. Nous avons longtemps vécu dans le mythe d'une France monolingue : par une étrange erreur de perspective, on voulait voir dans cette diversité un germe de division et un danger pour la République. En réalité, il n'est aucune contradiction entre les textes qui fondent en droit l'officialité de la langue française et les mesures de valorisation des langues de France. Cette question de politique linguistique générale se pose aujourd'hui en termes de démocratie. Comme le pluralisme politique, le pluralisme linguistique demande à être organisé.

Le français a un statut, garanti par la Constitution et la loi de 1994, tandis que l'absence de textes positifs relatifs aux langues de France rend difficile toute amélioration de leur situation. Or, ces langues sont menacées, leur transmission n'est plus assurée: elles doivent pouvoir bénéficier de mesures de développement en matière de culture, d'enseignement et de médias.

Des avancées notables

En quelques années, les dispositions prises dans ces domaines ont permis des avancées notables. Incontestablement, le cadre constitutionnel et légal actuel, qui ne concerne que la langue française, consacre le caractère de langue officielle de celle-ci, comme l'ont confirmé des décisions récentes du Conseil constitutionnel et du conseil d'État. Cette officialité a certes des conséquences ; elle limite en particulier le financement public de l'apprentissage des langues régionales, dans le cas de l'immersion. Elle n'interdit en revanche nullement de nouvelles initiatives juridiques. Les langues de France ne sont en effet nulle part définies; elles n'existent en quelque sorte que par défaut. Comment ne pas voir le danger de ce vide juridique pour le français lui-même ? A présenter la langue nationale comme seule parlée en France, c'est le principe de la langue unique en général qu'on donne implicitement comme idéal.

Créer du droit positif

Mais le monolinguisme peut se maintenir comme principe tout en changeant d'objet. Le dieu du monolingue est un dieu jaloux: quand on voue un culte à la langue unique, qu'importe que celle-ci soit le latin, le français ou l'anglais, pourvu qu'elle soit la seule ? Qui peut nous garantir que demain l'objet de notre passion, si elle reste exclusive, sera toujours le français ? Le temps est donc venu de créer du droit positif en matière de langues de France. Un texte serait bienvenu qui, tout en rappelant le rôle primordial du français, et d'abord en matière d'apprentissage, reconnaîtrait l'espace d'expression des autres langues et instituerait la diversité linguistique interne. Le président de la République l'a dit au sommet mondial du développement durable à Johannesburg : il n'y aura pas de mondialisation humanisée sans respect de la diversité des cultures et des langues.

Une société en mouvement

Les Assises nationales que j'ai organisées à Paris le 4 octobre ont réuni des responsables politiques, créateurs, militants associatifs: tous ceux qui font vivre ces langues et se préoccupent de leur avenir. Nous avons fait le bilan des actions menées jusqu'ici pour la valorisation de ces biens immatériels, par l'État comme par les collectivités locales et la société civile. Dans la perspective de la décentralisation, nous avons débattu du rôle des langues de France comme éléments du patrimoine et comme vecteurs de création dans une société en mouvement.

L'objectif est, dès l'année prochaine, de mettre en œuvre un cadre juridique favorable au développement social et culturel des langues de France, et d'instituer la notion de patrimoine linguistique. Dix ans après la loi Toubon sur l'emploi de la langue française, s'il donnait enfin un statut à ses langues, notre pays serait en mesure de mener une politique linguistique conforme à la diversité et à la richesse qui le constituent.

Dernières Nouvelles d'Alsace (9 oct.)

Point de vue : Une politique pour les langues de France, par Philippe Blanchet, professeur des universités en sociolinguistique

Le 4 octobre, le ministre de la Culture a ouvert à Paris les premières Assises nationales des langues de France en affirmant: "Il est (...) légitime que nos concitoyens qui le désirent puissent parler, aimer, transmettre les langues de leur région". Selon le délégué général à la langue française et aux langues de France, ces Assises doivent "contribuer à redéfinir le rôle de l'État et des différentes collectivités dans la valorisation du patrimoine linguistique français".

L'absence de politique publique a jusqu'ici abandonné ce sujet à des mouvements militants souvent sincères, parfois peu représentatifs des réalités et des populations, par leurs revendications idéologiques exagérées. D'où des mesures inadaptées, inefficaces à terme, qui peuvent menacer la République en alimentant les plus vindicatifs pour les calmer. Une politique uniquement culturelle et éducative exclut les langues de France de sphères décisives de la vie sociale comme l'économie, le droit, la politique. Ce qui empêche la valorisation d'un potentiel vivant.

Il faut donc une prise en compte explicite des langues de France par la nation, l'État, les collectivités territoriales, dans tous les domaines. Les langues concernent en profondeur l'ensemble de la vie sociale, d'autant qu'on admet qu'elles jouent un rôle dans la société française. Il reste à se donner des moyens pour cette nouvelle politique linguistique. La dynamique d'une langue est un équilibre complexe entre son statut (affectif, socio-politique), ses pratiques (communicatives et symboliques), les langues en présence et le contexte social. Une politique efficace de dynamisation rétablit en priorité le statut et suscite des pratiques étendues, dans le cadre d'un plurilinguisme non concurrentiel avec la langue commune.

Des travaux scientifiques sont disponibles: une méthode de "revitalisation d'une langue en péril" validée par des experts internationaux, les travaux du Conseil de l'Europe. Mais jusqu'ici, les actions sont restées inadaptées et incohérentes, faute d'une analyse sérieuse des situations sociolinguistiques diverses. Et aussi parce que la question a été monopolisée par quelques décideurs et militants dogmatiques, comme si "la France d'en bas" n'avait rien à dire et que les humains étaient au service des langues, et non l'inverse.

Dans l'éducation, la liste des inégalités et des aberrations est longue, à côté de réussites notables: le gallo est la seule langue d'oïl au bac; le berbère y est mais n'est pas enseigné; le provençal est centralisé sous l'occitan alors que c'est une autre langue ; il y a eu des programmes, pour le lycée en 1988, pas au collège; les programmes des langues de France sont désormais alignés sur les langues étrangères, dont ceux du primaire, parus en 2003 avec des fautes et sans consultation publique ; etc.

Des pistes ont été présentées ; elles méritent intérêt. Le temps est venu d'une politique plurilingue démocratique globale, cohérente et adaptée.

Ouest-France (8 oct.)

Inquiétudes en Alsace

L'association des élus de Haut-Rhin pour la promotion de la langue et de la culture alsaciennes a dénoncé les "graves menaces" qui pèsent sur l'enseignement de l'allemand et de l'alsacien. Le rectorat aurait en effet suspendu la convention 2000-2006 qui prévoit d'instaurer, d'ici à son terme, trois heures d'allemand et d'alsacien pour tous les élèves. Un programme qui plus est financé par les collectivités à hauteur de 19,2 millions d'euros. Le rectorat avance des problèmes de recrutement d'enseignants d'allemand, alors que deux étudiants sur trois pratiquent l'anglais (L'Alsace, 2 déc.).

