Les grands auteurs provençaux


Joseph d'Arbaud

Natif de Meyrargues, Joseph d'Arbaud (1874-1950) était le petit-fils de Valère Martin, félibre de Cavaillon. Après des études de droit, dans le milieu feutré des salons aixois, des cercles des jeunes écrivains, il décide d'abandonner la quiétude de cette existence, pour la Camargue, sur les traces de Baroncelli. D'Arbaud devient manadier, mais continue d'écrire des poèmes. Il finira par quitter la Camargue, à la suite d'une grave maladie. Il finira sa vie à Aix, sur le cours Mirabeau, mais la Camargue l'aura définitivement envoûté.

Paul Arène

Né à Sisteron en 1843, Paul Arène fréquente les cercles littéraires de Paris. Journaliste, il se lie avec Alphonse Daudet, en participant à la rédaction des Lettres de mon moulin. Son œuvre est majoritairement d'expression française : des romans - Jean des Figues (1868) ou La Chèvre d'or (1889) - et des contes. Mais il écrit ses poèmes en provençal. Recueillis en 1956 sous le titre de Pouèmo prouvençau, ses textes font découvrir une inspiration bucolique, souvent au service de motifs amoureux.

André Ariès

Né à Marseille en 1923, ce capitaine au long cours du port de Marseille s'est consacré à la langue provençale. Outre son engagement militant et son action pour assurer la présence du provençal dans l'audiovisuel et dans la presse quotidienne régionale, André Ariès est également l'auteur de récits pour enfants, de pièces de théâtre, d'un essai philosophique en provençal (Le Grand Roure, l'Astrado, 1990), pour lequel il a obtenu le prix Mistral et le Grand prix littéraire de Provence en 1990. Il a par ailleurs traduit en provençal Le Petit Prince de Saint-Exupéry (Edisud, 1995). Sa dernière œuvre est un roman autobiographique, Mar e Marin (l'Astrado, 2000). André Ariès est mort en 2002.

Théodore Aubanel

Né à Avignon en 1829, Aubanel est un des plus célèbres félibres, avec Mistral et Roumanille. Descendant d'une des plus anciennes familles d'imprimeurs français, il se lie d'amitié avec Roumanille et Mistral, et écrit comme eux en provençal. C'est un grand poète lyrique, héritier direct des troubadours. Il s'éprend d'une jeune fille, rencontrée au château de Font-Segugne, Jenny Manivet, qui entrera finalement en religion et qu'il immortalisera sous le nom de Zani dans les poèmes de la Mióugrano Entre-Duberto (La grenade entr'ouverte) en 1860.

Poète lyrique et dramaturge, Aubanel est un écrivain passionné, hardi, que les jalousies, les calomnies répandues sur lui dans certains milieux catholiques d'Avignon scandalisés par ses audaces, conduisirent prématurément au tombeau. Menacé par l'Archevêque d'Avignon de se voir retirer le privilège d'imprimeur de Sa Sainteté, il mourut d'une attaque d'apoplexie. Il laissait inédite une bonne partie de son œuvre qui ne sera publiée qu'en 1891, sous les titres Lou Rèire Soulèu et Li Fiho d'Avignoun, où il célèbre le bonheur au foyer.

Folco de Baroncelli

Né en 1869, Folco de Baroncelli s'affirme très jeune comme écrivain provençal, avec la nouvelle Babali (1890), et participe à la rédaction du journal L'Aiòli, dont Mistral lui confiera ensuite la direction. En 1910, il réunira ses poèmes dans le recueil Blad de luno. Ce marquis passionné sera également remarqué pour son idéal de liberté : en 1895, il quitte le palais familial d'Avignon (aujourd'hui Palais du Roure) pour se faire éleveur de taureaux en Camargue. Il y développera d'ailleurs le culte du taureau, célébré dans son poème Lou Biòu. Un curieux parcours pour ce jeune aristocrate, descendant d'une vieille famille florentine installée en Provence depuis le XVème siècle, qui nouera des relations avec les Peaux-Rouges de Buffalo Bill.

