Li tradicioun prouvençalo
Pour les Provençaux, Noël est certainement la fête la plus importante de l'année ; ceux-ci y sont très attachés et les traditions de la période calendale s'étalent sur deux mois.
Le cycle commence le 4 décembre, avec le "Blé de Sainte Barbe". Ce jour-là, dans tres sietoun (trois petites assiettes ou soucoupes), sur un fond de coton humecté, on sème quelques grains de blé, parfois des lentilles. Si ce blé germe et pousse dru, s'il reste bien vert au solstice d'hiver, c'est un signe de fécondité et d'abondance pour l'année qui va commencer. Ce blé sera placé dans la crèche ou sur la table des repas de Noël.
Au début décembre, s'ouvre dans le centre ville de Marseille une Foire aux Santons. Aix-en-Provence, Aubagne, Tarascon, Solliès-Ville, La Garde (...) rassemblent aussi des santonniers.
Petits personnages d'argile crue, d'abord limités à la sainte Famille et aux bergers, puis étendus aux métiers et costumes locaux du XIXème siècle, ces santons, peints à la détrempe au lait ou habillés, peuplent les crèches familiales ou de communauté. Ils sont les emblèmes de la Provence dans le monde entier et ce commerce a fait fructifier le santon en terre cuite, peint à l'huile, qui supporte mieux les expéditions en pays lointains.
Dans la tradition, le réveillon de Noël n'existe pas. Le "gros souper" maigre comporte souvent deux plats de poissons : muges et morues, à Martigues de la poutargue, en pays gavot la soupe de lasagnes et la morue aux poireaux. Le gros souper commence entre sept et huit heures et se prolonge jusqu'à l'heure du départ pour la messe de minuit.
La table de Noël est dressée à l'aide de trois nappes, supportant trois chandeliers représentant la sainte Trinité, comme les treize pains représentent Jésus et les douze apôtres. La table de Noël reste mise jusqu'au jour de l'an. Le jour de Noël, les enfants ont l'autorisation de se servir seuls à table.
C'est au début du gros souper que se déroule la tradition du cacho-fiò (ou cacho-fue), ce qui signifie littéralement "mettre le feu" ou "écraser le feu".
Voici en quoi consiste le cacho-fiò : au début du gros souper, l'aïeul, aidé du Cago-nis (le plus jeune de l'assemblée) place une bûche d'arbre fruitier dans la cheminée, l'arrose de trois libations de vin cuit, la bénit et y met le feu, en prononçant les paroles rituelles : "Cacho-fiò, Bouto fiò ! Alègre ! Alègre ! Diéu nous alègre ! Calèndo vèn, tout bèn vèn ! Diéu nous fague la gràci de vèire l'an que vèn, E se noun sian pas mai, que noun fuguen pas mens !" (Gai, Gai, Dieu nous réjouit - Cacho fiò vient, tout vient bien - Dieu nous fasse la grâce de voir l'an qui vient - Et si -l'an prochain- nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins !)
Cette bûche sert de lien entre le doyen et le dernier-né, c'est-à-dire entre l'année qui s'achève et celle qui ne va pas tarder à paraître.
Dans certaines familles une place était réservée à la table de Noël pour un malheureux, s'il se présentait ; dans d'autres, on réservait seulement une part qui était offerte par un enfant qui s'en voyait récompensé. Cela se pratique encore. Dans les fermes, les animaux ont droit à une double ration, la nuit de Noël.
Chaque fois que la table de Noël est abandonnée par les convives, les quatre coins des nappes sont relevés pour empêcher les mauvais esprits de grimper et jeter des sorts aux victuailles pour nourrir les défunts. Dans les mas, par mauvais esprits, il fallait entendre d'abord les souris et autres rongeurs.
Les treize desserts sont d'origine marseillaise et paraissent inconnus avant le début du XIXème siècle. Ont-ils remplacé le gros pain et les douze petits pains qui paraient la table calendale représentant Jésus et les douze apôtres ?
Obligatoires sont : la pompe à huile d'olive qui se déguste avec le vin cuit ; les quatre mendiants : figues sèches (Franciscains), raisins secs (Dominicain), amandes (Carmes), noisettes (Augustins) ou noix.
