Ecounoumìo prouvençalo

Économie - Economia



La culture provençale pèse 32 milliards de francs

Depuis dix-huit mois, l’université d’Avignon et des pays de Vaucluse (département AES) étudie le poids économique de la culture provençale, dans le cadre d’une convention de recherche signée avec l’Unioun Prouvençalo. Le mouvement régionaliste entend en effet montrer que l’art de vivre régional et la tradition revêtent un intérêt qui dépasse le simple sentiment identitaire.

Les premiers enseignements de cette recherche ont été présentés début mai 2000, lors d’un congrès européen, organisé par l’Unioun Prouvençalo dans le cadre de la "Fèsto dóu Pople �prouvençau" d’Avignon 2000. Avec toutes les précautions d’usage, s’agissant d’une étude qui appelle à d’autres développements dans les prochains mois, Jean-Michel Kosianski, l’un des enseignants-chercheurs du département AES, a estimé le poids économique de la culture provençale à 32 milliards de francs (28 MdF en chiffre d’affaires direct et 4,3 MdF en dépenses auprès de fournisseurs provençaux). Et encore s’agit-il d’une "estimation basse", établie à partir des réponses de 16 % d’un fichier de 1260 entreprises fabriquant des produits provençaux. Il faut savoir que, pour des difficultés évidentes de recensement et de mesure statistique, la restauration et les services -notamment le tourisme, qui s’appuie très largement sur la culture régionale- ont été exclus de la recherche.� Autant dire que son poids économique réel est plus important encore.

L’identité donne du dynamisme. Les données précises recueillies auprès de 200 entreprises provençales montrent que, dans sept cas sur dix, le chiffre d’affaires a progressé au cours des cinq dernières années. Ce qui est générateur d’emplois dans 45 % des cas. Il apparaît que ce sont davantage les fabricants de produits traditionnels qui enregistrent une progression que les entreprises qui ne font qu’utiliser l’image de la Provence en termes de marketing.

En fait, la recherche souligne que les produits provençaux profitent des "valeurs d’authenticité, d’alimentation saine et de la richesse culturelle" liée à notre région. L’origine d’un produit, notamment lorsqu’elle véhicule des notions de respect d’une tradition et d’un savoir-faire, est redevenue un argument de qualité et donc de vente.

La grande distribution démontre l’intérêt porté aujourd’hui aux produits régionaux : depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, super et hypermarchés n’ont eu de cesse de présenter dans leurs rayons un nombre croissant de produits régionaux. C’est à la fois une garantie d’authenticité et de qualité pour le consommateur et de profit pour la grande distribution, puisque les produits de terroir offrent généralement des marges supérieures.

Les produits provençaux bénéficient tout particulièrement de cette demande. Dans un récent dossier documentaire, la Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence relevait que "de nombreux producteurs et entreprises multiplient les efforts pour une qualité liée à l’identification d’une région provençale célébrée pour son art de vivre. Au-delà de l’aspect culturel et de l’image que véhicule la Provence toute entière, cet intérêt pour nos produits du terroir a fait prendre conscience aux entreprises locales que leurs créneaux de marché n’étaient pas forcément dans la production massive, mais effectivement dans l’artisanat et le savoir-faire traditionnels. Une multitude de petites structures bénéficient d’un marché très vaste et porteur d’image. Car la Provence s’exporte bien et les débouchés se trouvent aussi bien au niveau local qu’international".

René Kahn, enseignant-chercheur à l’université de Strasbourg, n’hésite pas à dire que "Van Gogh et Pagnol ont fait plus pour la Provence que n’importe quelle campagne de marketing". Plus récemment, on sait l’impact extraordinaire qu’a eu au niveau international le livre de Peter Mayle, Une année en Provence. Pour Philippe Blanchet, sociolinguiste et co-président de l’Unioun Prouvençalo, "ce qui est économique est culturel". En d’autres termes, "les achats sont aussi conditionnés par des pratiques culturelles. A deux produits équivalents, on choisit celui qui a une connotation qui nous plaît". Aussi les entreprises provençales auraient-elles intérêt à afficher leur appartenance territoriale, "une quasi-marque pour des PME incapables de financer de grandes campagnes publicitaires", selon la CCI.

L’image de la Provence, comme de quelques autres régions françaises à forte identité culturelle, constituerait donc aujourd’hui un véritable avantage compétitif pour l’ensemble des produits (c’est-à-dire pas seulement alimentaires) pouvant faire référence aux savoir-faire et au patrimoine… réellement ou opportunément.

L’universitaire alsacien Éric Rugraff le souligne : "Il n’y a pas de développement économique régional fort sans apport fort de la culture. La culture constitue une force d’entraînement, un facteur de dynamisation des projets de développement économique". En fait, la culture a une "rentabilité qui est sociale et économique, et pas seulement commerciale. Il faut dépasser les seules retombées directes pour apprécier la rentabilité de la culture".