(L'Èime Prouvençau n° 55, novembre-décembre 2003)

Langues régionales : une nouvelle résolution du Parlement européen

Le Parlement européen a adopté une résolution en faveur des langues régionales et minoritaires, le 4 septembre. Le rapport d'initiative du député italien Michl Ebner a été approuvé par 431 voix contre 30 et 23 abstentions. Dans cette résolution, le Parlement européen dénonce l'absence de dispositions législatives à l'échelle de l'Union concernant les langues régionales et/ou minoritaire.

Le Parlement demande que la prochaine Conférence intergouvernementale, qui négociera le projet de Constitution proposé par la Convention, complète les dispositions relatives à la politique culturelle de l'Union par une référence explicite à la promotion de la diversité linguistique, y compris des langues régionales et minoritaires, comme expression de la diversité culturelle.

Outre cette exigence, les députés formulent des recommandations à l'adresse de la Commission européenne. Ils lui demandent la réalisation d'une étude de faisabilité sur l'instauration d'une agence européenne pour la diversité linguistique et l'apprentissage des langues. Ils souhaitent aussi qu'elle élabore un programme pluriannuel pour la diversité linguistique (y compris les langues régionales et minoritaires), accompagné de mesures financières concrètes pour la promotion de projets visant à l'acceptation du multilinguisme, c'est-à-dire la coexistence de langues officielles et co-officielles.

La Commission est invitée à présenter une proposition législative dans ce sens avant le 31 mars 2004.

 (L'Èime Prouvençau n°54, 2003)

Premières assises nationales des langues de France le 4 octobre à Paris

Les premières Assises nationales des langues de France se dérouleront le samedi 4 octobre à la Cité des sciences de la Villette, à Paris, à l'initiative du ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon.

Cette manifestation est destinée à faire un bilan des actions menées en France pour la valorisation des langues régionales ou minoritaires, aussi bien par l'État que par les collectivités territoriales et la société civile. Cette journée sera également l'occasion pour l'État, les collectivités territoriales et tous les acteurs concernés d'exprimer leurs projets et leurs points de vue.

Ces assises nationales se proposent de mettre en débat un ensemble de questions: les langues de France comme éléments du patrimoine et comme vecteurs de création; leur place dans la construction européenne et la décentralisation; les moyens de leur développement.

Pour le ministre de la Culture, "c'est la première fois que sera ouvert un large débat autour des questions linguistiques de notre territoire. Il s'agit en effet de marquer le coup d'envoi de la mise en œuvre d'une politique nouvelle, de lancer une grande concertation en organisant ouvertement et librement la discussion sur les langues régionales ou minoritaires".

L'Unioun Prouvençalo annonce qu'elle participera à ces assises, et organise une grande réunion le 6 septembre afin de définir les priorités pour les langues provençale et niçoise, et les engagements du mouvement culturel provençal.

 (L'Èime Prouvençau n° 52-53, été 2003)

 

Manif historique pour le breton

La manifestation organisée par le Conseil culturel de Bretagne et les associations d'enseignement du breton a remporté un succès historique, le 22 mars à Rennes. Quelque 15000 personnes ont en effet répondu à l'appel, faisant de cette manifestation la plus importante jamais organisée en faveur de la langue bretonne.

Emmenés par plusieurs centaines de sonneurs, les manifestants étaient réunis derrière cette banderole en français et en breton: "Respect de l'Onu pour les langues comme pour la paix". En fin d'après-midi, la manifestation a en effet été grossie des trois mille militants qui défilaient contre la guerre en Irak.

Cette manifestation visait à contester l'article 2 de la Constitution, qui dispose que "la langue de la République est le français" et sur lequel le Conseil d'État s'est notamment appuyé pour annuler l'intégration des écoles bretonnes Diwan au sein du service public de l'enseignement. Une trentaine d'élus de tous bords, ceints d'une écharpe noir et blanc, participaient au cortège.

 (L'Èime Prouvençau n° 51, 2003)

Une loi pour les langues régionales ?

Alors qu'il recevait les élus basques pour leur annoncer son refus de créer un département basque, le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a également évoqué la question des langues régionales. Selon Alain Lamassoure, président du conseil des élus basques, le gouvernement étudierait comment résoudre cette question "à travers une loi organique ou un autre dispositif juridique nouveau et sûr". Nul doute que les Assises des langues de France, qui se dérouleront en juin ou en septembre, seront l'occasion pour le gouvernement de préciser ses intentions en la matière.

 (L'Èime Prouvençau n° 50, janvier-février 2003)

L'état des lieux en France selon l'INSEE

La pratique des langues régionales a fait l'objet de plusieurs études régionales publiées par l'INSEE, à partir de l'enquête réalisée lors du recensement de 1999 (cf. L'Èime Prouvençau n° 46). Avec toutes les réserves liées à ce type d'enquête, on peut relever des situations très diverses selon les régions. Le taux de locuteurs varie ainsi entre 7,2 % pour le gascon et 45 % pour le corse.

Ce sont les agriculteurs, les artisans et commerçants, ainsi que les ouvriers qui sont les catégories socioprofessionnelles qui utilisent le plus la langue régionale. Il apparaît par ailleurs que la transmission familiale la plus élevée concerne le basque, le corse et l'alsacien. En Aquitaine, le gascon, que l'INSEE noie abusivement dans le terme occitan, serait ainsi parlé par 160.600 adultes (7,2 % de la population), et le basque par 73.800 personnes (3,3 %).

Le taux de transmission, autrement dit la proportion des locuteurs qui transmettent la langue à leurs enfants, est très dissemblable. Il atteint 47,2 % pour le basque et seulement 12,1 % pour le gascon, mais l'INSEE observe une stabilisation depuis les années 1970.

En Alsace, 39 % des adultes (545.000) parlent leur langue autochtone, mais, selon l'INSEE, seuls 10 % des enfants nés en Alsace apprennent aujourd'hui l'alsacien de façon habituelle, contre 80 % jusque dans les années 40. On peut relever que le taux de locuteurs atteint 51 % des Alsaciens nés en Alsace.

En Bretagne, 257.000 adultes (soit 12 %) parleraient le breton et 28.300 (1,2 %) le gallo. Au sein des quatre départements de la Bretagne, la pratique du breton est loin d'être uniforme car il est dix fois plus parlé dans le Finistère, qui compte 20 % de brittophones, qu'en Ille-et-Vilaine, où moins de 2 % de la population le parle. Outre la population brittophone vieillissante, sa proportion n'a cessé de diminuer quant à la transmission du breton des parents aux enfants: 60 % recevaient le breton par leurs parents dans les années 1920 contre 6 % seulement dans les années 1980.

Le breton et le gascon ont moins bien résisté que d'autres langues régionales. Des premières aux dernières générations, le taux de locuteurs est divisé par dix pour le breton et le gascon, par trois pour l'alsacien et par deux pour le basque.