Si la couleur de ces fruits rappelle la couleur des robes des quatre ordres religieux qui vivaient de mendicité, il faut toutefois noter que ces vêtements et leurs couleurs ont évolué avec le temps. Dans la région rhodanienne, seuls ces fruits ont droit au nom de pachichoio alors qu'à Marseille ce terme englobe l'ensemble des desserts. Le nougat noir ou rouge, sa composition varie suivant le fabricant ou le miel employé ; le nougat blanc ; les dattes, seul fruit exotique admis ; les oranges qui arrivaient d'Espagne à Marseille par les balancelles. On peut compléter ensuite par des pommes, poires, mandarines, raisins frais, melons d'hiver, chocolats, fondants, pâtisseries familiales.
Actuellement à Aix-en-Provence, on ne connaît pas un repas de Noël sans calissons. La bûche pâtissière, d'apparition plus récente, tend à remplacer la coutume du Cacho-Fiò.
Partout en Provence, les messes de minuit sont très suivies.
Elles sont en général précédées d'une veilée calendale au cours de laquelle sont chantés les noëls en provençal de : Saboly, Peyrol, Xavier de Fourvières, Aubanel, Roumanille...
Au chant du Minuit Chrétien, célèbre noël entre tous, le clergé forme un cortège et accompagné par les galoubets et tambourins va déposer l'enfant Jésus dans la crèche paroissiale. Les prêtres, qui parlent encore le provençal, célèbrent la messe ou prononcent l'homélie en lengo nostro.
À l'offertoire, se forme un défilé de personnages en costumes régionaux (identiques aux santons) qui, au son des galoubets et tambourins, viennent offrir à l'enfant Jésus les produits du terroir. Dans les paroisses rurales a lieu le pastrage, c'est-à-dire l'offrande de l'agneau dernier-né de l'année.
C'est au retour de la messe de minuit que l'on place le "Petit Jésus" dans la crèche familiale et qu'on allume le calen (luminon) ou veilleuse à huile qui brûlera jusqu'au 2 février. On offre, on échange les cadeaux.
Les vrais marseillais ne laisseront pas passer le mois de janvier sans assister au moins une fois, sinon plus, à la représentation de la Pastouralo. Ces pastorales sont nombreuses. C'est la représentation anachronique et extrapolée en Provence de la naissance du Christ, accompagnée de maintes péripéties. Les comédiens, tous amateurs, portent les costumes régionaux des années 1800-1830. La pastorale de Maurel est une excellente étude des murs de l'époque dont certaines sont encore conservées.
C'est le congrès annuel du Félibrige qui se tient chaque année dans une ville différente pour Pentecôte, du nom de la martyre romaine enterrée à Saintes, patronne du Félibrige. Ce congrès dure quatre jours. Il est partagé entre : réunion du Consistoire Félibréen, Assemblée Générales de Félibres, séances d'études, défilé (passo-carriero), théâtre en langue d'Oc, Cour d'Amour, banquet, etc...
Chaque année, généralement au mois de mai, la Fèsto dóu Pople prouvençau célèbre l'identité provençale dans un des six départements provençaux. Théâtre en provençal, balèti, fèsto di jouine de Prouvènço, chanson provençale, marché provençal, danses traditionnelles sont au programme de ces trois journées de fête organisées par l'Unioun Prouvençalo. A l'issue de cette fête est remis le trophée de la "Mirèio d'or", qui récompense au nom de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur une association culturelle provençale s'étant distinguée lors du "Printèms prouvençau".
Les bravades rappellent des dates historiques : délivrance de certaines cités de leurs assiégeants ou victoire contre des assiégeants.
La plus importante et la plus spectaculaire est celle de Saint-Tropez, plus de quatre fois séculaire et qui rappelle chaque 16, 17 et 18 mai que la cité du golfe sambracitain a dû pendant des siècles se garder ou combattre l'envahisseur. Le 16 mai a lieu la "petite bravade". Le 17 au matin, la messe de Saint-Tropez dite des Mousquetaires, suivie d'une procession puis à 16 heures, la Grande Bravade ; le 18, journée d'action de grâce.
Citons aussi la fête du "Petaradié", le 31 janvier à Castellane (Alpes-de-Haute-Provence). Cette bravade retrace l'action de Judith Andrault qui sauva, en 1586, la ville assiégée. A Annot (Alpes-de-Haute-Provence), à la Pentecôte, la bravade commémore le retour des soldats napoléoniens.
Les Félibres commémorent deux fois par an, à Maillane, la mémoire de Frédéric Mistral : le 25 mars, date de sa mort, et le 8 septembre, anniversaire de sa naissance (1830-1914).
Après une messe, les Félibres se rendent au riche cimetière, devant le tombeau du maître, copie de celui de la reine Jeanne, où sont déposés bouquet de saladelle et rameau d'olivier. Y sont prononcées des allocutions et récités des poèmes.