Bellaud de la Bellaudière

Personnage pittoresque, Louis Bellaud, dit Bellaud de la Bellaudière, né à Grasse vers 1543, donne au provençal un nouvel élan poétique. Étudiant, il fréquente plus les places fortes entre Marseille et Avignon que les livres et les universités. Homme d'armes, on le retrouve servant les troupes royales contre le Huguenots entre le Poitou et le Bordelais. Par moments détenu, il célèbre avec nostalgie les camarades, la joyeuse vie passée mais livre aussi une évocation indignée de l'enfermement dans deux recueils de vers : Le Premier livre de la prison et Le Don-don infernal. Un troisième volume, Lous Passatens, montre une grande variété de ton et d'inspiration. Sa poésie, inspirée de Marot, de Rabelais et de Pétrarque dont il imite le sonnet, est cependant très personnelle par son réalisme familier. Précurseur des félibres, il a cherché à remettre à l'honneur la langue provençale, mais sa tentative de restauration n'a pas abouti. Les œuvres de ce poète provençal ont été réunies sept ans après sa mort (1586) sous le titre Obros e rimos prouvenssalos.

Léon de Berluc-Perussis

Né à Apt en 1835 et mort à Aix en 1902, Léon de Berluc-Perussis, dit "lou felibre De Berlu", a laissé une œuvre immense, tant en français qu'en provençal, parue sous divers noms de plume dans des revues de l'époque. Nous lui devons notamment des œuvres telles que : Cant di Fourcauquieren à Nosto-Damo de Prouvènço, Dous nouvè latin inedi de Fourtunat Pin, Pèr un cros, Moun oustalet, Lou panegèri de Sant-Gargamèu, Fount Jano d'Arc à Fourcauquié... Sa correspondance avec Frédéric Mistral, dont il a été un compagnon de route, a été publiée. Berluc-Perussis fut l'un des inspirateurs des idées fédéralistes de Joseph d'Arbaud. Bibliophile, il a légué quelque 10.000 livres, lettres et écrits à la ville de Forcalquier.

Philippe Blanchet

Professeur de socio-linguistique et de didactique des langues, Philippe Blanchet est né en 1961. Il fait paraître son premier recueil de poèmes en provençal, La cansoun dóu mistrau, en 1983. Son œuvre sera couronnée en 1992 par le prix Mistral, à l'occasion de la parution de son livre Li cant di camin qu'ai treva dins l'autouno. Il est également l'auteur d'un roman, La Targo, de la traduction en provençal d'Alice au pays des merveilles (Liseto au païs estraoudinàri) et de nombreux ouvrages didactiques et d'études scientifiques sur le provençal. Il a obtenu le Grand prix littéraire de Provence en 2001.

Jean Brunet

Né à Avignon en 1823, il est un des sept poètes qui, en 1854, fondèrent le Félibrige. Il a surtout travaillé à un recueil de proverbes provençaux, dont il n'a fait paraître que quelques extraits : Bachinello a proverbi sus la luno, en 1876.

Antoine-Blaise Crousillat

Surnommé le "Doyen des Félibres", Antoine-Blaise Crousillat est né à Salon en 1814 et y est décédé en 1899. Après avoir commencé par collaborer au journal Bouil Abaïsso et à de nombreuses revues littéraires, ce poète provençal lié à Roumanille et à Mistral et pétri de lettres antiques fera éditer trois œuvres : La Bresco (1865), Lei Nadau, recueil de soixante Noëls (1880), et l'Eissame (1893).

Max-Philippe Delavouët

Né à Marseille en 1920, mais résidant à Grans, Max-Philippe Delavouët fut paysan de profession. Poète, dessinateur et éditeur, il est surtout une figure majeure de la littérature provençale du XXème siècle. Il est un poète à nul autre pareil. Sa marque est sans doute la grandeur, mais elle est aussi la volonté : celle de construire une œuvre solide, fortement, soigneusement charpentée. On lui doit cinq grands recueils qui portent simplement le titre de Pouèmo, et qui renferment de long poèmes, parfois un seul - c'est le cas de Pouèmo 3 (Balado d'aquéu que fasié Rouland) et de Pouèmo 5 (Cant de la tèsto pleno d'abiho) - qui se déploient lentement au rythme de la strophe qu'il a créée, fondée sur d'amples alexandrins. Son recueil Quatre cantico pèr l'Age d'or (1950) lui vaudra le prix Mistral. Lawrence Durrell réclame publiquement pour lui le Prix Nobel de littérature. Max-Philippe Delavouët est mort en 1990.