 (L'Èime Prouvençau, n° 50, janvier-février 2003)

Inquiétudes en Provence face au projet de Bernard Cerquiglini : la DGLF veut unifier les langues d'oc

Une structure décisionnelle suprarégionale pour les politiques publiques en faveur de la langue d'oc, s'appuyant sur un Conseil de la langue occitane, peut-être basé à Toulouse. Voilà l'incroyable projet du Délégué général à la langue française et aux langues de France, Bernard Cerquiglini. Lequel souhaite créer cette structure suprarégionale d'ici 2004.

M. Cerquiglini a dévoilé ses intentions à l'occasion des "assises occitanes interrégionales", qui se sont déroulées le 27 novembre à Béziers. Le délégué général a placé cette initiative dans le cadre de l'expérimentation, prônée par le gouvernement en matière de décentralisation.

M. Cerquiglini considère en effet que la langue d'oc est "quelque chose d'intermédiaire entre l'État et la Région" et se prononce donc pour une structure interrégionale. "Il faut mettre au point une structure de coordination politique des décideurs qui mette en jeu un certain nombre de régions, de départements, de grandes villes. Comment faire que les régions délèguent leur budget à une instance ? C'est pas évident. (...) Là aussi, il faut faire neuf, on ne va pas construire une usine à gaz interrégionale mais quelque chose de très souple. Je reprends ce que vous avez dit sur les besoins: la formation, le livre, l'audiovisuel, la numérisation... Cette structure de coordination aura pour but, ayant pris l'avis du Conseil, de dire: tous ensemble, nous décidons, nous finançons l'édition en occitan, en finançant un pôle d'excellence, mettons à Toulouse, pour la langue ailleurs, la numérisation... et ainsi de suite".

Quant au "Conseil de la langue occitane", il serait "un lieu de conseil dans les domaines de l'aménagement linguistique et de la culture (toponymie, graphie, terminologie, lexique, industrie de la langue...). Il faut que les décideurs État-Région aient un lieu d'expertise, un lieu de science et de savoir".

L'Unioun Prouvençalo et le Collectif Prouvènço ont dénoncé ce projet, dès qu'ils en ont eu connaissance. En effet, alors que Bernard Cerquiglini annonce que "tout le monde sera représenté", les deux mouvements provençaux, tout comme d'importantes associations niçoise, auvergnate, gasconne et béarnaise, n'ont jamais été conviés aux réunions concernant ce projet.

Pour l'Unioun Prouvençalo et le Collectif Prouvènço, chaque région doit garder la maîtrise de sa politique en matière de langue et de culture régionales. Les deux mouvements voient d'ailleurs mal quel serait l'intérêt d'une structure interrégionale. Sauf à vouloir aller vers une langue standardisée, contraire au respect de chaque langue d'oc et des variétés d'une langue polynomique telle que le provençal.

 (L'Èime Prouvençau, n° 50, janvier-février 2003)

Une vision peu académique des langues régionales

Pour la secrétaire perpétuelle de l'Académie française, Hélène Carrère d'Encausse, la France a une langue unique. Et reconnaître qu'elle coexiste avec d'autres langues est un péril. Un péril "d'autant plus grand que l'évolution probable de l'Europe vers une régionalisation, la décentralisation promise en France (...) pourraient conduire à un affaissement de la cohésion et de la conscience nationales", a expliqué l'académicienne. "Dans cette évolution déjà engagée, c'est la langue commune, la langue française qui seule incarnera et maintiendra l'unité morale et culturelle des Français. Qu'elle soit condamnée à partager ce rôle avec les langues de France, elles sont d'ailleurs légions et notre patrimoine culturel, notre identité voleront en éclats". Une telle énormité ne pouvait que susciter un tollé de la part des défenseurs des langues régionales.

 (L'Èime Prouvençau n° 50, janvier-février 2003)

Apprendre le breton pour le sauver

La situation du breton apparaît préoccupante, si l'on en croit les résultats des deux années d'enquête de l'Observatoire de la langue bretonne. Aujourd'hui, sur les 4 millions d'habitants de la Bretagne historique, le nombre de bretonnants n'est plus que de 300 000, contre 1,2 million en 1928 et 604 000 en 1983. Un rapport de 250 pages, intitulé "Un avenir pour la langue bretonne ?", pointe plusieurs points noirs : la baisse de locuteurs et l'absence d'un statut officiel, à la différence d'autres langues celtiques. La transmission de la langue en milieu familial est en chute libre et l'enseignement du breton connaît un déficit chronique de moyens. Dans le même temps, la langue est mieux prise en compte dans les associations, le secteur économique et social (chéquiers en breton, signalétique routière et formulaires administratifs bilingues, mariages en breton...) et les médias (en particulier avec la création, il y a deux ans, de TV Breizh). "Nous menons une véritable course contre la montre", estime Olier Ar Mogn, qui a dirigé ce rapport. "Aujourd'hui, on est à la croisée des chemins. Si on reste là, nous ne parviendront pas à sauver la langue. Ce rapport est très important pour l'avenir de la région, il pousse un cri d'alarme, il interpelle les Bretons en général. C'est un pessimisme actif qui incite à l'action".

(L'Èime Prouvençau, n° 48, septembre-octobre 2002)

Jean-Jacques Aillagon pour la diversité culturelle en France et dans le monde

Lors du conseil des ministres du 29 août, le ministre de la culture et de la communication, Jean-Jacques Aillagon, a présenté une communication sur la diversité culturelle. Le souhait du gouvernement est en effet "d'affirmer le rôle de la France comme acteur international de la diversité". Ce qui, sur son propre territoire, consistera à accroître la diversité de la production et de la diffusion. Défendre cette diversité, c'est également défendre et "promouvoir la diversité linguistique". Une langue est, en effet, un outil de communication et un vecteur essentiel à toute culture dont le rayonnement est nécessaire à l'accueil, au dialogue et au partage avec d'autres cultures, souligne Matignon. C'est pour cela que Jean-Jacques Aillagon veut affirmer "la primauté du français sur le territoire de la République, et son statut de langue internationale". Quid des langues régionales ? Le ministre a annoncé l'organisation en 2003 d'assises nationales des langues de France.

 (L'Èime Prouvençau, n° 48, septembre-octobre 2002)

Vers une convention pour le patrimoine culturel immatériel

Un premier avant-projet de convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a été examiné par les experts gouvernementaux des États membres de l'Unesco, fin septembre. Cette réunion intervenait au lendemain de l'adoption de la Déclaration d'Istanbul par laquelle 74 ministres de la culture et 36 représentants d'États ont reconnu la nécessité urgente d'agir en faveur de la sauvegarde du patrimoine immatériel.

