Langues régionales

Charte européenne des langues régionales (2000)


  •  200 associations et sociétés s'engagent à promouvoir le basque
  •  Jacques Chirac partisan d'un État "qui respecte les cultures"
  •  La loi sur les minorités linguistiques déçoit les vallées provençales d'Italie
  •  Budget étriqué pour les langues
  •  La dynamique culturelle bretonne
  •  82 % des Français pour la ratification de la Charte européenne des langues régionales
  • Langues de France : les orientations du ministère de la Culture pour 2001
  • La convention de Pays basque n'oublie pas l'euskara
  • 2001
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    Les priorités de Catherine Trautmann

    Dans une réponse à Christian Estrosi, député des Alpes-Maritimes, la ministre de la Culture, Catherine Trautmann, précise ses priorités pour "assurer la sauvegarde et la valorisation" des langues régionales. La ministre annonce en effet un renforcement des actions dans les domaines suivants : "la collecte, la conservation et la valorisation � du patrimoine linguistique ; l’aide à l’édition et à la publication en langues régionales ; l’aide à l’équipement linguistique (grammaires, dictionnaires, manuels, travaux de terminologie) là où le besoin s’en fait sentir ; l’observation des pratiques linguistiques. Par ailleurs, les interventions du ministère dans le champ de la création artistique (musique, théâtre, création littéraire...) seront orientées dans le sens d’une meilleure prise en compte des langues et cultures régionales. Cette politique concernera l’ensemble du patrimoine linguistique de la France" (JO, 31 janv.).

    (L'Èime Prouvençau, n° 33, janvier/février 2000)

    200 associations et sociétés s’engagent à promouvoir le basque

    Deux cents associations et entreprises culturelles, sanitaires, sportives, économiques, agricoles et syndicales se sont engagées à promouvoir l’usage de l’euskara, le 25 février, à Biarritz. Parmi les signataires se trouvent les franchises locales de plusieurs enseignes nationales, dont de�s supermarchés et des fast-foods, ainsi que des unions locales des syndicats CFDT, SUD et CGT, des médias et des banques. L’accord "Bai euskara ri" (oui au basque) avait été lancé fin 1998 à Pampelune. "Cette initiative est exemplaire pour le reste du monde", a commenté Paul Ortega, directeur du centre de l’UNESCO pour le Pays basque. "Jamais autant d’agents et de mouvements sociaux n’ont été si bien mobilisés en faveur d’une langue".

    (AFP, 25 février 2000).

    Jacques Chirac partisan d’un État "qui respecte l’identité des cultures"

    À l'occasion d’un déplacement en Guadeloupe, le président de la République a expliqué que sa "conception de l’État moderne, ce n’est pas celle d’un État qui freine ou qui bride. C’est celle d’un État qui libère les énergies et les volontés, qui respecte les hommes et les femmes, l’identité �des cultures et des peuples". Jacques Chirac répondait à l’ancienne ministre Lucette Michaux-Chevry, présidente du conseil régional de Guadeloupe, pour qui "la diversité géographique, culturelle, ethnique de la France ne saurait être traitée de façon uniforme. Dans un monde où la mondialisation gomme presque tous les repères, l’identité propre de chaque région mérite un traitement territorialisé sans pour autant porter atteinte à l’unité territoriale" (d’après AFP, 9 mars).

    (L'Èime Prouvençau, n° 34, mars-avril 2000)

    La loi sur les minorités linguistiques déçoit les vallées provençales d’Italie

    Selon une procédure de vote bloqué, les sénateurs italiens ont adopté, le 25 novembre 1999, le projet de loi de protection des minorités linguistiques, tel que celui-ci avait été adopté au printemps 1998 par la chambre des députés. De ce fait, la liste de douze langues initialement retenues n’a pas pu être modifiée, malgré les attentes de nombreuses minorités italiennes. La loi ne reconnaît donc pas le calabrais, le vénitien ou le piémontais. Les sénateurs du Piémont, toutes tendances politiques confondues, ont d’ailleurs quitté l’hémicycle pour ne pas cautionner ce vote. D’autant qu’ils avaient accepté un amendement proposé par les associations culturelles des vallées provençales, afin que �le terme "occitano" soit remplacé par "provenzale occitanico".