Le 8 septembre la réunion se prolonge l'après-midi par des danses du terroir, parfois du théâtre. À certaines occasions des congrès littéraires ont même lieu.
À Marseille, le rassemblement mistralien se fait, le samedi après-midi le plus proche du 25 mars, au Plateau Longchamp. D'autres villes qui honorent Mistral d'un monument voient aussi des réunions : Aix-en-Provence, Nice, Cannes, Digne, Manosque...
Le roumavage signifie pèlerinage. Il s'applique par extension aux fêtes patronales et votives.
Le pèlerinage de Sainte-Victoire se perpétue sur la montagne qui domine Aix-en-Provence et Pertuis. Sur la stèle sont gravés quatre textes : vers l'Est (Rome) en latin, vers le Midi (Sud) en grec, vers le Nord en français, le quatrième à l'Ouest, en provençal, serait de Frédéric Mistral.
Le nom ancien "Ventur" (signifiant montagne) s'est transformé en Mount Ventùri (le mont des Vents) pour se franciser au XVIIème siècle en Victoire et provoquer la nomination de sainte Victoire comme co-titulaire de l'église de Vauvenargues et l'édification d'un autel dédié à la sainte romaine, complètement étrangère à cette montagne. La dévotion y remonte à fort loin... Un modeste ermitage attirait foule et personnalités dès le Moyen-Âge, mais la fête aurait été instituée par les habitants de Pertuis, suivis plus tard par les habitants d'Aix et de ses environs.
De nos jours li Venturié escaladent nombreux ces pentes assez raides pour la journée du 24 avril ou le dimanche le plus proche. Après la procession, la messe est souvent dite en plein air, puis on procède à la bénédiction de la montagne, avant de profiter de manifestations folkloriques après le pique-nique.
Tous les quatre ans (2002, 2006), un dimanche de juillet, se déroule à Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes) un grand jeu de la justice, de l'amour et de la danse : A'Stacada. Il s'agit d'une rétrospective costumée regroupant plus d'une centaine d'acteurs locaux bénévoles, qui rappelle une révolte des Breillois, au XVIIe siècle, contre le droit de cuissage exercé par le bayle (bailli) du lieu. La population demande réparation au seigneur. De nombreuses courses-poursuites se déroulent dans les coureou (ruelles) du village entre la garde turque du bayle et les notables, et s'achèvent par la capture de ces derniers, qui se retrouvent enchaînés (a stacada).
Dans les Bouches du Rhône, se déroulent chaque année de mai à septembre, de nombreuses fêtes de charrettes, en l'honneur de Saint Éloi. À sa mort, le 1er décembre 659, Éloi fut reconnu Saint et déclaré patron des orfèvres et des maréchaux-ferrants. Les Chars sont garnis de verdure de blé, auxquels sont attelés 20 à 50 chevaux de traits harnachés à la mode sarrasine. De tout temps, la Carreto Ramado a permis à chaque village ou association de faire étal de sa force et de la beauté de ses attelages, de l'habilité de ses conducteurs, de la richesse de son terroir, en faisant le tour du village au rythme des fifres, tambourins, et danses provençales. Cavaliers et chars rivalisent alors d'élégance et de fantaisie. En Provence, "Faire Saint Éloi", c'est faire la fête... et pendant l'été, les villages ne se privent pas de fêter tour à tour Saint Éloi.
Les muletiers sont honorés à l'occasion de la Saint-Éloi, en juillet. La fête commence le samedi par les feux de la Saint-Éloi. Les membres de la Confrérie défilent dans le bourg au son des chants et musiques traditionnels. Le dimanche, les mulets richement décorés participent à la cavalcade, avant de recevoir la bénédiction.
Les centres les plus importants sur les versants piémontais (Saluces, Mondovì) et ceux de la Côte d'Azur (Menton, Nice) mettent en scène à l'occasion du carnaval le défilé de chars allégoriques. Quelques-unes de ces manifestations ont un aspect plus typique, comme la Fête du citron de Menton (les chars sont décorés uniquement d'agrumes), d'autres sont devenus célèbres, comme le Carnaval de Nice (chars gigantesques, pas moins de 600 énormes têtes en papier mâché, plus de 1500 figurants, nombreux orchestres).
Durant cette période comprise entre Noël et Pâques se déroulent également deux des plus fameuses Baìe des vallées provençales du Piémont, celles de Sampeyre et de Blins. Ces fêtes rituelles doivent leur nom à des associations de jeunes (Baò ou Beò, ce qui signifie abbaye en provençal des vallées) dont l'origine remonte au Moyen Âge. Ces associations devaient organiser et gérer le temps de la fête.