 (L'Èime Prouvençau, n° 48, septembre-octobre 2002)

Nouvelles orientations en Alsace

Adrien Zeller, président du conseil régional d'Alsace, et Justin Vogel, président de l'Office pour la langue et la culture d'Alsace (OLCA), ont présenté les nouvelles orientations de cet office en faveur de l'alsacien et du bilinguisme. Outre l'information et la sensibilisation du public, des parents et du réseau associatif et éducatif, l'OLCA entend apporter pour la mise en œuvre de projets novateurs et la présence de la langue régionale dans la vie publique (plaques de r ues, audiovisuel, signalétique...). L'OLCA soutient également, notamment par sa logistique, les associations promouvant la langue et la culture alsaciennes. Adrien Zeller s'est félicité du rôle de "pionnier" qu'a tenu l'Alsace dans l'enseignement précoce d'une langue vivante. "Il est de l'intérêt de l'Alsace et de sa jeunesse de valoriser au mieux l'atout du bilinguisme. Cet enseignement précoce de l'allemand est un élément d'une politique plus vaste de développement des langues vivantes pour un plurilinguisme conforme à la vocation européenne de l'Alsace".

(L'Èime Prouvençau, n° 47, été 2002)

Les langues régionales de l'Arc alpin

Provençal, niçois, piémontais, francoprovençal, walser, ladin, romanche, frioulan, slovène : l'arc alpin est une véritable mosaïque de langues régionales. Avec des situations et des statuts variables. Si la France ne reconnaît pas ces langues régionales, la Suisse a fait du romanche l'une de ses langues nationales, le francoprovençal est spécialement protégé dans le Val d'Aoste et les droits de la minorité linguistique slovène d'Italie sont consacrés par la loi. À l'occasion de l'Année internationale des montagnes, l'Unioun Prouvençalo, en partenariat avec l'Escolo de la Mountagno et le Païs Gavouot, organise un colloque consacré à la situation de ces différentes langues et cultures régionales des Alpes. Il se déroulera les 12 et 13 juillet 2002 au conservatoire botanique de Charance, à Gap.

(L'Èime Prouvençau, n° 47, été 2002)

La transmission familiale des langues régionales en recul

A l'occasion du dernier recensement de la population, 380.000 personnes ont été interrogées sur leur histoire familiale, et trois questions portaient sur les langues. L'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) et l'INED (Institut des études démographiques) en ont publié les résultats, le 21 février.

A la question de savoir "en quelles langues, dialectes ou patois" leur père, puis leur mère, leur parlaient "d'habitude" vers l'âge de 5 ans, 26 % des adultes se souviennent qu'on leur parlait une autre langue que le français, généralement (six fois sur dix) en plus de celui-ci. Dans la moitié des cas, il s'agit de langues frontalières et/ou régionales; dans l'autre moitié, ce sont des langues de l'immigration. Pas moins de 6700 intitulés de langues et de parlers ont été ainsi déclarés, correspondant à près de 400 langues identifiées.

Selon les auteurs, la plupart des langues régionales ont été transmises seulement de façon occasionnelle, en accompagnement du français, et plus souvent par un seul parent. Il n'en demeure pas moins que ces langues ont accompagné l'enfance de très nombreux adultes actuellement en vie : respectivement 610.000 à titre habituel et 1.060.000 à titre secondaire pour les langues d'oc (nissart, provençal, languedocien, rouergat, limousin, gascon...), 570.000 et 850.000 pour les langues d'oïl. Seul l'alsacien a été reçu plus souvent sur un mode habituel (660.000 personnes) qu'occasionnel (240.000).

Cet héritage linguistique a-t-il été retransmis à la génération suivante ? Ceux à qui les parents, parlaient habituellement une langue donnée auraient été 35 % à la léguer à leurs enfants, mais en incluant les personnes pour lesquelles la pratique était occasionnelle, la proportion tombe à 9 %. Pour les langues d'oc, sur 1.670.000 personnes qui avaient reçu cet héritage linguistique, seules 240.000 l'auraient à leur tour transmis à leurs enfants. Ce qui fait dire à l'INSEE et à l'INED que "la situation est des plus critique" pour les langues d'oc, comme elle l'est pour le flamand, le breton et le franco-provençal.

Selon cette enquête, la pratique des langues régionales reste cependant supérieure au niveau de la retransmission familiale. L'alsacien compterait ainsi 548.000 locuteurs adultes, les langues d'oc 526.000, le breton 304.000, les langues d'oïl 204.000, le catalan 132.000, le corse 122.000, le platt lorrain 78.000 et le basque 44.000. Près de 20 % de ces locuteurs n'ont pas reçu la langue de leur famille.

François Héran, chercheur à l'INED, reconnaît qu'il "faut aller encore plus loin dans l'étude et travailler sur les différents aspects des langues d'oc entre occitan, provençal, gascon... et voir comment elles ont été retransmises".

On ne peut que rappeler aussi les réserves du sociolinguiste Philippe Blanchet sur ce type d'enquêtes, en raison du flou, de l'implicite, de la fragilité méthodologique et de la diversité des critères d'évaluation employés. "Si l'évaluation quantitative "objective" de ces pratiques est si difficile, c'est qu'elle touche au fond à l'une des questions-clé pour l'ensemble des sciences de l'homme, la dialectique de l'identité et de l'altérité".

(L'Èime Prouvençau, n° 46, mars-avril 2002)

Le tamazight langue nationale en Algérie

Le Parlement algérien a reconnu, le 8 avril, le tamazight (berbère) comme deuxième langue nationale à côté de l'arabe. Cette reconnaissance, réclamée depuis près de 40 ans par les Kabyles, avait été votée dans l'espoir de régler la crise kabyle. En France, le tamazight devrait être également reconnu. Le ministère de l'Éducation nationale a annoncé qu'il pourrait être enseigné dans les collèges et les lycées.

(L'Èime Prouvençau, n° 46, mars-avril 2002)

Convention sur le bilinguisme français-breton

Une convention sur le bilinguisme a été signée, le 4 mars à Rennes, afin de "promouvoir la langue et la culture bretonnes". Il s'agit d'un volet additionnel au contrat de plan État-Région, qui prévoit un apport de 35,68 millions d'euros de la part de l'État et de 12,04 millions d'euros de la Région. La convention prévoit de faire passer de 21.000 à 26.000 le nombre d'élèves suivant des 44 cours de breton, d'ici à 2006 (AFP).

(L'Èime Prouvençau, n° 46, mars-avril 2002)

La voix plurielle des langues du Sud

C'est un pas déterminant pour la pleine reconnaissance des langues régionales auvergnate, gasconne, niçoise et provençale. Réunis à Thiers, en Auvergne, quatre mouvements, représentatifs œuvrant pour des différentes langues -le Cercle Terre d'Auvergne, le Conservatoire du Patrimoine de Gascogne, I'Institut Béarnais et Gascon, et l'Unioun Prouvençalo- viennent en effet d'arrêter une position commune s'appuyant sur une vision pluraliste des langues d'oc.

Cette prise de position prend la forme d'une "adresse", qui a été envoyée, le 8 avril, aux candidats à l'élection présidentielle. Ces mouvements culturels y prônent le respect des idiomes authentiques du domaine d'oc, dont la pérennité est menacée par les partisans d'une langue standard artificielle, qui serait commune à plus de 32 départements français, outre le Val d'Aran (Espagne) et les vallées provençales du Piémont italien...