    Coumboscuro centre prouvençal, La Valaddo et E Kyé ont protesté dans un communiqué contre ce texte dans lequel ils ne se "reconnaissent pas". Ils l’estiment en effet "inadéquat, faute de connaître la réalité" de la communauté provençale du Piémont. Ils entendent profiter de l’action menée par les défenseurs du piémontais pour que cette loi soit aménagée.

    Notons qu’en Espagne, c’est l’aranais (langue de la famille d’oc parlée dans le Val d’Aran) qui a été reconnu par le Congrès des députés, et non l’occitan. L’aranais sera l’une des six langues protégées au titre de la Charte européenne des langues régionales, en voie d’être ratifiée par l’Espagne.

    (L'Èime Prouvençau, n° 33, janvier/février 2000)

    Budget étriqué pour les langues

    Les moyens ne sont pas à la hauteur des ambitions affichées par le ministère de la Culture, qui avait annoncé des mesures nouvelles en faveur des langues régionales. Ces crédits sont limités à 3 millions de francs pour le budget 2000. Sur cette somme, 2 millions sont déconcentrés dans les directions régionales des affaires culturelles (DRAC).Le million restant doit être utilisé au niveau national pour permettre notamment le lancement d’une politique de soutien à l’acquisition de fonds d’ouvrages en langues régionales par les bibliothèques municipales, préconisé par le rapport Poignant. Le ministère précise que "ces crédits permettront de mettre en œuvre des mesures concernant l’ensemble des langues énumérées dans le rapport du Pr Cerquiglini sur les langues de France".

    (L'Èime Prouvençau, n° 34, mars-avril 2000)

    La dynamique culturelle bretonne

    Le conseil économique et social régional de Bretagne a présenté -en français et en breton- un rapport sur "la dynamique culturelle bretonne". Dans ce document de 180 pages, le CESR analyse la situation et demande d’impulser une politique régionale volontariste d’enseignement bilingue, de dynamiser et de diversifier l’édition en langue bretonne, d’appliquer les articles de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires conformes à la Constitution.

    Le Télégramme de Brest (25 janvier 2000)�

     

    82 % des Français pour la ratification de la Charte européenne des langues régionales

    Les Français sont de plus en plus nombreux à être favorables à la ratification par la France de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Ils étaient 77 % à y être favorables en 1994, ils sont désormais 82 %, selon un sondage réalisé par l’IFOP pour le Comité d’Alsace-Moselle du BELMR (Bureau européen pour les langues moins répandues). 79 % des Français se déclarent même prêts à ce que la Constitution soit révisée pour permettre cette avancée.

    Ces résultats sont d’autant plus intéressants q�u’un large débat s’était instauré dans le pays, l’an dernier, lors de la signature par la France de la Charte européenne des langues régionales, puis à l’occasion de la décision négative du Conseil constitutionnel.

    Il apparaît que ce débat a emporté l’adhésion des indécis : ceux-ci ne sont plus que 1 %, alors qu’ils étaient 8 % en 1994. Au total donc, 82 % des personnes interrogées se déclarent favorables à ce que la France ratifie et applique la Charte européenne des langues régionales, contre 17 % d’opposants (seuls 6 % sont "tout à fait opposés").�

    Les plus jeunes (moins de 35 ans) sont les plus favorables (90 %), tandis que les plus de 65 ans sont les plus réservés, tout en restant très majoritairement pour la Charte (67 %). Pour ces derniers, il s’agit sans doute, au-delà de la crainte habituelle du changement, de personnes qui ont été le plus exposées au dénigrement des "patois". Cela se confirme pour les catégories professionnelles, puisque ce sont cette fois les retraités qui sont les moins favorables (69 %) alors que toutes les autres catégories se situent au-dessus des 82 % du total.

    Au niveau des proximités politiques, les sympathisants écologistes sont les champions de la Charte : 91 % d’avis favorable. Globalement, les personnes qui se déclarent proches de la gauche sont plus favorables (86 %) que celles qui disent proches de la droite (75 %).