A Sampeyre, la Baìo, qui se déroule tous les cinq ans, s'articule autour du centre-ville et de trois hameaux. Chacune des quatre Baìe a des personnages particuliers comme les Cavaliers à Piasso, les Sarrasines à Roure, les Grecs à Piasso, Chouchèis et Roure, ou d'autres comme par exemple les Sapeurs et les Époux qui sont présentés dans la totalité des défilés. Tous les participants sont masqués et se déguisent en femmes.
La Beò de Blins (Bellino, en haute vallée Varaita) a été remise sur pied récemment. Riche de précieux costumes ornés de rubans et châles de soie de Lyon, le cortège se déroule à travers les bourgs de cette vallée. On y retrouve des personnages particuliers, comme les époux et le prêtre. Jusqu'à une époque récente, seuls les hommes étaient acceptés parmi les participants.
Les Barboueros de Villar d'Acceglio, en haute vallée Maira, manifestation maintenue par la Compagnie du Carnaval, se déroule suivant des rituels similaires.
Fête du solstice d'été, la Saint Jean, célébrée dans les différents villes et villages du département, est l'occasion de renouer avec le passé agricole et les traditions de la Provence. Auparavant, il était de coutume d'escalader à l'aube la montagne la plus haute pour saluer l'apparition de l'astre nourricier.
Le traditionnel Roumiage de Setembre, qui constitue le principal rassemblement des Provençaux d'Italie, se déroule durant la semaine qui précède le premier dimanche de septembre dans le village de Sancto-Lucìo de Coumboscuro (Val Grana, province de Cuneo). Organisé depuis le début des années 60, le Roumiage attire aujourd'hui plusieurs milliers de participants venus des deux versants des Alpes dans cette vallée boisée pour célébrer les liens entre "fraires de lengo".
Durant ces trois journées, on y parle indifféremment provençal, nissart, italien ou français, on y danse -beaucoup-, on y découvre les instruments traditionnels, on y déguste des spécialités, on y débat des langues régionales, on y écoute des concerts... Une centaine de participants s'y rendent même à pied, en effectuant l'une des "Traversado prouvençalo" qui relient depuis 30 ans l'Ubaye, la Vésubie ou le Queyras à Coumboscuro.
Depuis quelques années, Crévoux (Hautes-Alpes) accueille de nombreux concours de Mourre, un jeu de bergers que l'on retrouve dans toutes les Alpes et qui se trouve ainsi perpétué. Remontant à la nuit des temps, la Mourre était jouée par les bergers, qui, faute d'avoir des jeux de cartes, utilisaient leurs mains et leurs doigts en guise de matériel... Les parties sont toujours endiablées, ponctuées de cris en provençal, en piémontais ou en italien, et du bruit assourdissant des mains qui frappent les tables.
Le Bacchu Ber et le bal des sabres
Dans le hameau du Pont de Cervières, près de Briançon (Hautes-Alpes), se déroule tous les 16 août un bien curieux cérémonial. Neuf danseurs vêtus de blanc, avec une taïole rouge (ceinture large), exécutent des figures géométriques (carrés, triangles, étoiles) avec des épées, sans jamais rompre la chaîne ainsi formée. Des femmes en costume traditionnel rythment leur évolution en chantant une mélopée lancinante de trois syllabes.
On s'interroge aujourd'hui encore sur l'origine de cette danse des épées. Un document de 1730 évoque un vu fait à saint Roch par les Pontassins, suite à la terrible peste noire du XIVème siècle, pour que le village soit préservé de ce fléau. Depuis, les villageois auraient perpétué cette danse en l'honneur de saint Roch le jour de sa fête.
Étroitement lié au rituel de Briançon, le Bal des sabres de Fenestrelle (val Chisone) se déroule chaque année le 25 août. Un groupe de 18 personnes réalise évolutions et figures géométriques formant une chaîne humaine. Se forme ainsi la figure de l'arlequin qui est d'abord emprisonné symboliquement entre les lames avant de se hisser sur les même lames vers la fin de la danse exprimant le symbole des coutumes. Encadrant le bal, les femmes sont vêtues de riches costumes traditionnels d'épouses. Elles distribuent à la population le pain béni le matin même à l'église.