Jean-Robert Alcaras et Jérôme Joubert, maîtres de conférence en sciences économiques à l’Université d’Avignon, jugent d’ailleurs que "préserver la biodiversité, c’est augmenter la diversité de choix, de sélection, pour le développement économique. Protéger la culture et préserver (voire encourager) sa diversité, c’est donc accroître la probabilité d’un meilleur développement économique sur le long terme". Ne dispose-t-on pas là de l’argument le plus pesant en faveur de la diversité culturelle et de la promotion des cultures régionales, face aux risques d’une uniformisation culturelle produite par la mondialisation de l’économie.

(L'Èime Prouvençau, n° 35, mai-juin 2000)

Le prix Jacques-Léon à la manufacture lainière Brun de Vian-Tiran

Le prix Jacques-Léon, qui récompense depuis 1993 une entreprise participant au maintien et au rayonnement de l'identité provençale, est revenu cette année à la manufacture lainière Brun de Vian-Tiran (BVT). Implantée à l'Isle-sur-Sorgue depuis 1808, ce spécialiste de la laine réalise notamment des couvertures haut de gamme, des plaids, des châles et des étoles en étamine de laine.

Si la vocation première de cette entreprise était de parer et d'apprêter les étoffes, elle a su s'adapter à l'évolution des modes et des techniques. En 1961, elle a ainsi produit en France les premières couvertures en Mohair. A partir de 1981, elle a développé les premières couettes de laine, inspirées des flassadouns, ces poches de toile garnies de laine fabriquées au XVIIIème siècle dans le Comtat venaissin. Aujourd'hui, si BVT utilise des fibres venues de tous les continents, elle valorise également la laine Mérinos d'Arles, dont la douceur et la finesse (20 microns) évoquent le cachemire...

(L'Èime Prouvençau n° 55, novembre-décembre 2003)

Le prix Jacques-Léon à Florame

Le 10ème prix Jacques-Léon a été remis, le 9 novembre, à l'entreprise Florame, de Saint-Rémy-de-Provence, fabricant d'huiles essentielles en agriculture biologique. Créé par la fondation Louis-Vouland, le prix Jacques-Léon, du nom d'un industriel marseillais attaché à son terroir provençal,, récompense chaque année une entreprise qui, par son travail, ses actions ou sa création, participe au maintien et au rayonnement de l'identité provençale. Fondée en 1990, l'entreprise Florame a créé plus de vingt emplois à Saint-Rémy-de-Provence, où elle s'apprête à construire un nouveau laboratoire et à imaginer de nouveaux produits. L'évolution de la biologie permet aux huiles essentielles d'enter dans le cours de l'aromathérapie, qui est une nouvelle façon de soigner et de penser. Florame est aujourd'hui à la pointe de la recherche en liaison avec les laboratoires pharmaceutiques. Son fondateur, Michel Sommerard, spécialiste des vertus et des propriétés des huiles essentielles est un acteur actif de la recherche en agriculture biologique depuis plus de vingt ans. Il enseigne la phytothérapie et l'aromathérapie à la faculté de pharmacie de Montpellier. L'an dernier, le prix Jacques-Léon était revenu aux calissons du Roy René, à Aix-en-Provence.

(L'Èime Prouvençau, n° 49, novembre-décembre 2002)

Culture et économie : le double enjeu

La recherche sur les rapports entre culture régionale et développement économique, initiée en 1998 par l'Unioun Prouvençalo, étend ses horizons. Tant au niveau des régions impliquées (les universités d'Avignon, de Strasbourg, de Rennes et de Louvain-la-Neuve, ainsi que la société d'encouragement aux métiers d'art) que des axes d'études.

Cette recherche se poursuivra sous la direction de Philippe Blanchet, professeur des universités en sociolinguistique (Rennes 2), et de Jean-Robert Alcaras, maître de conférences en science économique (Avignon). L'une des originalités de cette recherche est en effet d'associer des linguistes et des économistes notamment.

Cette deuxième étape s'intitulera "Identité régionale : culture et économie". L'identité se situe en effet au cœur de la problématique étudiée. Guy Jucquois, de l'université de Louvain-la-Neuve (Belgique), considère que "si l'on parle de culture régionale, c'est qu'il y a un déficit d'identité. Il y a à cela des causes économiques, industrielles, mais aussi politiques. Les limites des territoires régionaux sont extrêmement importantes. Il y a également des causes externes : la mondialisation aboutit à une externalisation des décisions. Les décisions se prennent toujours de plus en plus loin de la région. Et à ce niveau, je suis effaré de voir la frilosité de la régionalisation française. Les régions belges ont un pouvoir fiscal, législatif et un vrai pouvoir politique". Pour l'universitaire wallon, "il y a un double enjeu : l'impact de la culture sur l'économie locale et l'impact de l'économie sur la culture régionale. Il est symptomatique de constater que les gens sentent que l'économie va bien, mais que, faute de maîtriser les raisons de cette prospérité, celle-ci devient insécurisante ! Travaillons sur le déficit identitaire. Comment faire prendre conscience à des gens qu'ils appartiennent à une communauté et qu'ils y ont intérêt ?"

