Le discours de Michel Vauzelle au "peuple de Provence"

 

Voici l'intégralité du discours prononcé par Michel Vauzelle, président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, devant les arènes d'Arles, à l'issue de la manifestation pour la promotion de la langue provençale et la reconnaissance de la pluralité des langues d'oc, le 17 mars 2007.

"Chers amis,

Il est normal que le premier Président élu au suffrage universel par les Provençaux, soit présent aujourd'hui, ici. Avant moi, avant ce mandat, que j'exerce, élu par le peuple de Provence, les présidents n'étaient pas élus au suffrage universel. Maintenant c'est le cas. Et donc, je suis légitimement et naturellement ici pour défendre avec vous ce qui fait notre liberté !

La liberté ce n'est pas simplement un mot qu'on écrit sur la façade de nos mairies. La liberté ce n'est pas seulement ce que l'on défend avec nos élus qui sont drapés de tricolore aux couleurs de la France. La liberté c'est aussi la façon de vivre, le costume, la culture, l'éthique, ce qui nous appartient à nous, provençaux en propre, ce peuple méditerranéen qui a une grande et longue histoire. C'est pourquoi lorsque j'ai été élu Président de cette Région, j'ai voulu rejeter un drapeau qui ressemblait à une enseigne commerciale, alors que nous avons une grande histoire.

Et si nous nous appelons, PACA - ce que je regrette, parce qu'il n'y a pas de "pacain" parce que c'est un mot qui ne relate rien de notre histoire et de notre dignité et de notre noblesse, j'espère qu'un jour la République acceptera que nous changions, avec l'accord des habitants de cette Région, que changions notre mot, notre nom, pour nous appeler "Provence".

Bien entendu, l'esprit de la Provence c'est d'affirmer notre identité, notre culture et par conséquent, notre langue régionale ou nationale. N'oublions jamais, que lorsque la Provence s'est unie à la France c'était un tout à un autre tout et non pas une annexion par le royaume de France.

Eh bien, il faut le rappeler aujourd'hui et c'est parce qu'il y a eu au long des siècles, depuis Louis XI et toutes les années de la monarchie française, il y a eu des hommes et des femmes qui parlaient notre langue "provençale", je dis bien "provençale", que c'est maintenue cette idée, formidable, cette culture formidable, cette étique, cette morale de la liberté fondée sur une culture que j'appelle formidable, parce qu'elle est non pas tournée sur le passé mais sur l'avenir.

Aujourd'hui avec la mondialisation, les forces de l'argent, la façon d'imposer partout une seule et même langue, qui serait l'américain et bien nous disons que nous sommes français et que nous parlons le français ! Que nous sommes "Provençaux" et que nous parlons le "Provençal" !

Et c'est assez simple et c'est assez clair! Pour ne pas aller chercher des combats fratricides ou des complications que ne comprennent que des experts, alors qu'ici nous le savons bien, le peuple d'Arles, le peuple de Provence, naturellement frémit, les larmes aux yeux, en chantant la "Coupo Santo"... qu'est ce qu'il y a de compliqué là dedans, à l'heure ou l'Europe retrouve le chemin des Régions, à l'heure ou notre Région est représentée dans la capitale européenne, et ou nous devons apporter des réponses d'identité, de repères culturels aux jeunes qui attendent cela de nous.

Il n'y a pas seulement la langue, il y aussi toutes les traditions depuis le costume jusqu'aux traditions liées au taureau, au cheval... tout ce qui fait que la Provence aujourd'hui est riche de cette culture et c'est riche de cette culture, qu'elle est mondialement célèbre, reconnue et respectée. Alors ensemble défendons la Provence !

Et pour cela il faut que nous fassions inscrire dans la Constitution, outre le fait que le français est la langue de la République afin de défendre la langue française face à une langue qui finit par envahir le monde entier et que vous savez bien !

Nous devons faire inscrire dans la Constitution, comme on y a inscrit les Régions, la reconnaissance de nos langues régionales. C'est très important par ce que c'est cette diversité de la France qui fait sa richesse, c'est cette reconnaissance de la France par rapport aux Régions qui la forment, et notamment, celles qui ont une forte culture comme la Provence, que la France est fière d'elle-même et que nos élus de la République portent les trois couleurs. Moi je porte les couleurs de la Provence par ce que je suis Président de cette Région, encore une fois, élu par le peuple de Provence.

Et n'oublions jamais dans cette période ou d'autres voudraient introduire, comme cela a été dit très bien tout à l'heure, les éléments de division entre nous, alors que déjà notre combat est difficile, que nous sommes forts de notre culture: et si forts que nous pouvons tendre la main aux autres ! Nous tendons la main à toutes les langues d'oc, comme nous tendons la main à toutes les langues et à toutes les cultures régionales à condition qu'on nous respecte dans notre propre identité, qu'on respecte la Provence et la langue provençale. Ce n'est pas si compliqué !

Et en ce qui concerne le nom de la Région, bien entendu, j'ai été aussi élu par les Niçois du Comté de Nice, et nous ne ferons rien sans une méthode parfaitement démocratique, respectueuse de chacun. il y a un parler à Nice que nous respectons, comme il y a un parler dans les Alpes que nous respectons et qui est respecté de part et d'autre des Alpes traçant ainsi un trait d'union avec nos frères d'Italie.

Alors aujourd'hui nous sommes ici pour une grande fête, en effet c'est une fête de la liberté: c'est la fête de la Provence!"

 

La manifestation du 17 mars 2007 en Arles

 

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