Le pain boulli, appelé aussi "po buli", est un pain noir fabriqué à partir de farine de seigle et d'eau bouillie, dont la légende raconte que la pâte n'est salée qu'avec la sueur de ceux qui la prépare... Le pain cuit environ sept heures puis est trempé dans l'alcool et flambé à la bougie. De nos jours, le 13 juillet de chaque année, les habitants de Villar-d'Arène (Hautes-Alpes) consacrent une fête aux plats typiques de leur village et l'on peut assister à sa préparation et ainsi le déguster.
En Occident, le mal a toujours été représenté par la figure éternelle du dragon. Chaque pays a le sien et la Provence en a connu quelques uns de spectaculaires : le Drac de Beaucaire, le Coulobre du Vaucluse, les Serpents des îles Lérins... Mais la plus célèbre de ces bêtes apocalyptiques est sans nul doute la Tarasque de Tarascon. C'est au milieu du premier siècle, que la tradition rapporte l'histoire de cet animal fabuleux. Il y avait au bord du Rhône, un terrible dragon incroyablement gros. Son souffle produisait une fumée noire, ses yeux jetaient des étincelles, sa gueule, armée d'énormes dents crochues, faisait entendre des rugissements horribles. Il dévorait les enfants, le bétail, et tuait tous ceux qui s'aventuraient sur le fleuve. On avait beau venir en grand nombre, il était impossible de le capturer, car il quittait les roseaux et se cachait dans le fleuve. Sainte-Marthe, venue évangéliser Tarascon, s'approcha seule du monstre et, par un signe de croix, apaisa sa férocité. La bête fut alors capturée par la population. L'effigie de la Tarasque fut reproduite plusieurs fois au cours des siècles. On attribue au Roy René en 1474, l'inauguration des premiers jeux de la Tarasque. Aujourd'hui encore la Tarasque est au coeur des fêtes du dernier week-end de juin. Pendant quatre jours, Tarascon fait revivre la légende. Défilé du Roy René, Pegoulado, Encierro et Banquet Médiéval se succèderont avant que le monstre de carton et de toile ne revienne se promener dans les rues sous les quolibets de la foule, histoire de conjurer les catastrophes naturelles que la Tarasque symbolise. Toute une cohorte de personnages l'accompagne parmi laquelle, Tartarin, l'illustre personnage inventé par Daudet en 1872, mêlant dans une fête magique le lointain passé, le présent et l'imaginaire.
Voilà plus de huit siècles que la riziculture fut introduite en France et la Camargue en reste le bastion. Fêter le riz est en Arles chose naturelle, puisque cette plante est ici chez elle depuis le XVe siècle. À cette époque, elle apparaît en très faible surface. C'est au XIXe siècle qu'un homme eu l'idée d'implanter des rizières sur les terres camarguaises pour améliorer un sol salifère. Il ne se doutait pas que le riz deviendrait alors un élément fondamental de la vie économique du pays d'Arles. Aujourd'hui plus de 20 000 hectares sont ainsi plantés chaque année, soit 1/3 de la consommation française de riz. Depuis 1983, la fête des prémices du riz a été remise à l'honneur. Elle marque le début de la récolte du riz en Camargue et dans le même temps la fin de l'été en pays d'Arles. La fête réunit associations, comité de quartier et les villages de la commune d'Arles, la plus grande de France. Une jeune fille devient tous les deux ans, ambassadrice du riz et préside les manifestations. Fille de riziculteurs, sur un cheval blanc Camargue, elle ouvre le défilé du Corso qui a lieu en deux temps : le samedi soir en nocturne, puis le dimanche matin. Quelques jours auparavant, remontant le Rhône sur un bateau, elle vient offrir la première gerbe de riz nouveau aux autorités. Le Corso est composé de chars qui racontent l'histoire de la Provence, les légendes d'autrefois, la vie au siècle dernier en Camargue ; tous sont décorés avec du riz et tous les habitants du village défilent derrière. Un jury composé de personnalités diverses, note la qualité des chars et proclame au terme du Corso, le char vainqueur de l'année, mais tous recevront un prix. La construction des chars est l'occasion de retrouvailles et de convivialité partagées autour de quelques grillades ou d'un verre de l'amitié. C'est l'âme d'un pays qui fait partager la fête à tous ceux qui sont présents sur le parcours du Corso, c'est aussi la possibilité de connaître un peu mieux les provençaux, les camarguais, gens de cette terre mystérieuse, sauvage, où l'homme et les éléments sont liés pour l'éternité.
Pour les traditions provençales, on se reportera au très complet numéro spécial du Rampau d'Oulivié ("Traditions, us et coutumes en Provence", n° 268). A commander au Roudelet Felibren dóu Pichoun-Bousquet, BP 269, 13263 Marseille cedex 07 (4 euros).
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