Francis Gag

Francis Gag (1900-1988) est assurément le plus grand auteur de théâtre en niçois. C'est le personnage de "Tanta Vitourina", une commère qu'il inventera en créant le Théâtre aux armées, qui le rendra célèbre. Après être monté sur les planches dans les années vingt, il écrit ses premières pièces (Lou sartre Matafiéu, Lou vin dei Padre) dix ans plus tard. Calèna, La Pignata d'or ou La Marche à la crèche suivront. Il animera également plusieurs émissions de télévision et proposera chaque semaine ses Pastrouils de Tante Victorine sur Radio Nice et Radio Monte-Carlo.

Simon-Jude Honnorat

Issu d'une ancienne famille d'Allos, Simon-Jude Honnorat est né le 3 avril 1783. Docteur en médecine, il s'installe à Digne. Fondateur des Annales des Basses-Alpes, il fournit de nombreux articles à cette publication scientifique. Naturaliste, Honnorat se passionne aussi pour la langue provençale. Il publie ainsi un Dictionnaire provençal-français, ou dictionnaire de la langue d'oc ancienne et moderne, en trois volumes réunissant 100.000 mots dans différents dialectes, leurs équivalents dans les autres langues latines... Il meurt à Digne en 1850.

Anselme Mathieu

Anselme Mathieu (1828-1895) était issu d'une famille de paysans aisés de Châteauneuf-du-Pape. C'est à l'institution Dupuy, où il était en pension, qu'il rencontra Roumanille et Mistral et se lia d'amitié avec eux. Aimable, plein de fantaisie, écrivant des vers et négligeant ses études, il se trouva à Aix à l'époque où Mistral y faisait son droit. Il prend le titre de Felibre di Pouton (Félibre des baisers), écrit en vers et en prose, traduit Catulle en provençal, se ruine en spéculations malheureuses et en fêtes splendides qu'il offre à ses amis les Félibres. Son recueil "La Farandoulo" (1862), préfacé par Frédéric Mistral, représente la meilleure partie de son œuvre poétique. Ses poésies et ses contes (Conte de la cabano), parus dans différents périodiques, ont été rassemblés et publiés en 1928.

Frédéric Mistral

Frédéric Mistral (1830-1914) est le symbole de la Renaissance provençale. Par son œuvre littéraire -couronnée par le prix Nobel de littérature en 1904- par ses discours, par son engagement et par l'élaboration de l'orthographe provençale moderne et la rédaction du Tresor dóu Felibrige, dictionnaire monumental provençal-français, le poète de Maillane a rendu à la langue provençale ses lettres de noblesse et à ses locuteurs la fierté de la parler et de pouvoir l'écrire.

Citons parmi ses principales œuvres : Mirèio (1859), Calendau (1867), Lis Isclo d'or (1875), Nerto (1884), La Rèino Jano (1890), Lou Pouèmo dóu Rose (1896) et Lis Óulivado (1910). Mistral a également publié une autobiographie en 1906, Memòri e Raconte.

Les grandes dates de la vie du "mèstre" - Les œuvres de Mistral (Bibliothèque nationale de France)

Joseph Roumanille

Fils de paysans, Joseph Roumanille, né en 1818, fait ses études au collège de Tarascon où s'éveille, semble-t-il, sa vocation d'écrivain provençal. Professeur au pensionnat Dupuy, il se lie d'amitié avec le jeune Frédéric Mistral que le hasard avait précisément conduit comme élève dans cet établissement. Il se tourne ensuite vers l'imprimerie et consacre à défendre ses idées royalistes une part de son talent d'écrivain provençal. Il fait partie des poètes qui, en 1854, fondent le Félibrige, dont il sera le second Capoulié, après Mistral, de 1884 à sa mort, en 1891. Après la fondation du Félibrige, il ouvre une librairie qui deviendra vite un des foyers de la renaissance provençale, se fait éditeur et ne cessera de jouer un rôle actif dans les milieux littéraires d'Avignon et de Provence. Il est réellement à l'origine du renouveau littéraire en Provence. Il est notamment l'auteur d'un recueil, Li conte prouvençau e li cascareleto.

 

Frédéric Mistral

La culturo prouvençalo

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