Cette initiative vise à dénoncer une "idéologie uniformisatrice dangereuse pour la pérennité des idiomes régionaux authentiques" qui ne peut aboutir "qu'à la disparition des langues régionales d'oc". Les quatre mouvements demandent par conséquent que "I'attitude soit rééquilibrée au profit de ceux qui œuvrent effectivement pour la transmission et l'enrichissement des patrimoines régionaux authentiques du domaine d'oc dans le cadre de la République française".

Le texte complet de "l'adresse" peut être consulté sur l'internet (http://prouvenco.presso.free.fr/adreisso.html).

(L'Èime Prouvençau, n° 46, mars-avril 2002)

Bernard Cerquiglini persiste et signe

Le nouveau Délégué général à la langue française et aux langues de France, Bernard Cerquiglini, vient de préciser sa position concernant les "dialectes de l'occitan". Dans une réponse à Jean Lafitte, défenseur de la langue gasconne, M. Cerquiglini oppose les parlers d'oïl, qui "ne sauraient être considérés aujourd'hui comme de simples dialectes du français", au domaine d'oc, "où aucune forme de la langue ne s'est historiquement imposée aux autres. Tous les dialectes étant de statut égal, aucun d'entre eux n'a vocation à unifier l'ensemble, nous nous accordons sur ce point. Par ailleurs, la plupart des chercheurs, mais aussi des écrivains au moins depuis Mistral, considèrent que, des Alpes aux Pyrénées, I'unité l'emporte sur la diversité observée entre le gascon, le provençal et le limousin, par exemple. Il n'y a donc aucune raison de parler de langues d'oc au pluriel. Chaque variété dialectale est I'expression pleine et entière de l'occitan, qui n'existe qu'à travers ses composantes". Et Bernard Cerquiglini de poursuivre : "En coupant le lien organique et le dialogue vivifiant qu'il entretient avec les dialectes voisins, en l'engageant dans un processus de fragmentation, on risquerait fort de l'exposer à son tour à une surenchère localiste fatale, le landais faisant valoir par rapport au béarnais des divergences dont on pourra toujours démontrer la pertinence linguistique, et ainsi de suite".

Le Délégué aux langues de France estime que la position des pouvoirs publics vis-à-vis de l'occitan doit être "respectueuse de la libre expression de chacun dans un ensemble qui fait la solidité et peut seul garantir l'avenir de la langue (...). On voit mal dans ces conditions ce que peuvent être les "menaces non voilées" qui pèseraient sur les variétés non-languedociennes de la langue, en vertu de quelle autorité s'exerceraient-elles ? La force d'un idiome est dans la diversité de ses pratiques sociales et de ses productions culturelles (...) qui feront toujours plus pour la dépense et l'illustration du gascon qu'une décision administrative lui accordant une illusoire autonomie par rapport à l'occitan".

Les Provençaux seront heureux d'apprendre que M. Cerquiglini ne perçoit pas ces "menaces non voilées", lui qui a récemment souhaité "une graphie commune et éventuellement une forme commune littéraire" (voir L'Èime Prouvençau, n° 44).

(L'Èime Prouvençau, n° 45, janvier-février 2002)

L'alsacien a désormais sa méthode Assimil

"L'alsacien sans peine" écrit par un ancien instituteur, propose 79 leçons, en enchaînant dialogues insolites et saynètes du quotIdien, afin d'apporter au lecteur une maîtrise passive, puis active, de la langue. Le premier championnat du monde de lancer d'insultes en langue bretonne s'est déroulé en janvier à Prat (Côtes-d'Armor). Ce concours "totalement loufoque" ne consistait pas à dire des grossièretés mais des insultes subtiles dans l'unique but de promouvoir la richesse de la langue bretonne.

(L'Èime Prouvençau, n° 45, janvier-février 2002)

La "République des accents" de Jospin

Le Premier ministre Lionel Jospin a affirmé, le 11 octobre, en marge du sommet franco-espagnol à Perpignan, vouloir "faire vivre" une "République vivante, de saveurs, de couleurs, d'accents". Pour le chef du gouvernement, "naturellement, nous nous référons à des principes, naturellement notre conception de la République est une conception citoyenne dans laquelle chaque homme, chaque femme a des droits égaux et se reconnaît en tant que citoyen". Mais chaque citoyen "vient d'un pays, d'une histoire, il pratique aussi, à côté de la langue française qui nous unit, des langues que je me suis efforcé de promouvoir lorsque j'étais ministre de l'Éducation nationale".

(L'Èime Prouvençau, n° 43, septembre-octobre 2001)

La politique du ministère de la Culture en faveur des langues régionales

La ministre de la Culture, Catherine Tasca, a donné le bilan de sa politique en faveur des langues régionales, confiée à la Délégation générale à la langue française (DGLF), dans ses réponses au député Léonce Deprez et au sénateur Serge Mathieu.

Sur les 3 millions de francs débloqués, 450.000 francs sont venus abonder le programme "Librairie des langues de France", mais seulement 77.150 F ont été alloués (huit bibliothèques en ont bénéficié). Par ailleurs, la DGLF a entrepris la réalisation d'un répertoire des organismes actifs dans le domaine des langues de France et a mis en place un observatoire des pratiques linguistiques, pour contribuer à une meilleure prise en compte des réalités langagières dans l'élaboration de politiques sociales, éducatives et culturelles. L'observatoire a consacré la moitié de ses crédits, soit 350.000 F, au financement d'études impliquant directement les langues régionales. L'État s'est également engagé au travers des contrats de plan : en Bretagne, l'Office de la langue bretonne doit bénéficier de 6 millions de francs pour la période 2000-2006 et, en Aquitaine, une mesure de 7 MF est inscrite pour le développement du basque et du gascon.

(L'Èime Prouvençau, n° 40, avril 2001)

La charte européenne des langues régionales ratifiée par le Royaume-Uni et signée par la Slovaquie

Le Royaume-Uni a ratifié, le 27 mars à Strasbourg, la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Le texte est désormais en vigueur -ou le sera tout prochainement- dans douze pays.

Trois langues régionales, selon les termes de la ratification par Londres, bénéficieront de la protection prévue par la charte : le gallois, le gaélique écossais et l'irlandais.

Par ailleurs, le ministre slovaque des Affaires étrangères a signé la Charte, le 20 février à Strasbourg. Dans une déclaration d'intention, qui devra être confirmée lors de la ratification, la Slovaquie prévoit trois groupes de langues minoritaires, accordant à chacun un traitement différencié selon leur situation.

Le gouvernement de Bratislava précise en outre que ces dispositions ne s'appliqueront que dans les communes où au moins 20 % de la population parle une langue minoritaire, ce qui élimine de fait de nombreuses minorités. La plus grande minorité de Slovaquie est constituée par les Hongrois (10 %), suivis par les Roms (1,5 %), les Ruthènes (1 %) et les Ukrainiens (1 %).