    Le pouvoir peut-il ignorer l’avis de quatre Français sur cinq ?� En même temps, il est surprenant que les personnes proches du RPR soient plus nombreuses (80 %) à se déclarer favorables à la ratification de la Charte que celles proches de l’UDF (71 %). Malgré ces différences, il ressort que le sentiment favorable à la Charte européenne reste largement majoritaire quelle que soit la sensibilité politique. Même les partisans de Charles Pasqua sont plus de 60 % à appeler cette ratification de leurs vœux.�

    On le sait, la ratification et l’application de la Charte européenne par la France ne sont possibles qu’après une modification de la Constitution. Le sondage montre cependant que ce n’est pas un obstacle pour la très grande majorité des Français. 79 % des personnes interrogées se déclarent ainsi favorables à une modification de la Constitution pour pouvoir appliquer la Charte européenne des langues régionales en France, contre 19 % d’opposants et 2 % de non-réponses. Là encore, les plus jeunes sont les plus favorables à une modification constitutionnelle (86 %). Les plus de 65 ans et les retraités sont les plus réticents (66/67 %).Toutes les autres catégories, sauf les cadres supérieurs et les professions libérales (75 %), se situent au-dessus de�s 79 % du total. Les écologistes restent en tête : 91 %. La gauche (84 %) est plus favorable que la droite (73 %). Les sympathisants du PCF (90 %) dépassent ceux du PS (82 %). Surprise encore à droite, puisque les personnes proches du RPR sont nettement plus favorables à une modification constitutionnelle (78 %) que les sympathisants de l’UDF (66 %).

    Sondage IFOP réalisé par téléphone auprès d’un échantillon de 955 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas), les 6 et 7 avril 2000.�

    (L'Èime Prouvençau, n° 35, mai-juin 2000)

    Langues de France : les orientations du ministère de la Culture pour 2001

    Dans la présentation de son budget 2001, le ministère de la Culture indique que "la dotation de la délégation générale à la langue française (DGLF) est reconduite à 11,6 millions de francs afin de permettre notamment la poursuite de la politique en faveur des langues de France et une implication forte du ministère de la Culture et de la Communication dans "l'année européenne des langues".

    "Afin de marquer la priorité que constitue la valorisation des langues régionales, la DGLF sera prochainement transformée en une "délégation générale à la langue française et aux langues de France". Elle aura pour mission de veiller à la sauvegarde et à la valorisation des langues de France et de coordonner la poli- tique culturelle en leur faveur.

    "En 2001, les actions de valorisation et de diffusion des soixante-quinze langues de France recensées par le rapport Cerquiglini seront donc résolument poursuivies. Cette politique s'articulera autour des axes suivants : collecte du patrimoine linguistique, études et équipements linguistiques, observation des pratiques, soutien à l'édition. Un effort particulier sera consenti en faveur des langues de l'outre-mer en liaison avec le secrétariat d'État aux DOM-TOM (...).

    "Enfin, de nouvelles études ont été retenues dans le cadre de l'appel à proposition de l'observatoire des pratiques linguistiques et porteront notamment sur le gallo, la langue d'oc, I'alsacien, le catalan, le picard ainsi que sur les langues amérindiennes de Guyane".

    (L'Èime Prouvençau, n° 38, novembre-décembre 2000)

    Pays basque : la convention de "pays" n'oublie pas l'euskara

    La convention de Pays basque, première convention de "pays" de ce type en France, a été signée le 22 décembre à Bayonne. Cette convention, qui entend exprimer "une vision globale du développement du Pays basque" sur les plans économique, social et environnemental notamment, n'oublie pas l'euskara.

    En soutenant la création d'un conseil de la langue basque ou la production d'outils pédagogiques en basque, cette convention accompagne "I'engagement global de l'État en faveur de la langue basque", a déclaré Nicole Péry, secrétaire d'État aux droits des femmes et conseillère municipale de Bayonne. Selon elle, 222 enseignants d'euskara sont rémunérés par l'Éducation nationale et 46 sections bilingues francais-basque ont été ouvertes ces cinq dernières années, dont 24 à la seule rentrée 2000.

    (L'Èime Prouvençau, n° 38, novembre-décembre 2000)

     

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