Outre les conséquences du déficit identitaire, les partenaires de la recherche étudieront également l'utilisation de l'image régionale par les producteurs, les consommateurs et les institutions ; le lien entre identités locales et métiers d'art ; l'influence de la culture régionale sur le fonctionnement des entreprises ; les modalités économiques et culturelles de l'intégration des régions dans la construction européenne.

L'étude de la démarche de "Produit en Bretagne", marque créée par des chefs d'entreprise bretons, va ainsi permettre d'enquêter sur l'encrage des entreprises et de voir comment la culture régionale peut générer des réseaux d'affaires. Le cas des métiers d'art, dont les produits affirment de plus en plus l'identité d'un territoire, est une autre illustration d'une réaction à la mondialisation, les consommateurs recherchant des produits d'identité.

Les universitaires alsaciens planchent quant à eux sur les facteurs qui diffèrent avec le projet d'intégration économique européenne. Cela s'articulera autour des motivations des multinationales s'installant en Alsace, de la coopération transfrontalière, des travailleurs frontaliers (70 000) et de la place de la culture et de la langue dans l'image de l'Alsace développée par les institutions. "Il existe des conflits, des contradictions entre les logiques économiques et identitaires", observe René Kahn, maître de conférences en économie à l'université de Strasbourg. "Dans une logique identitaire, il y a une différenciation de l'alsacien et de l'allemand, alors que, dans une logique économique, on assiste à un rapprochement entre Alsaciens et Allemands".

Enfin, un volet de la recherche sera consacré à l'influence de la culture régionale sur le fonctionnement des entreprises. "Est-ce qu'ici, on ne travaille pas comme ailleurs", interroge la politicologue Béatrice Mabilon-Bonfils, qui va enquêter sur "l'influence de la culture provençale sur les décisions de l'entreprise, mais aussi sur les rapports au sein de l'entreprise". Cette étude scientifique devrait se poursuivre durant trois ans.

(L'Èime Prouvençau, n° 47, été 2002)

Les actes du congrès d'Avignon sur la culture régionale et l'économie

Les actes du congrès européen "Culture régionale et développement économique", qui s'est déroulé en mai 2000 en Avignon, viennent d'être publiés par l'Unioun Prouvençalo. Ce colloque avait réuni des chercheurs, des entreprises, des professionnels de la culture et de l'économie, des élus, venus de plusieurs régions d'Europe pour mieux comprendre et mettre en cohérence les liens entre cultures régionales et développement économique.

Il s'inscrivait dans le cadre de la recherche "Culture provençale et développement économique", initiée par l'Unioun Prouvençalo et menée avec l'Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse. Cette recherche se poursuit actuellement, en lien avec de chercheurs de plusieurs régions. Il s'agit de montrer que beaucoup de régions dynamiques d'Europe, sur le plan économique notamment, sont des régions à l'identité culturelle vivante et bien affirmée, où un mode de vie spécifique et une vision originale des choses permettent une qualité de vie recherchée, des innovations et production particulières. Citons la Catalogne ou à l'Écosse, devenues des exemples dans le monde entier, qui sont évoqués dans ces actes. D'autre part, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, une bonne partie des activités économiques est liée à l'identité régionale et à son image culturelle. Que l'on pense aux aliments, aux tissus, aux parfums, au bâtiment, au cinéma, au tourisme, à l'attrait de notre art de vivre.

Les actes du congrès d'Avignon le montrent bien, tant s'agissant de l'Alsace, de l'Écosse, du Val d'Aoste et de la Catalogne, que de la Provence. Sur ce dernier cas, on trouvera dans ces actes les études quantitative et qualitative menées par l'Université d'Avignon. Les témoignages de plusieurs chefs d'entreprise, publiés dans une brochure richement illustrée, complètent utilement cette présentation des liens entre culture et économie.

Culture régionale et développement économique et Des entreprises actrices de la culture régionales. 120 francs (+ 30 F de port). A commander à Prouvènço-Prèsso, 14, avenue Cdt-Dumont, 05000 Gap.