(L'Èime Prouvençau, n° 39, janvier-février-mars 2001)

Les langues régionales en version multimédia

Une première méthode multimédia (DVD et CD-rom) d'apprentissage d'une langue régionale, baptisée "E Brezhoneg pa gari" ("En breton quand tu voudras"), a été réalisée par l'association Stumdi. Elle comprend 15 leçons, un film original de 30 mn, 500 exercices interactifs, 3000 phrases enregistrées, une grammaire et un dictionnaire vocal de 900 entrées. Ce projet a nécessité la mobilisation d'un budget de 1,5 million de francs, abondé essentiellement par la Région (600.000 F) et le Fonds social européen (500.000 F). Notons par ailleurs que le DVD du film de Patrice Leconte, Le mari de la coiffeuse, est le premier à être accompagné de sous-titrages en langues régionales (alsacien, basque, breton et corse). Une heureuse initiative de son éditeur normand (le film a été tourné dans la Manche), Opening.

(L'Èime Prouvençau, n° 39, janvier-février 2001)

L'hommage de l'Unesco

L'Unesco a rendu hommage, à l'occasion de la Journée internationale des langues maternelles, le 20 février, aux quelque 6700 langues qui sont pratiquées dans le monde. Pour l'Unesco, le rapprochement des cultures par le dialogue entre langues contribue à consolider la paix entre nations et communautés.

(L'Èime Prouvençau, n° 39, janvier-février 2001)

La charte européenne des langues ratifiée par l'Espagne

L'Espagne a ratifié la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, le 9 avril à Strasbourg. Les langues déclarées officielles par les statuts des Communautés autonomes espagnoles (dont l'aranais langue de la famille d'oc, en Catalogne) bénéficient d'une protection maximum et d'importantes mesure pour promouvoir leur usage en public. Les autres langues, qui ne sont pas énumérées spécifiquement bénéficieront de protections telles que la liberté de leur enseignement et de leur étude ou l'élimination de toute discrimination. Le texte, qui entrera en vigueur le 1er août en Espagne, a déjà été ratifié par treize pays. Il devrait l'être prochainement par le Portugal (AFP).

(L'Èime Prouvençau, n° 40, mars-avril 2001)

L'alliance latine de Jacques Chirac

Le président Jacques Chirac a appelé, le 20 mars à Paris, à une "alliance" des "communautés linguistiques de tradition latine" pour mieux résister à la suprématie de l'anglais. Les communautés francophones, italophone, lusophone et hispanophone représentent 79 États et 1,2 milliard de personnes. Jacques Chirac a appelé à une action commune en faveur des "civilisations premières", aujourd'hui. "menacées d'extinction", et a souligné l'urgence d'une "éthique planétaire capable de gérer l'avenir de l'homme en gardant en mémoire son origine et ses liens avec son milieu naturel, dont il ne peut pas se dissocier". Le chef de l'État français a enfin souhaité que l'Unesco reconnaisse solennellement le "droit à L diversité culturelle" par "une déclaration universelle qui en constituera l'acte fondateur" (AFP Reuters).

(L'Èime Prouvençau, n° 40, mars-avril 2001)

La vignette auto pour la promotion du breton

Profitant de la suppression de la vignette automobile pour les particuliers, Diwan et sept autres mouvements bretons ont mis en vente 50.000 vignettes "Breizh 01" au prix unique de 100 francs pour assurer le financement de l'enseignement du breton et des activités des associations.

(L'Èime Prouvençau, n° 40, mars-avril 2001)

Lettonie: le combat pour le latgal

Le latgal, parler qui date du XIIème siècle et qui est utilisé par 150.000 personnes de cette région orientale de Lettonie, va-t-il être sacrifié sur l'autel du combat des Lettons contre le russe ? A l'heure où ce pays balte envisage d'imposer le letton comme langue officielle, une linguiste proche du gouvernement de Riga souligne que "des dialectes meurent tous les jours. Seuls les pays riches peuvent se permettre de sauver leur diversité linguistique" (AFP)

(L'Èime Prouvençau, n° 40, mars-avril 2001)

Les candidats alsaciens et leur langue

A l'occasion des dernières élections, l'association Culture et bilinguisme d'Alsace et de Moselle a sollicité 105 candidats aux postes de conseiller général ou de maire de Strasbourg, Mulhouse et Colmar 80 % des 51 candidats qui ont répondu se disaient favorables à l'enseignement des langues régionales, l'accroissement des heures d'émission sur les médias publics et à l'utilisation de la langue régionale dans la vie publique. Ceux d'entre eux qui ont été élus n'ont plus qu'à mettre leurs actes en accord avec leur discours...

(L'Èime Prouvençau, n° 40, mars-avril 2001)

Langues du Midi : éloge de la diversité

Dans le Midi de la France, les langues d'oc occupent l'essentiel de l'espace, laissant la portion congrue au basque, doyen de nos idiomes, au catalan et au corse. Reste que ces langues d'oc recouvrent elles mêmes une indéniable diversité, soulignée lors d'un colloque, qui s'est tenu à la Sorbonne, le 15 juin.

Ce colloque, animé par des spécialistes universitaires des langues méridionales, était organisé par le CEROC (centre d'enseignement et de recherche d'oc, Paris IV-Sorbonne) et le CREDILIF (Centre de recherche sur la diversité linguistique de la francophonie, Rennes 2). Ce colloque a bénéficié du concours de la Délégation générale à la langue française (DGLF, ministère de la Culture), qui était représentée par Michel Alessio, chargé des langues régionales, et de l'Unioun Prouvençalo, qui avait emmené une délégation à Paris.

Le professeur Philippe Blanchet, directeur du CREDILIF et spécialiste du provençal, le rappelle: "Une langue n'est pas seulement une pratique, mais aussi la représentation qu'en ont ses locuteurs et qui a une grande importance". Pour Bernard Moreux (CNRS), spécialiste du béarnais et du gascon, "il faut donc absolument respecter le choix des locuteurs quant au nom de leur langue". Pour la bonne et simple raison que "la langue, on va la porter comme un drapeau, comme une façon d'être soi-même", insiste la linguiste Henriette Walter.

Ces considérations prennent toute leur importance à l'heure où les langues d'oc sont plus que jamais soumises à une entreprise de standardisation. Rabaisser les langues provençale, niçoise (dont la situation a été présentée par Adolphe Viani), gasconne ou auvergnate au rang de dialectes n'est pas innocent. "Nous ne sommes pas là pour enseigner le patois. Le patois est mort, enseignons l'occitan", avait ainsi déclaré un responsable occitan en usant de cette terminologie.

Cette politique se fait ressentir. Selon B. Moreux, "on peut observer une languedocianisation rampante du béarnais utilisé aujourd'hui". S. Souspel (université de Paris III) relève quant à lui "l'effacement de la notion d'Auvergne pour celle de Massif Central" et le fait que "la pente naturelle vers le Nord est en train de s'inverser". Résultat là encore, l'auvergnat, langue charnière, se trouve de plus en plus influencé par le languedocien, quand ce n'est pas par le catalan.

