La question débattue à Châteaurenard : faut-il une loi pour les langues régionales ?

La question d'une loi pour les langues régionales fait débat. Au sein du gouvernement, tout d'abord, puisque le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, ne soutient plus l'engagement pris par son prédécesseur, Christine Albanel, de soumettre un tel texte au Parlement. Parmi les régionalistes provençaux aussi, puisque l'opportunité d'une loi ne fait pas l'unanimité, sachant que le rôle des régions en la matière apparaît primordial.

Lors du forum organisé par le Collectif Prouvènço à Châteaurenard, le débat a été ouvert avec les députés Christian Kert, Jean-Claude Bouchet et Michel Vauzelle, président de la Région notamment. 

Christian Kert, président du groupe des langues régionales à l'Assemblée nationale, a présenté le contenu de la proposition de loi qui sera déposée fin février par certains députés. Pour lui, la difficulté est qu'il n'existe pas de cadre législatif et qu'il faut donc tout inventer. Autre écueil, et non des moindres : convaincre les autres parlementaires qui ont "peur du réveil des nationalismes régionaux" et de l'opposition de certains citoyens.

S'agissant de la définition des langues régionales, Christian Kert souhaite confier cette tâche à un Haut Conseil aux langues régionales. Le texte propose également la création d'un établissement de droit public dans chaque région. Il sera chargé de l'apprentissage, de l'utilisation, des avancées et promotions de la langue régionale.

Enfin, pour l'enseignement des langues régionales, il faut définir la hiérarchie des responsabilités entre l ministère de l'Education nationale, les recteurs, les régions, les départements et les communes.

La discussion a d'ailleurs porté sur le caractère obligatoire ou non de l'enseignement des langues régionales, dans le cadre des horaires normaux du primaire. Il a été proposé que la loi ne donne pas un cadre identique pour chaque langue car les situations sont différentes. La majorité s'est prononcée pour qu'en Provence-Alpes-Côte d'Azur, la langue provençale dispose des mêmes dispositions que le corse sur l'île de beauté, à savoir un enseignement proposé à tous les élèves, sauf avis contraire des parents.

Dans le débat, le Vauclusien Paul Jean, ancien préfet, estime qu'une loi n'est pas nécessaire. "Qui désignera les membres du Haut Conseil aux langues régionales ?" s'interroge-t-il, en redoutant la mainmise de certains mouvements. "Le Conseil régional de Bretagne a passé des conventions avec l'Etat et ça marche très bien. Ils n'ont pas eu besoin de loi."

 

Pour une loi qui donne la compétence aux Régions

Michel Vauzelle souligne pour sa part que "l'unité de la France à laquelle nous sommes tous attachés n'implique par pour autant que toutes les diversités culturelles, qui ont contribué et qui contribuent encore à construire notre maison commune, doivent être marginalisées, voire ignorées". M. Vauzelle souligne que les Régions ont compétence pour leur culture régionale tout en s'inquiétant des répercussions de la réforme des collectivités locales en projet.

Dans un message, Bernard Reynès, député-maire de Châteaurenard, se prononce en faveur d'une loi, en indiquant que "le provençal nous unit ici et non l'occitan" et en appelant au respect des pluralités des langues d'oc.

Au terme de cette discussion, la majorité des participants -dont les représentants de l'Unioun Prouvençalo- a souhaité une loi donnant compétence aux régions pour les langues régionales et la désignation de leurs noms. Une motion va être rédigée dans ce sens, et adressée au ministre de la Culture et au Premier ministre.

 

 

 

 Retour au sommaire Atualita

Retour au sommaire du site