Le provençal et le niçois sont des langues romanes de la famille d'oc. La langue provençale est parlée ou comprise par plusieurs centaines de milliers de personnes dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et au-delà, dans la "Drôme provençale", la région nîmoise et une douzaine de vallées du Piémont italien. La langue niçoise est parlée dans l'ancien comté de Nice.

Le provençal et le niçois sont vécus par les Provençaux comme des langues à part entière qui jouissent d’un large soutien de la population et des collectivités locales, bénéficiant d’un net regain dans la vie publique depuis quelques décennies (publicités, signalisation routière, festivals, théâtre, édifices...).

Le provençal et le niçois, langues particulières de la Provence, sont spécialement reconnus comme langues menacées par l’UNESCO (Atlas des langues en péril dans le monde, UNESCO, 1996) et par le guide des langues du monde qui fait autorité au niveau international (Ethnologue, languages of the world, 13th edition, 1996, Dallas, USA).

Le provençal est une langue de culture possédant son orthographe moderne, fixée au XIXe siècle et illustrée par Frédéric Mistral et ses successeurs, une littérature dynamique et brillante depuis le Moyen-Âge, dont la réputation internationale a notamment été couronnée par le prix Nobel de Frédéric Mistral en 1904 ; il existe spécifiquement pour le provençal des grammaires, des dictionnaires, des méthodes d’enseignement, des maisons d’édition et des centres de recherche.

Le provençal est enseigné de la maternelle à l’université en France, dans de nombreux cours associatifs et dans de très nombreuses universités étrangères.

De nombreux mouvements provençaux demandent une reconnaissance officielle pour les langues provençale et niçoise. Cette demande est fondée sur les plans éthique et juridique par les concepts de droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de droit des locuteurs à disposer de leur langue. Ce phénomène d’individualisation est parfaitement banal et largement attesté dans le monde.

La littérature provençale est marquée par trois grandes périodes. Le moyen-âge fut celle des Troubadours, dont de nombreux Provençaux, qui influencèrent les littératures d'Europe par leurs poésies en langue d'oc, du XIe au XIVe siècles. Une première renaissance, modeste, intervient au XVIe siècle, avec un foyer de création poétique autour d'Aix et Marseille (Bellaud de la Bellaudière, Tronc, Ruffi...), puis au XVIIe siècle, avec des créations théâtrales à Aix (Brueys, Zerbin, Codolet) et des poésies pastorales à Avignon (Saboly). La créativité en provençal redémarre à la fin du XVIIIe s. dans les villes (Aix, Marseille, Arles, Toulon...) avec Diouloufet, Gros, Coye, Pélabon. Elle s'épanouit au XIXe siècle avec, au-delà de la littérature populaire de Gelu ou de Maurel, l'envol d'une littérature revendicative de prestige incarnée par le Félibrige et Frédéric Mistral, qui recevra le prix Nobel de littérature en 1904 pour son poème épique Mirèio. Citons également l'œuvre incontournable d'Aubanel et de Roumanille.

La littérature provençale contemporaine est l'héritière de la renaissance mistralienne. Elle compte de grands auteurs : les poètes Max-Philippe Delavouët ou Serge Bec, les écrivains André Ariès, Louis Bayle, Charles Galtier, Jean-Pierre Tennevin, Bernard Giély, Michel Courty ou Philippe Blanchet.

Le provençal est une langue polynomique : elle est riche de ses variétés (rhodanien, maritime, alpin...) et des diverses sensibilités qu’elles expriment. Tout comme pour le niçois et les autres langues d'oc (auvergnat, gascon, languedocien...), les caractéristiques linguistiques du provençal et les principes phonétiques de son orthographe favorisent pour ses usagers la communication avec d’autres langues romanes de l’ensemble méditerranéen (italien, espagnol...).

Les langues provençale et niçoise sont l'expression d'une identité provençale particulièrement ancrée. En témoignent la vigueur de la culture provençale, des traditions, du folklore, de la bouvino (course camarguaise, abrivado...), de la pétanque et du jeu provençal, de la targo (joutes provençales)... Cette identité a également un poids économique : une recherche, menée en 2000 par l'université d'Avignon à l'initiative de l'Unioun Prouvençalo, a estimé à 4,9 milliards d'euros le chiffre d'affaires des entreprises liées à la culture provençale (hors restauration et tourisme, qui s'appuient également sur l'identité).

Les langues provençale et niçoise sont vivantes. A ce titre, elles se renouvellent et s'adaptent aux mutations. Le dictionnaire français-provençal de Jules Coupier donne ainsi des définitions en provençal de termes techniques ou modernes. La presse d'expression provençale et niçoise, riche d'une quarantaine de titres, est également un outil de modernisation du vocabulaire, au travers des articles qu'elle consacre à des questions actuelles, de même que l'émission en provençal Vaqui sur France 3. Enfin, il faut citer le rôle de la chanson provençale, avec des interprètes modernes comme le duo Cheops, Dupain, Massilia Sound System, Guy Bonnet, André Chiron, Jean-Bernard Plantevin, Jean-Marie Carlotti, Stéphane Manganelli ou le groupe italien Marlevar...

Le nombre de locuteurs de provençal, dans la diversité de ses variétés, et de niçois peut être estimé à un million (en intégrant les locuteurs "passifs", qui comprennent la langue mais ne la parlent pas), dont 500 000 locuteurs actifs et 250 000 locuteurs réguliers (source : Langues, cultures et identités régionales en Provence, Philippe Blanchet, L'Harmattan, 2002). On peut aussi relever, en s'appuyant sur les résultats concordants de diverses études, que 80 % des habitants de Provence-Alpes-Côte d'Azur sont favorables au provençal.

Longtemps tournés essentiellement vers l'action culturelle et littéraire, les mouvements régionalistes provençaux se sont engagés dans une direction plus militante à partir des années 1970. Avec des approches diverses, les principaux d'entre eux se retrouvent autour d'objectifs communs pour obtenir la reconnaissance pleine et entière des langues provençale et niçoise, langues de la famille d'oc, et une politique ambitieuse en leur faveur. Il s'agit notamment de généraliser l'offre d'enseignement dans l'ensemble de la Région. Aujourd'hui, celui-ci reste insuffisant : il est assuré de façon facultative dans environ 15 % des établissements et ne touche que 3 % des élèves provençaux.

Un "Livre blanc pour l'avenir des langues provençale et niçoise" a été publié en 2003 par huit mouvements régionalistes et de nombreuses associations culturelles. Quelque 65 priorités y sont inscrites, depuis le statut des langues régionales jusqu'à l'économie, en passant par l'enseignement, les médias, les collectivités territoriales, l'édition, le sport, la chanson, la culture provençale et niçoise ou l'édition. Le but est de rétablir en priorité le statut de la langue pour susciter parallèlement des pratiques. Il s'agit d'initier une "revitalisation" de ces langues en péril.

Les collectivités territoriales soutiennent aujourd'hui les langues provençale et niçoise, à travers le fonctionnement des associations culturelles, le soutien à l'édition et aux publications, la signalisation bilingue aux entrées de ville... En 2003, le budget de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur consacré à la langue et à la culture provençales s'est ainsi élevé à près de 1,2 million d'euros, mais cela ne représente que 2 % du budget culturel régional. Les langues provençale et niçoise deviendront ce que l'ensemble de la société provençale en fera. L'heure est à la prise de conscience, à la mobilisation, à des mesures concrètes, efficaces et adaptées.

 

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