Tout cela s'explique: "Le standard permet plus facilement une officialisation de la langue, ce qui renvoie à une opposition au français et non à une complémentarité entre des langues placées à des niveaux différents", commente Philippe Blanchet. "Il est paradoxal de vouloir défendre les langues régionales sans respecter la diversité".

Sur ce point, l'exemple pourrait venir de l'Île de beauté, où "personne ne voulait d'un espéranto corse", explique le sociolinguiste Jean-Baptiste Marcellesi (CNRS). Après avoir obtenu son "autonomie linguistique" vis-à-vis du toscan et de l'italien standard, la langue corse a vu reconnaître son caractère polynomique. Le texte instituant le CAPES de corse prévoit ainsi explicitement qu'aucune variété de la langue ne sera privilégiée.

On le voit, il existe une forte vitalité des usages et des représentations des langues du Midi, dont la diversité linguistique est doublée d'une hétérogénéité des situations sociolinguistiques. Pour Philippe Blanchet, cette constatation souligne le problème de "l'échelon auquel on va développer les langues régionales. Il est évident que les mesures ne doivent pas être les mêmes pour tous les domaines d'oc". Pour le Pr Blanchet, c'est donc "en s'appuyant sur la réalité des pratiques et en stimulant les locuteurs de base que l'on peut réactiver une conscience et un intérêt pour les langues régionales". Il s'agit ni plus ni moins que de "lutter contre l'uniformité", comme y invite G. Molinié, président de l'université Paris IV-Sorbonne. "On devrait déconnecter l'idée nationale de l'idée linguistique et tout deviendrait moins pathétique. Il faut refaire vivre ce patrimoine contre le nationalisme français".

(L'Èime Prouvençau, n° 41, mai-juin 2001)

Une langue administrative romanche unifiée

Dans les Grisons (Suisse), le rumantsch grischun s'impose désormais dans tous les documents envoyés par l'administration cantonale aux communes romanches. La langue écrite unifiée remplace les deux idiomes utilisés jusqu'alors, le ladin et le sursilvan. Les communes, elles, pourront continuer à écrire leurs lettres dans leur langue.

(L'Èime Prouvençau, n° 42, juillet-août 2001)

Un Conseil de la langue basque

Le Conseil de la langue basque (Hizkuntza Kontseilua) a été mis en place, le 3 juillet, dans le cadre de la convention spécifique Pays basque, afin de promouvoir le développement de l'euskara. Regroupant associations, institutions et experts, son objectif est de contribuer à l'élaboration et à la mise en œuvre de tout projet d'aménagement linguistique relatif à la langue basque, et en premier lieu, des actions prévues dans le schéma d'aménagement et de développement du Pays basque et par la convention spécifique. Il s'agit notamment d'enrayer le déclin de l'euskara, dont le nombre de jeunes locuteurs (16-25 ans) a chuté de 27 % ces trente dernières années. Ce Conseil a été doté d'un budget de 800.000 francs, dont 660.000 F versés à égalité par l'État, là Région Aquitaine et le département des Pyrénées-Atlantiques (AFP).

(L'Èime Prouvençau, n° 42, juillet-août 2001)

La Francophonie consacre la primauté de la diversité

Réunis à Cotonou les 14 et 15 juin, les ministres des 55 États et gouvernements membres de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ont réitéré leur attachement à la diversité culturelle et leur volonté de disposer de politiques et d'instruments propres à en assurer la sauvegarde et la promotion. "Aujourd'hui, au moment où ces questions sont débattues à l'Unesco et dans d'autres enceintes internationales, l'OIF est la première organisation à adopter une déclaration politique qui reconnaît le principe de la primauté de la diversité culturelle", indique le communiqué de l'organisation.

(L'Èime Prouvençau, n° 42, juillet-août 2001)

Des livres d'initiation pour les bébés

De jolis dessins représentant des lunettes, des parapluies, des tentes de camping, des cannes à pêche et à côté la traduction en languedocien et en catalan. Ces deux imagiers ont été édités en 13.000 exemplaires par le conseil régional du Languedoc-Roussillon, qui les distribue à toutes les mamans dans les maternités de la région, en même temps qu'un passeport culturel occitan et catalan. L'investissement se chiffre à 289.000 francs. "C'est un signe fort de notre part", indique le président du conseil régional Jacques Blanc. "Nous voulons associer les familles à notre démarche de développement des langues régionales".

(L'Èime Prouvençau, n° 42, juillet-août 2001)

Un quotidien bilingue à Bayonne

Un nouveau quotidien basque sera prochainement lancé à Bayonne. Bilingue (français et euskara), Le Journal du Pays basque Euskal Herriko Kazeta sera tiré à 5000 exemplaires. Il donnera aussi sa place au béarnais, autre langue parlée dans les Pyrénées-Atlantiques. Le journal comportera 24 pages durant la semaine et 32 le week-end. Il emploiera une vingtaine de salariés (d'après AFP, 6 sept).

(L'Èime Prouvençau, n° 43, septembre-octobre 2001)

Breton: 230 MF de plus pour le bilinguisme

230 millions de francs (35 M d'euros) supplémentaires devraient être débloqués dans le cadre du contrat de plan État-Région pour encourager le développement du bilinguisme français-breton dans les domaines scolaire et universitaire. La somme devrait notamment permettre le recrutement de 250 enseignants bilingues sur cinq ans et la création d'un collège Diwan dans chaque pays de la Basse Bretagne. Elle devrait également être employée à la préservation du patrimoine linguistique et culturel breton.

(L'Èime Prouvençau, n° 43, septembre-octobre 2001)

Mc Do en breton

Les McDonald's de Carhaix et Morlaix afficheront bientôt leurs menus en français et en breton. La signalétique des lieux sera également traduite...

(L'Èime Prouvençau, n° 43, septembre-octobre 2001)

"Ya d'ar brezhoneg": une campagne pour la réappropriation du breton

L'Office de la langue bretonne a lancé, le 5 octobre à Carhaix (Finistère), son opération "Ya d'ar brezhoneg" ("Oui au breton"), destinée à favoriser la réappropriation de la langue dans tous les; domaines de la société civile. Responsables d'entreprise, d'association, du monde sportif, de la formation ou des médias se sont engagés à promouvoir l'utilisation du breton. Qu'il s'agisse de la mise en place d'une signalétique bilingue dans l'entreprise, de proposer des cours de breton dans le cadre de la formation continue ou encore d'intégrer le breton aux emballages de leurs produits. Cet accord pourrait d'ailleurs prendre la forme d'un label (Le Télégramme, 19 septembre).

(L'Èime Prouvençau, n° 43, septembre-octobre 2001)

Alsacien : la pratique en régression

La part des Alsaciens ne sachant pas parler leur langue régionale et ne la comprenant pas est passée de 14,6 % en 1990 à 27 % en 2001, selon un sondage Iserco publié par les Dernières Nouvelles d'Alsace (21 sept.). La part des sondés parlant "très souvent" le dialecte est passée de 40,4 % à 34 %. Ce constat est à rapprocher de l'installation en Alsace de 122.000 personnes originaires d'autres régions métropolitaines, entre 1990 et 1999.