(L'Èime Prouvençau, n° 44, novembre-décembre 2001)

AOC Olive de Nice

Un an après avoir obtenu l'appellation d'origine contrôlée "AOC de Nice", l'oléiculture des Alpes-Maritimes a plus que doublé sa production mais "les prix n'ont guère varié et les producteurs sont restés sages". L'AOC Olive de Nice a la particularité de concerner, pour la première fois en France, trois productions : l'huile d'olive, l'olive de table et la pâte d'olive. L'autre singularité réside dans le fait que l'AOC Olive de Nice a été attribuée à une seule variété d'olive, le cayet ou cailletier, appelée localement "petite olive de Nice". Sur les 2000 oléiculteurs enregistrés dans les Alpes-Maritimes, 247 ont fait recenser leur terrain pour obtenir l'AOC et seuls 43 l'ont obtenue.

(L'Èime Prouvençau, n° 47, été 2002)

Alazard et Roux à l'honneur

Le prix Jacques-Léon 2000, qui récompense une entreprise provençale alliant tradition et modernité, a été décerné par la Fondation Louis-Vouland aux abattoirs Alazard et Roux, de Tarascon, spécialisés dans la viande de taureau de Camargue. Charcuterie de détail à l’origine, l’entreprise a obtenu l’autorisation d’ouvrir un abattoir en 1991. Elle s’est depuis spécialisée dans les races à viande provençales : les agneaux de la Crau, les porcs du Ventoux et le taureau de Camargue, qui est désormais une appellation d’origine contrôlée (AOC).

Alazard et Roux abat 50 taureaux par semaine et commercialise 5000 barquettes de viande par jour. La production atteint 3500 tonnes de viande par an et 5 tonnes par semaine de charcuterie, dont les saucissons de taureau et de porc commercialisés sous le label bio "AB".

En dix ans, Alazard et Roux a pratiquement multiplié son chiffre d’affaires par quatre, pour atteindre 100 millions de francs en 1999, et emploie aujourd’hui 85 salariés. En pleine crise de la vache folle, l’entreprise de Tarascon peut se targuer de développer ses parts de marché grâce à une politique de qualité, menée en accord avec les manadiers de Camargue.

(L'Èime Prouvençau, n° 38, novembre-décembre 2000)

Investissements étrangers : la Provence en tête

La Provence-Alpes-Côte d'Azur occupe désormais la première place des décisions d'investissements étrangers en France, selon la Datar. En 2000, 70 projets ont permis d'y créer ou d'y maintenir 4.704 emplois. C'est la première fois que la région prend la tête des investissements étrangers.

(L'Èime Prouvençau, n° 40, mars-avril 2001)

La Provence pèse 7 % du PIB national

La région Provence-Alpes-Côte d'Azur a contribué au produit intérieur brut (PIB) national à hauteur de 7 % en 2000, selon l'INSEE. Elle arrive en troisième position derrière l'Ile-de-France (28 %) et Rhône-Alpes (10 %). Depuis 1990, le poids de chaque région dans la production nationale est resté stable. Pour ce qui est de la production industrielle, la Provence se situe en cinquième position (5 %). Dans le même temps, l'INSEE publiait une étude prospective sur l'évolution de la population française, qui concluait au renforcement de l'attractivité des pays d'oc. Les cinq régions du Midi, qui accueillent aujourd'hui 30,7 % de la population métropolitaine, atteindraient 33,6 % en 2030.

(L'Èime Prouvençau, n° 43, septembre-octobre 2001)

Le prix Jacques-Léon décerné à la confiserie du Roy René

Le prix Jacques-Léon 2001 a été décerné à la fameuse Confiserie du Roy René, d'Aix-en-Provence. Créé il y a neuf ans par la fondation Louis-Vouland, ce prix récompense chaque année une entreprise qui, par son travail, ses actions ou sa création, participe au maintien et au rayonnement de l'identité provençale. La Confiserie du Roy René répond bien à ce but, en conjuguant tradition et modernité. L'entreprise fabrique en effet de savoureux calissons qui font sa notoriété depuis 1920, tout en créant de nouvelles spécialités. Gérée par la troisième génération de la famille, la Confiserie est leader de la confiserie provençale haut de gamme. Elle a réalisé un chiffre d'affaires de près de 8 millions d'euros en 2000-2001, en employant une cinquantaine de salariés dans sa nouvelle usine, inaugurée en 1996. Elle exporte aux Etats-Unis, dans le Sud-Est asiatique, en Grande-Bretagne et en Suisse.

(L'Èime Prouvençau, n° 44, novembre-décembre 2001)

L'olive de Nice est une AOC

L'olive de Nice est désormais une appellation d'origine contrôlée (AOC). Le décret a été publié au Journal Officiel du 27 avril.

(L'Èime Prouvençau, n° 40, mars-avril 2001)

 

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