(L'Èime Prouvençau, n° 43, septembre-octobre 2001)

Le nouveau Délégué aux langues de France suscite un tollé

Les propos tenus par Bernard Cerquiglini, Délégué général à la langue française et aux langues de France depuis le 17 octobre, dans l'hebdomadaire occitaniste La Setmana (8 nov.), ont suscité un tollé en Provence. Dans cet entretien, le Pr Cerquiglini indique vouloir aider les mouvements occitans "à convenir" d'une graphie commune et éventuellement (...) d'une forme commune littéraire comme au Moyen Age". M. Cerquiglini s'était déjà distingué dans son rapport sur les langues de France, remis au gouvernement lors de la signature de la charte européenne des langues régionales. Il y opposait la situation des langues d'oïl, que "l'on ne saurait considérer aujourd'hui comme des dialectes du français", à celle "que montre l'occitan. Celle-ci pourrait être qualifiée de conjonction, l'occitan étant la somme de ses variétés" (sic). Alors même que le ministre de l'Éducation nationale considère que "le provençal est l'une des langues relevant du domaine de la langue d'oc" et qu'il n'a "jamais été envisagé de nier (ses) spécificités", cette prise de position apparaît "proprement scandaleuse", aux yeux de l'Unioun Prouvençalo. "Elle prouve que le fait de considérer le provençal comme de l'occitan n'a qu'un seul but : imposer en Provence la graphie archaïque occitane et un occitan standard, artificiel, à base languedocienne. Plus que jamais, il apparaît nécessaire de faire en sorte que l'avenir de la langue provençale soit assuré par la reconnaissance pleine et entière de sa spécificité".

(L'Èime Prouvençau, n° 44, novembre-décembre 2001)

Le breton pilier de l'identité régionale

57 % des Bretons s'estiment autant Bretons que Français et 85 % considèrent que la langue bretonne est un élément important de l'identité régionale (62 % sont tout à fait d'accord et 23 % assez d'accord). C'est ce qui ressort d'un sondage réalisé dans le cadre d'une étude comparative sur la décentralisation au Pays de Galles et en Bretagne, menée par l'université de Cardiff. Pour favoriser la langue bretonne, 67 % sont favorables à des aides publiques pour les médias bretonnants et 74 % pour les associations. En revanche, les sondés sont plutôt opposés à ce que l'on forme davantage de bretonnants pour occuper des postes dans l'administration et la politique (57 % contre 38 %) ou à ce que des postes soient réservés à des personnes bilingues (54 % contre 43 %). La Région constitue la collectivité de référence pour la promotion de la langue aux yeux de 53 % des Bretons, tandis que 21 % estiment que cela doit relever de l'État et 6 % de l'Union européenne (Ouest-France, 23 nov.).

(L'Èime Prouvençau, n° 44, novembre-décembre 2001)

Un institut amazighe au Maroc

Un institut royal amazighe va être créé au Maroc, afin "d'élaborer et préparer l'intégration de la langue amazighe (berbère) dans l'enseignement". En annonçant cette création, le roi Mohammed VI a souligné que l'identité culturelle marocaine était "plurielle", parce que "bâtie autour d'affluents divers: amazighe, arabe, subsaharien-africain et andalou". Cette création répond aux revendications des associations culturelles berbères, qui réclament également la reconnaissance de la langue amazighe par la Constitution.

(L'Èime Prouvençau, n° 44, novembre-décembre 2001)

3000 Catalans pour la défense de la langue

A l'appel de la Federacio pèr la defensa de la llenga i la cultura catalanes et du Correllengua, 3000 Catalans du nord et du sud se sont retrouvés dans les rues de Perpignan, le 3 novembre, pour affirmer leur volonté de défendre, ensemble, leur catalanité. Cette manifestation commémorait le "Malaguanyat", Traité des Pyrénées qui rattacha le Roussillon à la France, en 1659 (Midi Libre).

(L'Èime Prouvençau, n° 44, novembre-décembre 2001)

Internet ou la tour de Babel

A priori, cela pourrait paraître contradictoire. Internet, l'un des symboles de la mondialisation, se révèle être un allié objectif des langues régionales. Le nombre de langues pratiquées sur la toile explose littéralement depuis ces dernières années. Les statistiques le démontrent. Entre 1998 et 2000, le part des pages en anglais sur le web a chuté de 78 % à 60 %. Les défenseurs des langues régionales ont bien mesuré l'enjeu. "La France a toujours eu une vision académique en matière de langues. Si une langue n'a pas d'écrits, pas de littérature, elle n'est pas reconnue. Quand une langue régionale émarge sur Internet, par une sorte d'oralité écrite, cela assoit son statut de langue auprès des pouvoirs publics. Internet contribue également à dépoussiérer l'image archaïque des parlers régionaux et permet d'y intéresser un nouveau public", observait le webmaster de "Langues et culture", site dédié aux langues régionales et au provençal, dans La Tribune (31 janvier).

De la même manière que le taux d'audience des émissions en provençal de France 3 Méditerranée, le nombre de sites web et leur fréquentation montrent la vivacité de la pratique de la langue. En la matière, le provençal n'a pas à rougir. Le moteur de recherche Voilà recense ainsi 79 sites contenant des pages en provençal, sans compter les milliers de pages qui évoquent la langue et la culture provençales.

Cela amène le milieu économique à prendre en compte la présence des langues régionales sur le net. Alta Vista, portail et moteur de recherche américain, a ouvert trois nouveaux sites régionaux en basque, en catalan et en galicien -trois langues qui réunissent plus de dix millions de pages web- et prépare un site en breton. Soutenu par l'Union européenne, le navigateur norvégien Opéra met au point sa version en langues celtiques (irlandais, gaélique d'Ecosse, gallois et breton). Edit, société française de traduction en ligne, propose aujourd'hui 60 langues et, selon Libération (13 juin 2000), son PDG, Jean-Pierre Jumez, rêve de fixer sur la toile certaines langues tribales et orales menacées d'extinction, en particulier des dialectes africains.

Reste que l'internaute se heurte à la spécificité culturelle des sites en langues régionales. Peu de ces sites traitent en effet d'autres sujets que ceux relatifs à la langue, à la culture ou au régionalisme. Une enquête réalisée par une étudiante bretonne, Ann Laimé, montre que si les internautes bretonnants sont satisfaits des sites existants, ils aspirent à davantage de diversité. Outre la littérature et la musique, bien représentés sur la toile, ils demandent des sites pour enfants, de l'information pratique, de l'humour, de l'art et même de l'informatique (ArMen, décembre 2000).

Voilà donc le défi que les défenseurs des langues régionales sur le web ont désormais à relever. Dépasser la seule présence des langues sur la toile pour offrir à leurs locuteurs la variété de sites et de thèmes dont bénéficient les autres langues.

(L'Èime Prouvençau, n° 42, juillet-août 2001)

 

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